Saint Jacques... La Mecque

Saint Jacques... La Mecque
Titre original:Saint Jacques... La Mecque
Réalisateur:Coline Serreau
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:12 octobre 2005
Note:
Au décès de leur mère, deux frères et une soeur apprennent qu'ils ne toucheront leur héritage que s'ils font ensemble, à pied, la marche du Puy-en-Velay à Saint-Jacques-de-Compostelle. Mais ils se détestent autant qu'ils détestent la marche. Ils se mettent pourtant en route, mus par l'appât du gain. Ils rejoignent leur guide au Puy et découvrent qu'ils marcheront avec un groupe de six autres personnes, dont un jeune beur qui fait croire à son cousin un peu naïf qu'il l'emmène à La Mecque, alors qu'il poursuit une jeune pèlerine, l'amour de sa vie...
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

Pour quiconque a déjà entrepris le célèbre pélérinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, cette comédie réfléchie de Coline Serreau doit forcément rappeler des souvenirs indélibiles. La réalisatrice y réussit en effet une reconstitution assez crédible de l'atmosphère si particulière qui règne parmi ces randonneurs en route vers le nord de l'Espagne pour des raisons très diverses. Les longues heures de marche à travers un paysage aussi époustouflant que physiquement éprouvant, les nuits dans des gîtes plus ou moins confortables chez des gens plus ou moins hospitaliers, et comme suprême récompense pour toutes ces peines, l'arrivée à Saint-Jacques. Au sein de la petite communauté de route, constituée d'une dizaine de personnes, la cinéaste saisit admirablement les enjeux sociaux et conviviaux du défi personnel et collectif que représente cette marche pendant trois mois. Visiblement inspirée d'une idéologie civique et altruiste, elle donne à son histoire un côté très touchant qui rallie des besoins aussi vitaux que la famille, l'éducation, la tolérance et l'amour.
Néanmoins, les bonnes intentions laïques de ce film étrangement inspirant passent à côté de la dimension probablement la plus essentielle du phénomène du pélérinage : la spiritualité. Nous avons beau apprécier la cohésion sociale qui se met en place pendant les différentes étapes du périple, d'ailleurs assez léger en éléments dramatiques et trop imbibé d'un optimisme béat, le groupe du "Chemin faisant" ressemble plus à des touristes qu'à des pélérins en quête d'une purification de l'esprit. Les motivations des participants reflètent ainsi parfaitement l'esprit terre à terre de l'entreprise, puisque l'objectif le plus valorisant est la perte de l'illettrisme, devant des intérêts bien plus égoïstes. Et ce ne sont pas les séquences oniriques récurrentes, à l'imagerie psychologique assez lourde, qui éleveront le niveau spirituel du film.
La vision un peu simpliste et volontairement imperméable à la religion du pélérinage le plus célèbre d'Europe par Coline Serreau n'empêche pas son film d'être un divertissement aussi engagé qu'euphorisant.

Vu le 14 novembre 2005, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 15

Note de Tootpadu: