Serpico

Serpico
Titre original:Serpico
Réalisateur:Sidney Lumet
Sortie:Cinéma
Durée:130 minutes
Date:22 mai 1974
Note:
Frank Serpico est devenu policier par idéalisme. Après l'école de police, il espère gravir rapidement les échelons pour devenir inspecteur. De simple flic de la circulation, il passe à l'identification d'empreintes digitales, avant de rejoindre le corps des officiers dans le Bronx. Intègre et incorruptible, Serpico fait tache dans son commissariat, où tous les gardiens de l'ordre comptent sur des pots de vin pour arrondir leurs fins de mois. Face à l'inertie de ses supérieurs, Serpico décide de mener tout seul la guerre contre la corruption de la police de New York.

Critique de Tootpadu

Le personnage de Frank Serpico est l'exemple parfait de l'homme droit et intègre, qui va jusqu'au bout de son combat pour l'honnêteté, peu importe le prix à payer. Cette réputation légendaire d'une des images phares de la contestation des années 1970 s'appuie cependant sur un film plutôt inégal, qui n'est jamais tout à fait à la hauteur de ses idéaux valeureux.
La responsabilité de cette facture mitigée revient principalement à Sidney Lumet, visiblement mal à l'aise avec la structure rapiécée du scénario. De rares morceaux de bravoure, comme la confrontation entre Serpico et sa deuxième copine, ont tendance à se perdre dans un flux narratif, qui peine à couvrir de façon satisfaisante les deux ans ou plus de l'action. Trop souvent, des bribes d'intrigue, sans tête ni queue, prennent la relève approximative d'une narration décousue. Bien qu'on n'ait rien à reprocher, en principe, à cette démarche qui procède par petites touches, entre les mains de Lumet, elle ne produit rien de consistant. A l'image de la bande originale parcimonieuse de Mikis Theodorakis, qui survient avec des morceaux en décalage avec le ton du film aux moments les moins opportuns.
Serpico garde néanmoins tout son intérêt en tant qu'instantané de la ville de New York, au début des années 1970. Plus encore que son contemporain, French Connection, il sillonne les rues sales et il s'engouffre dans les immeubles délabrés de la métropole avec un sens involontaire du documentaire très appréciable. Si ce n'était pour cette plongée dans une jungle urbaine criminellement assainie de nos jours et l'interprétation sincère d'Al Pacino, d'un personnage à l'entêtement obsessionnel peu séduisant, ce film ne mériterait guère sa place d'oeuvre culte populaire qu'il détient jusqu'à ce jour.

Revu le 9 janvier 2008, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: