Rumeur (La)

Rumeur (La)
Titre original:Rumeur (La)
Réalisateur:William Wyler
Sortie:Cinéma
Durée:104 minutes
Date:25 avril 1962
Note:
Le petit collège pour filles que Martha Dobie et Karen Wright dirigent depuis quelques années à la campagne commence tout juste à rentrer dans ses frais. Karen pense alors que le moment est venu pour épouser son fiancé, le docteur Joe Cardin. Martha est contrariée par cette alliance et craint de devoir porter l'école désormais sur ses seules épaules. Dans ce climat de tension, la révélation de Mary Tilford, une élève gâtée et calculatrice, fait l'effet d'une bombe. Mary accuse ses professeurs d'entretenir une relation indécente, auprès de sa grand-mère, qui fait dès lors tout son possible pour éloigner les enfants de l'influence néfaste des deux enseignantes.

Critique de Tootpadu

Difficile à dire s'il vaut mieux saluer ce film maladroitement engagé pour son rôle de précurseur à une époque, où les homosexuels subissaient un degré de persécution qui doit paraître aberrant de nos jours, ou s'il faut, au contraire, le condamner pour être justement l'agent docile de cette répression des moeurs insupportable. Alors que son rôle dans la représentation de l'homosexualité au cinéma, aussi négative soit-elle, est indéniable, nous pencherions plutôt pour la deuxième option critique. Le scénario tourne en effet avec une telle gêne autour du pot, que le moindre mérite d'évoquer ce sujet épineux dans un film grand public des années 1960 est aisément enseveli sous une culpabilité de plomb.
Pendant très longtemps, le scénario prétend qu'il s'agit juste d'une rumeur mesquine, inventée pour accabler ses deux femmes respectables d'immondices morales qu'elles rejettent elles-mêmes. A partir d'une telle prise de position abjecte, pour quiconque dispose d'un minimum d'ouverture d'esprit et de tolérance, la conclusion tragique peut paraître logique. Celle-ci n'atténue pas pour autant la diabolisation de l'homosexualité, pratiquée sans retenue par le film ! L'accomplissement social de La Rumeur paraît vouloir s'arrêter à la simple évocation, dans des termes très vagues et nullement valorisantes, de l'homosexualité. Rétrospectivement parlant, c'est sans doute une étape nécessaire à la prise de conscience générale, mais en termes d'une défense de l'égalité des préférences sexuelles, on est encore très, très loin du compte.
Le ton lourdement réactionnaire du film mis à part, sa facture technique et ses interprétations sont plutôt solides. On ressentirait presque de la compassion pour la pauvre Shirley MacLaine, qui se morfond tellement dans la haine de soi. Et le comportement de sa compagne imaginée, la ravissante Audrey Hepburn, reste suffisamment ambigu pour y soupçonner une avancée très timide dans le domaine oh si condamnable de la libération sexuelle.

Revu le 5 avril 2008, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: