Raison du plus faible (La)

Raison du plus faible (La)
Titre original:Raison du plus faible (La)
Réalisateur:Lucas Belvaux
Sortie:Cinéma
Durée:116 minutes
Date:19 juillet 2006
Note:
A Liège en Belgique, il n'y a pas de travail pour Robert et Jean-Pierre, deux anciens ouvriers dont l'entreprise métallurgique a été délocalisée, ni pour le jeune Patrick, qui est au chômage en dépit de ses diplômes. Les trois hommes sans emploi se retrouvent alors jour après jour autour d'une bière pour jouer aux cartes. Lorsque le manque d'argent et la misère deviennent trop oppressants, Robert aborde Marc, un ancien détenu, pour lui soumettre le plan d'un braquage.

Critique de Tootpadu

Après le tour de force de son triptyque il y a trois ans, le cinéaste belge Lucas Belvaux nous revient avec un film qui tente un mélange supplémentaire de genres, au résultat un peu plus mitigé qu'Un couple épatant Cavale Après la vie. Présenté en compétition au festival de Cannes cette année, son film cherche en effet à dresser un constat réaliste et dur de la condition sociale en notre époque d'économie libérale, avant de basculer dans les eaux troubles du film de gangster.
Pendant la première partie du film, Belvaux ne rate pas une occasion pour indiquer, de façon ferme mais sans prétention, les ravages du chômage et la position d'infériorité, voire de victime, dans laquelle se trouvent invariablement les personnes en bas de l'échelle sociale. Le premier plan de la grille qui se referme sur l'usine démantelée annonce sans équivoque l'état d'esprit propre à l'exclusion qui règne sur l'existence de Robert, Jean-Pierre et Patrick. En digne chroniqueur de la classe ouvrière, Belvaux ne s'attriste pas sur leur sort, mais il ne cherche pas non plus à esquiver les moments douloureux par lesquels passent ses personnages très lucides. Par petites touches et des liens peut-être un peu trop voyants, il établit un cadre qui attend son but narratif avec un stoïcisme désabusé.
Une fois que les personnages ont été reliés entre eux, tout ce que le cinéaste trouve à leur proposer est un récit de braquage solide, mais sans verve. La douleur vive que nous a inspirée l'exposition s'efface par la suite au profit d'une histoire policière à l'enjeu et à la conclusion certains. La résignation des personnages principaux, si saisissante au début, se transforme pour l'occasion en une frénésie aveugle qui romp sensiblement avec leur attitude modérée, plus compréhensible, d'avant.
En dépit de cette petite déception finale, La Raison du plus faible capte admirablement le désarroi de la classe ouvrière désoeuvrée, surtout à travers une prise en compte intéressante de l'architecture urbaine et industrielle et d'interprétations d'une grande solidité.

Vu le 20 juillet 2006, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 22

Note de Tootpadu: