Un fauteuil pour deux

Un fauteuil pour deux
Titre original:Un fauteuil pour deux
Réalisateur:John Landis
Sortie:Cinéma
Durée:116 minutes
Date:16 novembre 1983
Note:
Les deux frères Randolph et Mortimer Duke règnent sans partage sur la bourse des biens de consommation à Philadelphie. A travers Louis Winthorpe, le directeur général de leur banque, ils engrangent des commissions records au moindre changement de cours. Lorsque le petit voyou Billy Ray Valentine fait irruption dans leur club de gentlemen, Randolph fait un pari avec son frère. Convaincu que toute réussite sociale ne dépend que de l'environnement et de circonstances favorables, Randolph propose de démettre Winthorpe de ses fonctions, de tirer son nom dans la boue, et de le remplacer en échange par le défavorisé Valentine.

Critique de Tootpadu

Cette comédie gentiment édifiante forme avec Le Bûcher des vanités de Brian De Palma un cadre ingénieux et, admettons-le, chronologiquement un peu approximatif de l'ère de Ronald Reagan. Comme dans l'adaptation malencontreuse de Tom Wolfe, les deux personnages principaux se croisent sur leur chemin fulgurant vers le haut ou le bas de l'échelle sociale. Ce retournement soudain de fortune symbolise parfaitement l'état d'esprit mercantile des années 1980, qui paraissent déjà bien loin en ces temps de crise économique grave.
Cet enracinement sans excès dans son époque se ressent également dans le langage du film, qui désigne sans le moindre égard envers le politiquement correct certaines minorités sociales. Mais dans l'ensemble, ce conte autour du "Rira bien qui rira le dernier" ne dément jamais son optimisme, notamment à travers son démontage habile des préjugés. S'il ne faut retenir qu'une seule leçon de ce film divertissant, c'est que personne n'est ce qu'il paraît. Les vieillards débonnaires ne sont guère des pépés bienveillants; le jeune loup cache bien ses atouts derrière sa vanité; la prostituée ne vit pas pour la drogue et ce n'est pas par manque d'ambitions que Billy Ray Valentine se retrouve dans la rue.
Le fond sérieux de l'intrigue ne gâche cependant nullement le plaisir d'assister à une comédie, dont l'humour un brin licencieux annonce encore subtilement les perversions gratuites qui marqueront le genre dix à quinze ans plus tard. Un Winthorpe dépité en précurseur du père Noël défoncé de Bad Santa, une Jamie Lee Curtis légèrement dénudée, et un Eddie Murphy aux grimaces fraîches et juvéniles comptent ainsi autant parmi les points forts d'Un fauteuil pour deux que le passage en début ou en fin de carrière de quelques acteurs de renom.

Vu le 11 février 2009, à la Cinémathèque Française, Salle Henri Langlois, en VO

Note de Tootpadu: