Paranoid Park

Paranoid Park
Titre original:Paranoid Park
Réalisateur:Gus Van Sant
Sortie:Cinéma
Durée:84 minutes
Date:24 octobre 2007
Note:
A 16 ans, Alex vit assez mal le divorce imminent de ses parents. Il préfère aller faire du skate avec son pote Jared, au lieu de traîner avec sa copine Jennifer, empressée de perdre sa virginité. Un soir, il se rend seul à Paranoid Park, le lieu de rencontre des skateurs le plus malfamé de Portland. Alors qu'il grimpe sur un train de marchandises, il est interpellé par un agent de sécurité. Ce dernier est retrouvé mort le lendemain matin, gisant coupé en deux sur les voies. Alex décide de ne parler à personne de cette nuit fatidique.

Critique de Tootpadu

Gus Van Sant poursuit son parcours cinématographique passionnant, loin des chemins balisés du cinéma commercial, auquel il paraît avoir définitivement tourné le dos depuis A la rencontre de Forrester, dans son nouveau film, récompensé avec le prix du 60ème anniversaire au dernier festival de Cannes. Comme dans ses films précédents, il porte un regard éthéré sur l'adolescence. Une adolescence perturbée davantage par la violence que par la découverte sexuelle. En fait, ce nouvel opus rapproche Van Sant encore un peu plus de Larry Clark, sauf que Wassup Rockers et les autres films de l'ancien photographe privilégient une vulgarité guère sublimée là où Van Sant paraît chercher toujours une sorte de noblesse tragique dans les errements de ses héros.
Alors qu'Elephant était une longue et langoureuse attente de l'irruption de la violence dans un environnement préservé, ce film-ci traite plutôt du dilemme moral après les faits. La structure narrative morcelée et peu linéaire fonctionne dans ce contexte comme un monologue intérieur, une démarche expiatoire qui vise non pas la soumission aux conséquences pénales de ces actes, mais la capacité mentale de se débarrasser de leur poids moral. A la limite, la séquence du meurtre ne sert qu'à enlever le doute sur la responsabilité d'Alex, pour éviter de préoccuper le spectateur inutilement avec de basses spéculations d'ordre criminel.
Car dans Paranoid Park, la forme filmique revêt au moins autant d'importance que l'existence assez flottante du protagoniste. Outre la narration peu orthodoxe déjà évoquée, Gus Van Sant expérimente également à travers un choix musical extrêmement éclectique. Le ton du film s'en ressent forcément, mais plus dans le sens que l'inclusion de morceaux de musiciens aussi disparates que Nino Rota, Elliott Smith et Ethan Rose dénote, que cet éclectisme sonore n'apporte une dimension de transe supplémentaire au film.

Vu le 12 octobre 2007, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: