Ballad of Jack and Rose (The)

Ballad of Jack and Rose (The)
Titre original:Ballad of Jack and Rose (The)
Réalisateur:Rebecca Miller
Sortie:Cinéma
Durée:112 minutes
Date:15 février 2006
Note:
En 1986, Jack vit avec sa fille Rose sur une île au large de la côte est américaine. Ils sont les derniers résidents d'une commune alternative des années 1970. Mais leur idylle est en sursis, puisque Jack est gravement malade. Pour préparer Rose à la vie après son décès, il invite sa copine Kathleen et ses deux fils adolescents à les rejoindre. Une intrusion dans son univers préservé que Rose aura du mal à accepter.

Critique de Tootpadu

Ce drame sur l'éveil à l'âge adulte d'une jeune femme passe par tellement de revirements, plus ou moins plausibles, que l'on ne sait plus très bien à la fin, à quel genre de film on a affaire. Ce qui ne veut pas dire que la réalisatrice ne fait pas preuve d'une très grande sensibilité dans l'observation des différents stades dans le processus de maturation de Rose. Cette douce passion qui anime autant les moments calmes que les disputes ou les actes désespérés devient même le point commun d'un film qui ne manque pas de surprises, bonnes et mauvaises. Le souci avec le scénario est en effet qu'il cherche à la fois de raviver la nostalgie des vestiges d'une culture contestataire des années 1970, et de démontrer à quel point ses idéaux sont dépassés rien que par l'élan économique de la décennie suivante. Il est évident que le paradis sur terre de Jack et Rose ne pourra pas subsister, mais les différents coups de démolition, sentimentaux, existentiels, économiques, déroutent leur idylle vers une direction peu satisfaisante. Pourquoi avoir mis un épilogue pesant (d'ailleurs le troisième de suite pour nous, grâce au hasard de la programmation), qui laisse la vie de Rose en suspens entre une existence ordinaire et l'ombre de l'idéologie de son père ? Peut-être pour montrer que la vie est plus compliquée que ne le laissent croire les films aux réponses toutes faites ...
Du côté de l'interprétation, nous sommes encore surpris de voir que la supposition la plus évidente n'est pas forcément la plus juste. Daniel Day-Lewis est un immense acteur, qui plonge corps et âme dans chacun de ses personnages. Mais dans son interprétation de Jack, on commence à sentir cet engagement extrême, ce style d'acteur qui joue tout. Ainsi, les deux rôles titres sont tout à fait convenables, mais celle qui nous touche et qui nous trouble réellement est Catherine Keener dans le rôle de Kathleen. Tandis que le père et la fille planent encore dans leur monde rêvé, la copine tente avec un courage exemplaire et touchant de rafistoler les lambeaux de sa vie. Elle a beau être une femme trop docile, et trop souvent déçue, c'est elle qui fait battre le coeur du film.

Vu le 26 janvier 2006, au Planet Hollywood Champs-Elysées, en VO

Note de Tootpadu: