Dark Knight Le Chevalier noir (The)

Dark Knight Le Chevalier noir (The)
Titre original:Dark Knight Le Chevalier noir (The)
Réalisateur:Christopher Nolan
Sortie:Cinéma
Durée:152 minutes
Date:13 août 2008
Note:
Harvey Dent, le nouveau procureur général de Gotham City, est décidé de mettre fin au règne de la pègre. Alors que Batman brille par son absence, Dent s'attaque au blanchissement d'argent à grande échelle, opéré par Salvatore Maroni et les autres familles du crime. Mais la mafia a également d'autres soucis à se faire. En effet, le mystérieux Joker braque les banques corrompues et n'hésite pas à défier Batman de sortir de sa cachette.

Critique de Tootpadu

Au début, ce deuxième volet de la saga Batman par Christopher Nolan séduit justement par l'écart qu'il instaure entre lui-même et un film de super-héros quelconque. A la manière de Iron Man, The Dark Knight ne ressemble pas d'emblée à un film de genre lambda. Grâce à la scène de cambriolage musclé, qui ouvre le film, et qui est un hommage revendiqué à Heat, jusqu'à la présence de William Fichtner, dont le personnage croyait une fois de plus être au dessus d'une telle descente de mauvaise fortune, le ton sobre et déterminé est donné dès le début. L'absence de Batman, dépourvu de son manoir et devancé dans sa lutte contre le crime par le procureur ambitieux, renforce encore cet aspect d'une intrigue dense, mais pas forcément ciblée sur les seuls exploits du héros masqué.
En effet, les lacunes dans l'action et les doutes sur l'avenir de son alter ego idolâtré cantonnent le protagoniste dans une position défensive, de laquelle il n'arrive jamais à s'affranchir totalement. Comme dans tous les films précédents de la série, Batman court constamment le risque de se faire voler la vedette par ses comparses et ses adversaires, au point d'apparaître comme le super-héros le plus mou et faillible de la vague d'adaptation de bandes dessinées qu'on subit depuis quelques années déjà. De même, la multiplication de ses antagonistes, là encore une constante dans l'univers de Batman, prédestine le récit à une structure pour le moins complexe.
C'est justement dans la gestion de cette confusion d'histoires et d'affrontements que la narration de Christopher Nolan montre ses plus grandes lacunes. La nervosité prétendue du rythme, qui passe sans cesse d'un aspect du scénario désordonné à l'autre, ne permet point d'approfondir les sujets cruciaux du récit. Certes, le malheureux justicier ne cesse de nous marteler à quel point il aimerait raccrocher sa cape et mener une vie normale, mais les aléas du combat manichéen entre le Bien et le Mal dans Gotham City devraient l'en empêcher encore pour un certain temps. Ce climat de doute et d'ombres morales participe bien sûr à l'épaisseur du scénario, qui explore notamment le parcours de l'ange déchu Harvey Dent. Mais la mise en scène de Christopher Nolan n'en tire pas la moindre certitude ou interrogation existentielle.
Légèrement trop long, son film préfère se fourvoyer dans une répétition ennuyeuse de dispositifs narratifs basiques. Si le montage parallèle peut encore nous tenir en haleine la première fois qu'il est employé, son retour invariable dès que la tension monte et que Batman engage une course contre la montre finit par nous lasser. Ceci dit, The Dark Knight est clairement plus soigné visuellement et moins agaçant dans ses choix esthétiques que son prédécesseur. Seulement, il n'arrive guère à nous faire oublier les ficelles d'une histoire un peu forcée, comme le film précité de Jon Favreau savait le faire avec une élégance et une attitude décontractée, qui cherchent encore leur égal cet été.
Enfin, techniquement parlant, la facture est tout aussi satisfaisante, quoique guère époustouflante. Lors des quelques scènes d'action spectaculaires (la course poursuite dans le tunnel), les effets, les cascades et la bande son se montrent tous d'une qualité exemplaire. Et la bande originale co-signée par Hans Zimmer et James Newton Howard sait se retenir juste avant que ses thèmes majestueux ne basculent dans le pompeux.
Quant à l'interprétation, elle est tout à fait solide, sans éclats particuliers. Le chant de cygne du regretté Heath Ledger dans le rôle du Joker constitue certes un tour de force. Mais son interprétation marquante de ce psychopathe obsédé par le chaos, aussi différente de celle de Jack Nicholson soit-elle, se trouve à égalité avec celle dans le film de Tim Burton. Ce qui constitue tout de même un exploit considérable !

Vu le 10 juillet 2008, à l'UGC Normandie, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Rares sont les films tant attendus, qui dépassent de loin nos plus grandes espérances. Certes, Batman begins fut également un grand film et permettait de revisiter de façon plus adulte et surtout plus ancrée dans la réalité le personnage créé par Bob Kane en 1939. Pour transcender le mythe d’un des personnages les plus connus de DC Comics, il fallait le talent d’un auteur ayant la double casquette de réalisateur et de scénariste. Christopher Nolan, qui s’était fait connaître par les intéressants Memento et Insomnia et surtout l’excellent Le Prestige, était le réalisateur qu’il fallait pour concrétiser toutes nos attentes.

Dès la fin de Batman begins (superbe scène se passant sur le haut d’un immeuble de Gotham entre le commissaire Gordon et Batman), nous apprenions que l’adversaire de Batman serait le Joker. Les craintes commencèrent pour certains, car après l’interprétation excellente de Jack Nicholson dans Batman de Tim Burton (1989), il fallait un acteur pouvant nous faire oublier cette vision. Pour rendre le Joker encore plus proche de la vision du comics, il fallait en faire un tueur psychopathe, qui n’a aucun sens moral, qui est dénué de tout penchant pour l’argent et dont la seule vocation était la destruction massive et surtout rendre ce monde à son image : fou et apocalyptique. La barre était donc très haute pour Christopher Nolan pour sélectionner un acteur qui aurait ce coté obscur en lui et qui pourrait transcender ce personnage. La magie opère devant nous, devant l’inoubliable prestation de Heath Ledger, qui arrive à nous faire oublier qui il est, en devenant totalement le Joker ! Les applaudissements à l’apparition de son nom (le film lui est dédié) montrent bien que son rôle est digne d’un Oscar et qu’il fut un des meilleurs acteurs de sa génération !

The Dark knight (titre du comics culte de Frank Miller) est un film très noir et gothique, montrant un Gotham ravagé par la violence urbaine et sous la joute d’une mafia tentaculaire ayant même des infiltrations dans la police. Pour rendre ce monde plus calme, il y a l’approche de Harvey Dent (procureur incorruptible), celle du commissaire Gordon et enfin celle de Batman. Tout le film repose sur la lutte de ces trois personnages contre la mafia et le Joker. Pourtant, un drame va bouleverser la donne et faire de Harvey Dent, l’horrible Two Face (superbe interprétation de Aaron Eckhart). Il faut aussi une nouvelle fois rendre hommage à l’excellent casting que ce film regroupe : Morgan Freeman et Michael Caine sont d’excellents seconds rôles. Quant à Christian Bale, il est actuellement l’un des meilleurs acteurs et surtout l’un qui se donne intégralement dans ses films. Leur plaisir de jouer est parfaitement visible et nous plonge dans les rouages les plus profonds de ce film.

Ce film pourrait être comparé à une montagne russe pour adultes. Il n’y a aucun relâchement dans son rythme. Les rebondissements sont multiples, et les scènes d’action et de courses poursuites tout simplement révolutionnaires. A ce titre, le braquage d’une des banques de Gotham est un clin d’œil appuyé au Heat de Michael Mann. Mais cette scène dépasse de loin les meilleurs scènes de Michael Mann. De plus, les courses poursuites de ce film montrent que les effets spéciaux n’ont pas pour vocation de faire oublier certaines lacunes du scénario (il n’y en a ici aucune), mais de bien renforcer l’ampleur de certaines scènes. Rares sont les projections de presse où pratiquement toute la salle applaudit, suite à une course poursuite inoubliable et s’imposant comme une référence du genre !

En 1933, les spectateurs ont pu voir un film, qui allait révolutionner le monde cinématographique : King Kong. Dans les années 1970, Steven Spielberg changeait la donne en imposant un nouveau tempo dans les films avec Duel et Les Dents de la mer. Cette année, Christopher Nolan révolutionna le monde du cinéma, en filmant directement et pour la première fois des scènes en IMAX. (La version vue en version originale en projection de presse est impressionnante mais pas en IMAX). Ce film s’impose à mes yeux comme le film le plus abouti, la perfection absolue en termes d’adaptation de comics sur grand écran (il dépasse de loin Spiderman 3) et surtout en classique ! Il est le film qu’il faut absolument voir en salle, le film qui vous donnera envie de vous replonger dans les comics de DC. Le film qui vous fera passer du rire aux larmes (la fin est tragique et m’a réellement secoué et il me fut impossible de dire quoique ce soit après le générique de fin). Ce film nous donne envie de le revoir aussitôt !

La note que je mets à ce film est celle que j’aurais donnée à des classiques comme King Kong ou Psychose. Tous les geeks mordus de cinéma et de comics sont à jamais reconnaissants envers Christopher Nolan, qui leur a offert avec ce film la plus grande retranscription d’un personnage de comics sur grand ecran !

Vu le 10 juillet 2008, à l’UGC Normandie, Salle 1, en VO
Revu le 13 août 2008, au Gaumont Disney Village, Salle 11, en VF et en IMAX

C’est toujours avec le même plaisir que ce film se regarde. Avec The Dark Knight Le Chevalier noir, Christopher Nolan signe la meilleure adaptation d’un comics sur grand écran, en attendant Watchmen l’année prochaine, qui s’annonce très fort également et dont la bande-annonce est présentée juste avant ce chef-d’œuvre. Chaque fois, nous ressortons avec la même mélancolie de la salle, car nous aimerions rester plus longtemps auprès de ce fameux chevalier noir. La fin très âpre nous rappelle l’épisode de Star Wars L’Empire contre attaque et on se doute bien que l’épisode suivant de Batman va être un des films les plus attendus de l’histoire du cinéma. Les noms de Johnny Depp et de Philip Seymour Hoffman circulent déjà sur le net pour interpréter les personnages de l’homme mystère et du pingouin.
Il faut espérer que cette surenchère de super méchants ne viendra pas porter ombrage au personnage de Batman, qui a encore beaucoup à nous apprendre. L’année 2011 sera celle de ce Dark knight et on retiendra cette date avec impatience.
En attendant on pourra retrouver Christian Bale dès l’été prochain dans Terminator 4 !
Je profite enfin de ce complément à ma critique initiale, pour signaler l’existence d’un excellent ouvrage intitulé "The Dark knight featuring production art and full shooting script" de Craig Byrne, paru aux éditions Universe.

Revu le 31 août 2008, au Gaumont Disney Village, Salle 11, en VF et en IMAX
Revu le 14 septembre 2008, au Gaumont Disney Village, Salle 11, en VF et en IMAX

Note de Mulder: