Prisonnier d'Alcatraz (Le)

Prisonnier d'Alcatraz (Le)
Titre original:Prisonnier d'Alcatraz (Le)
Réalisateur:John Frankenheimer
Sortie:Cinéma
Durée:143 minutes
Date:26 octobre 1962
Note:
Condamné à douze ans de réclusion pour avoir assassiné un homme en 1909, Robert Stroud est transféré à la prison de Leavenworth en 1912. Il y poignarde un gardien, dont la dénonciation lui a coûté l'occasion de recevoir la visite de sa mère. La peine de mort alors prononcée est finalement commuée en peine de prison à vie, grâce à l'intervention de sa mère auprès du président Wilson. Maintenu en isolation, Stroud découvre un jour dans la cour de la prison un petit oiseau tombé avec son nid de l'arbre au cours d'un orage. Il prend soin de l'animal et devient au fil du temps un expert en ornithologie et élevage de canaris. Une activité qui déplait fortement au directeur de la prison Harvey Shoemaker, très à cheval sur le règlement interne.

Critique de Tootpadu

La dimension psychologique d'une vie passée derrière les barreaux est au centre de ce drame engagé du début des années 1960. Le caractère inhumain des longues peines de prison y est adroitement dénoncé, même si simultanément la dure réalité du quotidien pénitentier est sensiblement adoucie. La vie du personnage principal ressemble presque à une partie de plaisir, à quelques inconvénients comme l'isolation et la solitude près. La forme très soignée du film éclipse ainsi le moindre aspect abject de l'existence de Robert Stroud, un homme infiniment plus dangereux que le portrait touchant, édifiant et rondement aseptisé de Burt Lancaster ne le laisse croire.
Le Prisonnier d'Alcatraz fonctionne par conséquent mieux comme un message hollywoodien classique que comme le reflet réaliste d'une situation carcérale sans doute déjà pas très réjouissante à l'époque. Sous cette réserve, le film conte une histoire prenante, truffée de moments émotionnels forts. La mise en scène de John Frankenheimer tire ainsi le meilleur profit de la vie routinière du protagoniste, qui vit un affrontement crucial chaque fois qu'il sort de son cocon imposé. La structure dramatique du film participe en effet sagement à l'esprit de résignation qui pèse sur lui, jusqu'à associer les conventions du genre de la biographie filmique à celles du drame carcéral. A ce sujet, le récit cadre de l'auteur, qui attend Stroud sur le quai, relève d'une facilité narrative, qui atténue sensiblement l'enjeu de l'intrigue.
En dépit de la photo en noir et blanc même un peu trop somptueuse de Burnett Guffey et des interprétations très sincères de tous les comédiens impliqués, Le Prisonnier d'Alcatraz participe d'une façon manifeste à la même croisade pour le blanchiment hâtif de prisonniers douteux que Hurricane Carter de Norman Jewison presque quarante ans plus tard. Il rate ainsi tout juste le grand écart entre la qualité de son exécution formelle et l'effet pervers que ce soin exerce précisément sur le message ambigu qu'il véhicule consciemment.

Revu le 2 juillet 2009, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: