Black Dynamite

Black Dynamite
Titre original:Black Dynamite
Réalisateur:Scott Sanders
Sortie:Cinéma
Durée:84 minutes
Date:13 janvier 2010
Note:
Black Dynamite est le roi du quartier. Un tombeur de filles invétéré et un champion redoutable d'arts martiaux, cet ancien agent de la CIA est admiré par tous pour son air cool, qui le rend toujours maître de la situation. Lorsque son petit frère Jimmy est lâchement assassiné par le parrain de la mafia Rafelli, la police redoute que Black Dynamite va provoquer un bain de sang dans les rues de la ville. Avec une douille ramassée sur les lieux du crime comme seul indice, Black Dynamite fait jouer ses contacts auprès de la pègre locale, de ses anciens collègues agents secrets, et des Black Panthers, pour venger le meurtre de son frère.

Critique de Tootpadu

Avec les navets écoeurants de Aaron Seltzer et consorts comme seuls représentants récents de la parodie, nous n'avions plus aucun espoir que ce genre hilarant autrefois - à l'époque de Mel Brooks et du trio Zucker / Abrahams / Zucker - puisse un jour retrouver ses lettres de noblesse, ou au moins nous divertir sans insulter constamment notre intelligence toute relative. L'heure de la délivrance n'est peut-être pas encore arrivée. Mais cette comédie jubilatoire, qui avait clôturé le dernier festival de Deauville, est le signe prometteur d'un nouveau souffle parodique, qui sait se moquer efficacement et avec peu de moyens des genres phares du cinéma américain. A l'antipode de l'hommage prestigieux que Quentin Tarantino avait rendu au courant de la "blaxploitation" dans Jackie Brown, le deuxième film de Scott Sanders assume complètement son côté bon marché, viscéral et absurde.
Chercher une suite logique dans l'intrigue s'avère ainsi être une entreprise aussi vaine que de prendre son héros plus grand, cool et sexy que nature au sérieux. Le schéma dramatique de Black Dynamite s'apparente davantage aux feuilletons policiers de notre enfance dans les années 1980, pour lesquels les tenants et les aboutissants de l'affaire criminelle ne revêtaient point la même importance que l'apparence toujours impeccable et les méthodes jamais à court d'idées des héros. Le scénario passe ainsi du coq à l'âne en toute impunité, puisqu'il démontre à chaque instant par son ton exagéré qu'il n'est pas dupe de la bêtise de son contenu. Les quelques revirements ahurissants dans un contexte ordinaire contribuent alors encore plus à ce joyeux bordel filmique, qui tourne simultanément en dérision les oeuvres des années 1970 qu'il parodie et lui-même.
L'espièglerie corsée avec laquelle ce film s'écarte du politiquement correct l'éloigne encore un peu plus de l'humour presque bon enfant en comparaison de Tonnerre sous les tropiques de Ben Stiller, le seul film récent semblable. Au lieu de s'enfoncer dans les immondices de l'humour fécal qui domine ces temps-ci dans les comédies américaines, le ton du film renoue plutôt avec l'absurdité selon Mel Brooks, un érotisme presqu'animal en plus. Car l'étalon outrageusement sexué et idéalisé qu'est Black Dynamite, sous les traits séduisants et impassibles de Michael Jai White, colporte avec une confiance débordante tous les clichés, qui avaient cantonné trente-cinq ans plus tôt les films de la "blaxploitation" dans une niche économique, censée anesthésier le public afro-américain en lui fournissant par le biais du cinéma une image peu flatteuse de lui-même.
Très amusant dans sa relecture volontairement débile de ce mouvement, Black Dynamite fait cependant l'impasse sur un prolongement de la réflexion critique par rapport à la représentation de la communauté afro-américaine dans le paysage médiatique actuel. Il se contente par conséquent de n'être qu'une parodie légère et survoltée, dans laquelle tous les délires sont permis. Au point que la sorte de bêtisier pendant le générique de fin ne provoque point les mêmes salves de rire que les conneries hallucinantes dans lesquelles le digne successeur de Richard Roundtree alias Shaft ose s'embarquer.

Vu le 5 janvier 2010, au Club 13, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Michael Jai White est à l'initiative de cette comédie, exploitant les films de la blaxploitation. Cet acteur, qui a connu un haut (excellent second rôle dans The Dark Knight) et surtout beaucoup de bas (Spawn, Universal soldier Le Combat continue, Hors limite), n'a jusqu'à maintenant guère marqué nos mémoires de ses interprétations convaincantes. On pourrait presque dire qu’il est aussi bon aux arts martiaux qu'il n'est pas à sa place dans ce film-ci. Certes, l'idée de départ est sans aucun doute due au succès des deux films Grindhouse de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez. Mais il aurait fallu un acteur doué pour faire reposer ce film sur une structure solide. Nous ne demandons ni à Jean Claude Van Damme, ni à Chuck Norris ou à Steven Seagal de jouer la comédie. Alors pourquoi faire un film sur un acteur au jeu si limité ? Si le rôle principal de ce film avait été tenu par Eddie Murphy, ce qui lui aurait permis de faire un vrai comeback, voire par Chris Rock, la pilule aurait surement passé plus facilement.

Le souci avec ce film vient surtout de son humour, qui est l’humour des années 1970, qui n’a donc guère d’attrait pour les spectateurs bercés à l’humour décapent de classiques comme Un jour sans fin et Y a-t-il un pilote dans l’avion ?. Certes, des spectateurs pourront trouver leur bonheur dans ce film, à condition de rester au stade anal de l’humour genre « pipi caca ». Mais les autres, qui savent dissocier les bonnes comédies des mauvais produits aussi vite avalés que déglutis ne seront pas à l’honneur. De plus, ce film parodie aussi les films de kung-fu asiatiques, ceux de Bruce Lee en particulier, mais avec la même prestance qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Réussir une comédie sur un genre de film n'est pas facile à réaliser. De nombreux réalisateurs ont tenté l'expérience et le résultat fut souvent très mauvais (Super-héros movie, Dance movie). Pour réaliser une parodie, il faut une histoire solide et surtout retenir l’attention du spectateur pendant toute la durée. Des films comme la saga des « Naked Gun » (surtout le premier et le troisième) ou les Scary movie (1, 3, 4) peuvent être cités en exemple. Ce film décousu, qui a pour but de nous présenter un homme de loi incorruptible, aussi fort que stupide, n’a guère retenu mon attention. Une sortie directe en DVD aurait pu lui sauver la mise, mais payer dix euros une place de cinéma pour voir un tel film, aussi vite tourné qu’expédié, en salle n’est guère une bonne idée. Nous sommes donc très loin de Tonnerre sur les tropiques qui, lui, ridiculisait en un seul film tous les genres de cinéma (comédie, drame, thriller, guerre). Si vous voulez passer un excellent moment d’humour, précipitez-vous sur le DVD de ce film-là et oubliez ce navet-ci.

Vu le 5 janvier 2010, au Club 13, en VO

Note de Mulder: