Jurassic Park

Jurassic Park
Titre original:Jurassic Park
Réalisateur:Steven Spielberg
Sortie:Cinéma
Durée:127 minutes
Date:20 octobre 1993
Note:
Ne pas réveiller le chat qui dort... C'est ce que le milliardaire John Hammond aurait dû se rappeler avant de se lancer dans le "clonage" de dinosaures. C'est à partir d'une goutte de sang absorbée par un moustique fossilisé que John Hammond et son équipe ont réussi à faire renaître une dizaine d'espèces de dinosaures. Il s'apprête maintenant avec la complicité du docteur Alan Grant, paléontologue de renom, et de son amie Ellie, à ouvrir le plus grand parc à thême du monde. Mais c'était sans compter la cupidité et la malveillance de l'informaticien Dennis Nedry, et éventuellement des dinosaures, seuls maîtres sur l'île...
(Source Yahoo Cinéma)

Critique de Tootpadu

Il aura fallu une vingtaine d'années à Steven Spielberg pour réussir enfin un divertissement complet qui procure une jouissance presque parfaite. Ce qui correspond tout de même à une très longue phase de gestation pour un réalisateur qui a su, dès ses débuts, mobiliser respectivement l'enthousiasme du public et des moyens conséquents de la part des studios hollywoodiens. Les tentatives ne manquaient certes pas auparavant. Car si ce réalisateur, adulé au delà de toute mesure, ne s'essaie pas à des oeuvres lourdes d'ambition et de sérieux, il s'efforce par tous les moyens de créer un spectacle parfait. Sauf que le résultat varie fortement en termes de valeur divertissante, du franchement raté (1941 et Hook), en passant par des films très solides que nous jugeons largement surévalués (Les Dents de la mer, Rencontres du 3ème type et E.T.), jusqu'à la grande foire de l'action qui reste par contre trop à la surface (Les Aventuriers de l'Arche perdue).
Grâce à ce film, qui a été suivi par deux autres épisodes inégaux, Steven Spielberg a pu se souvenir des origines du divertissement populaire au cinéma, des séries B et autres films à suite exotiques et bon marché. Car l'ingéniosité des effets spéciaux, qui ont déclenché l'ère numérique que nous subissons encore de plein fouet, ne cache en rien la structure et le contenu extrêmement basiques du film. Le génie dans l'écriture du scénario - d'ailleurs bien présent et particulièrement bien travaillé, en dépit des apparences - est justement de respecter les règles du genre à la lettre. Si le plaisir que nous ressentons en (re)voyant ce petit coup de génie est toujours aussi intact, c'est parce que tous les éléments contiennent en quelque sorte la somme de ce que les a précédé, jusqu'à la sursaturation qui devient sublimation.
Le spectacle est en effet si énorme et le dispositif narratif si merveilleusement assumé dans toute sa bêtise que l'expérience ne peut être qu'un gigantesque feu d'artifice de clichés et de conventions. Et Spielberg suit volontairement cette surcharge dans l'excès, en multipliant les plans des visages inquiets et les situations précaires. Car le divertissement n'a comme meilleur allié que la peur viscérale, celle qui nous fait sursauter dans notre siège justement parce que nous savons que rien ne peut nous arriver et que, de toute façon, l'action qui se déroule sur l'écran est de la fiction pure et dure. Dans le maniement si adroit et la compréhension si aiguë de ces comportements des spectateurs réside le véritable génie de Spielberg en vue de ce film.
Malheureusement, nous attendons à ce jour que le cinéaste réitère cet exploit avec la même maestria. Parmi les bientôt neuf films qui ont suivi, il n'y a en fait pas un qui aurait su jongler avec une telle aisance et une telle application avec les conventions élémentaires du cinéma, afin de nous présenter la référence et le point d'orgue dans le genre du film d'aventure dont la seule ambition est le divertissement.

Revu le 7 juin 2005, en DVD, en VO
Revu le 16 juin 2008, en DVD, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

En 1993, alors agé de 20 ans, c’est dans une salle de la banlieue de Los Angeles que je découvris pour la première fois l’un des blockbusters de cette année-là. Loin d’être totalement conquis, il était indéniable de reconnaître qu’ à l’époque ce film marquait le début d’une nouvelle ère dans l’industrie cinématographique. Certes le succès tient énormément en partie à son réalisateur mais surtout à l’équipe des effets spéciaux du studio Industrial Light &Magic (ILM) pour les images de synthèse d’un réalisme inouï mais aussi au talent en terme animatronique du studio Stan Winston. Le mélange de ces deux facettes en termes d’effets spéciaux a fait de Jurassic park un énorme succès public. La campagne marketing de ce film coûtera plus que le budget alloué à sa production (65 millions vs 63 millions de dollars) mais le résultat au box-office mondial fut colossal soit 914 millions de dollars ce qui inscrit le film à la vingt et unième place du box-office de tous les temps. Le film remporta aussi trois Oscars en 1993 avec celui du meilleur son, meilleur mixage de son et surtout meilleur effets visuels. Cependant, des critiques reprochèrent au film une certaine dérive par rapport au livre et à sa caractérisation. Le film fut même classé comme étant le trente cinquième film le plus excitant de tous les temps par l’American Film Institute le 13 juin 20011. Ce film marqua non seulement les mémoires d’un public béat face à des effets spéciaux révolutionnaires mais permit à des réalisateurs mondialement connus de se lancer dans des défis jusqu’alors encore inimaginables. C’est ainsi que Georges Lucas s’engouffra dans la réalisation des trois premiers épisodes en terme de chronologie et que Peter Jackson a pu commencer à imaginer son œuvre relative à l’adaptation du Seigneur des anneaux. De cette révolution cinématographique, Stan Winston a pu réunir IBM et James Cameron pour former Digital Domain. Le film fut aussi une mine d’or en termes de droits dérivés comme le fut Star Wars. Plus de mille produits furent crées en incluant des jeux vidéo, des lignes de jouets (Kenner, Hasbro) et surtout le 15 juin 1996 le film devint une attraction phare du parc d’attractions Universal Studios Hollywood. L’attraction coûta deux fois le budget du film et reste encore à l’heure actuelle l’une des attractions incontournables de ce parc . Le fait de faire d’un parc d’attraction révolutionnaire sur une île la thématique du film fut un excellent placement marketing pour des produits dérivés et cela fut l’un des reproches prononcés à l’époque…

Vingt ans après et quatorze films plus tard (dont la suite en 1997 Le monde perdu), Steven Spielberg a passé son film en revue plan par plan pour déterminer la meilleure façon d’accentuer son impact grâce à la 3D. Il a ainsi travaillé en étroite collaboration avec le studio Stéréo D qui était déjà responsable de la conversion en 3D l’année dernière du film de James Cameron TITANIC. Le travail accompli est extraordinaire tellement il témoigne d’un travail titanesque. En effet, pas moins de 700 artistes et techniciens ont été nécessaires pour travailler chaque image en isolant chaque détail et en y ajoutant de la profondeur de champs et en redimensionnant le tout en 3D. Comme pour son film E.T. l'extra-terrestre qu’il revisita également pour son vingtième anniversaire, Steven Spielberg procède ici une nouvelle fois à quelques ajustements. Ainsi, il décida d’ajouter de la pluie au premier plan lors de la première apparition du T Rex ou des éclats d’écorce giclant dans les yeux des spectateurs quand l’Explorer dévale le long d’un arbre. Il aura ainsi fallu neuf mois pour convertir ce film en 3D.

Jurassic Park comme E.T. l'extra-terrestre même vingt ans après reste novateur et intangible malgré le poids des années. Comme tout chef d’œuvre et ils sont très nombreux, le film reste une pure réussite exemplaire. Un pari hautement réussi de donner vie à des dinosaures. Appuyé par un casting au service d’un des meilleurs réalisateurs de notre siècle, le film est la juxtaposition d’un film d’aventure et fantastique et d’un film qui aurait été parfait pour illustrer une véritable attraction. Le spectateur visite ainsi le parc Jurassic mais aussi vivra à côté d’animaux préhistoriques cette aventure extraordinaire. La suite Le monde perdu en étant moins novateur perdra en approche révolutionnaire ce qu’il gagnera en fluidité du récit. Sa fin lorgnera peut être trop vers le film King Kong mais restera une œuvre totalement maitrisée.

Cette version en 3D renforce donc le fait que ce film est un pur chef d’œuvre qui avec de l’âge prend toute son importance non seulement comme étant une étape importante dans l’avancée du cinéma du futur mais surtout fait de son réalisateur un des plus révolutionnaires de son temps. Sans ce film, des films comme Avatar n’auraient pu voir le jour. Sans ce film, le monde des effets spéciaux n’aurait pu faire un pas de géant vers un cinéma encore plus spectaculaire. Non seulement, ce film mérite d’être découvert dans cette version pour les plus jeunes spectateurs mais également redécouvert pour tous les autres. Un tel film ne se découvre pas en DVD ni en bluray mais dans une salle de cinéma telle la grande salle du Grand Rex voir les salles Imax de nos cinéma Gaumont et UGC. Rien que pour la scène du T Rex et de son approche faisant trembler les verres d’eau se trouvant dans un des véhicules..

Vu le 24 avril 2013 salle Universal, en VO

Note de Mulder: