Adieu Cuba

Adieu Cuba
Titre original:Adieu Cuba
Réalisateur:Andy Garcia
Sortie:Cinéma
Durée:143 minutes
Date:09 août 2006
Note:
A l'aube de la révolution cubaine, vers la fin des années 1950, la famille des Fellove est en train de se dissoudre. Alors que la vieille garde, le professeur Don Federico et son frère Don Donoso, un producteur de cigares, prône un départ réfléchi de la dictature de Batista, les trois fils de Federico s'imaginent un avenir plus radical pour l'île de Cuba. Fico, le propriétaire d'un club de nuit, tente de rester à l'écart du conflit, mais l'implication moins modérée de ses frères Luis et Ricardo l'obligera de choisir son camp, lorsque Fidel Castro prend le pouvoir.

Critique de Tootpadu

Cette épopée familiale et historique sur les derniers jours de Cuba, avant la prise de pouvoir par Fidel Castro, porte de façon ostentatoire la marque de l'engagement personnel. Probablement l'acteur cubain exilé le plus connu, Andy Garcia n'a jamais caché sa désapprobation de la direction que son pays natal a pris depuis la fuite de Batista, le jour de l'an 1959. Peu importe qu'il n'avait que cinq ans, lorsque sa famille quittait l'île des Caraïbes, il a préservé un lien étroit avec ses origines et avec le reflet d'une culture que la communauté des exilés tente de maintenir depuis des décennies. Ce projet d'envergure se présente donc comme l'occasion rêvée et chérie pendant plus de quinze ans de donner sa version des faits qui ont bouleversé son pays natal, sensiblement idéalisé.
Le point de vue qu'Andy Garcia adopte dans son premier film en tant que réalisateur s'apparente par conséquent à celui de milliers de Cubains qui ont fui leur pays après la révolution. Son héros, interpreté évidemment par lui-même, ne poursuit pas de but précis dans le chaos insurrectionnel autre que le maintien de sa famille et de son métier. De cette position d'observateur pratiquement impuissant, le film espère tirer une certaine objectivité, le genre de légitimité qui découle de la description équilibrée des atrocités des deux camps. Mais à force de subir les pertes humaines et matérielles, le personnage central perd en épaisseur, jusqu'à devenir l'ombre d'une nostalgie commerciale aux intentions très floues. Car si Fico Fellove dit clairement ce qu'il ne souhaite pas pour son pays et pour lui-même, ses propos quant à ses propres désirs restent vagues, au point d'inspirer la frustration. Depuis sa tour d'ivoire, cet homme et avec lui tout le film, demeurent dans la reconstitution historique jolie et un brin révisionniste. Les grands enjeux politiques, tout comme le sort du peuple, sont ainsi délibérément laissés à l'écart, comme pour mieux entonner solennellement le chant d'adieu d'un pays qui, quarante-cinq ans plus tard, n'existe plus.
Cette couleur idéaliste un peu trop prononcée et la volonté d'aborder tous les aspects de l'odyssée cubaine mises à part, la mise en scène d'Andy Garcia n'est cependant pas sans mérite. Un style visuel porté de façon passagère sur des symboles insistants et un rythme plutôt plaisant, qui s'appuie notamment sur le montage assez conventionnel (la mise en parallèle d'une répétition de danse et de l'assaut du palais présidentiel), aident à faire passer la durée conséquente du film. Et puis, de petits morceaux de bravoure embellissent le film sans prévenir, comme les interprétations de Bill Murray et de Tomas Milian, ou de rares moments où apparait un peu de grâce cinématographique derrière l'apparence presque touristique de Cuba.

Vu le 15 août 2006, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 3, en VO

Note de Tootpadu: