Bad Times

Bad Times
Titre original:Bad Times
Réalisateur:David Ayer
Sortie:Cinéma
Durée:115 minutes
Date:10 janvier 2007
Note:
Vétéran de la guerre d'Afghanistan, Jim Davis peine à retrouver ses marques dans la vie civile. Son rêve est de faire venir sa copine mexicaine Marta aux Etats-Unis, grâce au travail qui lui a été promis par la police de Los Angeles. Mais il est refusé en raison de troubles psychologiques lourds. Il passe alors son temps à traîner dans le quartier de South Central avec son meilleur ami Mike, qui est lui aussi au chômage.

Critique de Tootpadu

L'enfer stylistique par lequel commence ce drame nihiliste, avec un montage saccadé et des basses qui ronronnent à fond, se transforme à notre grand soulagement en un récit prenant sur le cercle infernal de la vie à South Central. Comme dans deux de ses scénarios précédents (Training Day et Dark Blue), David Ayer y dépeint avec une précision remarquable une existence marquée par la violence, la drogue et le besoin vital pour les personnages de se prouver leur propre virilité. La zone urbaine que Jim et Mike parcourent à longueur de journée est un monde sans pitié et sans beauté, dans lequel ces deux individus en plein dérapage trouvent parfaitement leur place.
En même temps, le dernier but restant d'une vie qui passe toujours à deux doigts de la criminalité est de retrouver un point d'accès à une existence normale, personnifié par le travail. Les journées passées à naviguer dans les rues et la dernière bringue au Mexique sont les ultimes sursauts juvéniles d'un style de vie qui ne pourra pas continuer éternellement. Ce mur contre lequel les deux protagonistes risquent de s'écraser, ils ne tentent pas sérieusement de l'éviter. Ainsi, Jim préfère la carrière ingrate auprès de l'agence fédérale à un mariage modeste avec sa copine étrangère, et Mike succombe sans trop de lutte aux démons de son passé au lieu de répondre aux attentes de son épouse et de chercher un travail. Le ton de déclin irrémédiable qui guide tout le film en fait une histoire très sombre, mais aussi très juste dans sa description de l'incapacité de certains de saisir la dernière chance avant le tournant fatal.
On sent une vraie progression formelle de la part de David Ayer avec son sixième scénario et sa première réalisation. Il aborde différemment la pose de ses héros qui carburent à l'affichage de leur virilité et il réussit à conclure sa descente aux enfers avec un peu moins de grandiloquence que dans Training Day, par exemple. A quelques écarts stylistiques près, comme les flashs mentaux de Jim ou le ralenti lors de la fusillade finale, le réalisateur maîtrise même admirablement son récit d'une violence et d'une déchéance parfois difficiles à supporter. Et s'il fallait choisir entre le tandem Washington/Hawke ou Bale/Rodriguez, notre préférence porterait sur le dernier, tellement il plonge sans retenue dans les méandres d'une existence et d'une amitié qui ne tiennent plus qu'à un fil.

Vu le 18 octobre 2006, au Club 13, en VO

Note de Tootpadu: