Aux abois

Aux abois
Titre original:Aux abois
Réalisateur:Philippe Collin
Sortie:Cinéma
Durée:97 minutes
Date:21 septembre 2005
Note:
A Paris, à la fin des années 50. Paul Duméry, ancien assureur frisant la quarantaine, ne paie pas de mine. Il vivote au jour le jour, tant mal que bien dans une situation financière désespérée. En dernière extrémité, il accepte de rencontrer Sarrebry, un prêteur-usurier que lui a présenté son copain Daubelle. La veille du rendez-vous, l'imagination de Paul se met à galoper. Il se lance un défi : aller au bureau de Sarrebry un marteau en poche. Il n'a jamais volé quoi que ce soit, alors, commettre un crime, pas de danger ! Le lendemain pourtant, il assomme mortellement l'antipathique escroc et lui dérobe une grosse somme d'argent... Paul est désormais un assassin en cavale...
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

La ressemblance avec "L'Etranger" de Camus est évidente longtemps avant qu'un personnage secondaire ne la mentionne. Le Meursault, qui est ici issu d'un roman de Tristan Bernard, est un personnage réprimé, qui longe les murs, et qui semble avoir du mal à profiter de sa richesse criminellement acquise. Un meurtrier qui ne paie pas de mine, cet homme sans existence propre tente de garder une trace de sa vie de fugitive à travers des lettres adressées à lui-même. Toutefois, les différents coups qu'il tire, les hôtels prestigieux et les séjours à la campagne ne lui donnent aucune satisfaction. La seule certitude dont il se réjouit est celle de savoir que sa fin sur l'échafaud est proche, quitte à la précipiter lorsqu'il apprend qu'il risque d'être gracié.
La nonchalance et l'indifférence qui caractérisent ce genre de personnage flegmatique n'est pas facile à traduire à l'écran. Ainsi, l'adaptation du roman de Camus par Luchino Visconti n'est pas vraiment réussie, et le style neutre et distancié de Philippe Collin ne fait rien non plus pour rendre le parcours du protagoniste plus intéressant. La reconstitution de l'époque est certes assez dépaysante et l'interprétation sobre d'Elie Semoun correspond parfaitement au rôle presque neutre. Mais il manque la petite étincelle de folie - qu'elle soit meurtrière ou formelle, peu importe - qui donnerait un aspect exceptionnel à ce film bien trop sage.

Vu le 3 octobre 2005, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 7

Note de Tootpadu: