Two gates of sleep

Two gates of sleep
Titre original:Two gates of sleep
Réalisateur:Alistair Banks Griffin
Sortie:Cinéma
Durée:78 minutes
Date:14 décembre 2011
Note:
Jack et Louis habitent avec leur mère sur une ferme isolée. Lorsque Jack retrouve sa mère sans vie près de la rivière, il prévient par courtoisie le médecin. Les deux frères refusent cependant que la dépouille quitte la maison familiale. Ils construisent eux-mêmes un cercueil, avec lequel ils s’embarquent dans un long périple en remontant le fleuve.

Critique de Tootpadu

Un changement de ton était de rigueur pour cette troisième journée du festival de Deauville. Même si la sélection officielle s’avère - comme lors de l’édition passée – remarquablement solide, le style de cette cuvée représentative du cinéma américain indépendant n’arrive pas à se défaire d’une certaine uniformité, qui borde parfois à la monotonie. D’une qualité globalement respectable, les films de ces derniers jours ont tendance à aborder leur sujet d’une façon malgré tout prévisible, comme si le métier du réalisateur émergeant était peuplé cette année-ci d’humanistes sensibles et formellement doués, qui auraient tendance à laisser de côté la dimension visuelle du Septième art. En gros, nous avons vu jusqu’à présent de nombreux films intéressants et touchants, mais il n’y en avait pas un, jusqu’à présent, que l’on qualifierait d’intrinsèquement beau. La délivrance de cette disette esthétique est arrivée sous la forme du premier film du jeune réalisateur anglais Alistair Banks Griffin, qui était déjà passé à Cannes dans la sélection de la Quinzaine des réalisateurs, contrairement à la plupart des autres films projetés au festival du cinéma américain, qui ont eu leur première à Sundance.
Le caractère particulier de ce film le rapproche d’emblée de l’œuvre du réalisateur Terrence Malick. Contemplatif, sensuel, et d’une beauté plastique à couper le souffle, Two gates of sleep ne cherche toutefois pas à singer bêtement l’univers immédiatement reconnaissable du réalisateur de La Ligne rouge. L’intrigue minimaliste, qui retrace d’abord simplement une partie de chasse des deux frères et le quotidien sans événement exceptionnel à la ferme, se mue progressivement en le récit prenant d’une corvée physique et mentale. Il ne devient jamais tout à fait clair où les deux frères veulent amener le cercueil de fortune de leur mère. Même une hypothèse aussi farfelue que celle de l’identité imaginaire du frère trouve un certain fondement dans la structure scénaristique volontairement approximative du film. L’intention du réalisateur se trouve par contre probablement ailleurs : dans la conception d’une œuvre d’art fascinante, qui ne se voit point obligée d’expliciter les motivations rudimentaires de ses personnages.
Pour un peu plus d’une heure, ce film envoûtant rompt donc avec le ton omniprésent cette année à Deauville. Cette parenthèse artistiquement ambitieuse avait péniblement échu lors du dernier festival de Gérardmer, avec l’atroce Amer. Cette fois-ci, les sélectionneurs ont vu plus juste, grâce à un film exigeant, certes, mais dont la forme travaillée avec brio n’est jamais un prétexte infondé pour nous montrer de jolies images.

Vu le 6 septembre 2010, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Certains films s'imposent plus comme une expérience visuelle que comme le fait de raconter une histoire. Two gates of sleep pourrait se simplifier à l'histoire de deux frères qui perdent leur mère et font un parcours à pied dans une rivière pour pouvoir l'enterrer sous un gros arbre pour répondre à sa dernière volonté. Le film repose pratiquement que sur ces deux personnages qui vivent en autarcie et en pleine nature. Ils vivent au dépens de celle-ci (la chasse montrée au début du film comme un rite).

Le réalisateur Alistair Banks Griffin, très influencé par le cinéma contemplatif (Luchino Visconti, Terrence Malick) nous livre de très beaux plans de la nature et en profite pour critiquer notre société actuelle, en montrant via une télévision déréglée que notre monde actuel court à sa perte (guerre, famine). Trouver refuge dans la nature et être en équilibre avec celle-ci est la seule solution pour que l'humanité puisse se guérir des maux qui la rongent.

Cependant, un film ne doit pas être une simple expérience visuelle, mais surtout reposer sur des bases solides et avoir une profondeur. Le scénario trop minimaliste ici et le manque de dialogues et d'explications (un des deux frères disparaît) empêchent ce film de retenir toute mon attention. Il se laisse regarder, certes, mais n'est pas le type d'œuvre qui nécessite plusieurs lectures.

Vu le 6 septembre 2010, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder:

Critique de earina

Jack (Brady CORBET), Louis (David CALL) et leur mère Bess (Karen YOUNG) vivent tous les trois au fin fond de la forêt, entre la Louisiane et le Mississippi. Non loin de chez eux, les restes d’une maison calcinée, où leur mère aime se rendre, en quête de souvenirs. Etait-ce leur ancienne maison ? Comment l’incendie s’est-il déclaré ? Est-ce suite à ce tragique évènement que leur mère a perdu la raison ? Quelles sont les tragédies qui émaillent le passé de cette famille qui semble dorénavant n’être que l’ombre d’elle-même et survivre, au jour le jour ?

Un soir, Bess se réveille et sort, en pleine nuit. Elle est découverte le lendemain matin, morte. Ses fils décident alors de lui confectionner un cercueil et partent l’enterrer dans un endroit connu d’eux seuls, là où, selon eux, elle souhaitait reposer pour l’éternité.

Mais cette folle expédition va mettre leur forces et leur mental à dure épreuve car c’est à mains nues qu’ils transportent le cercueil, à travers les courants, bravant les éléments et la folie qui les guette…

Ce film, réalisé en 2010 par Alistair Banks Griffin, a reçu un accueil mitigé mais a été de nombreuses fois nominé et récompensé (Grand prix du nouveau talent au réalisateur), ainsi que présenté au festival de Cannes. La photographie est belle, onirique et met la Nature à l’honneur. Mais cela s’arrêtera là… Le jeu des acteurs est impressionnant mais ne suffit pas à faire adhérer le spectateur qui n’obtiendra aucune réponse à ses questions et trouvera le temps bien long… Surtout lors du passage du dépeçage d’une biche qui n’apporte rien à l’œuvre présentée et est difficilement supportable. Un film qui a les capacités pour surprendre et être puissant mais qui ne s’adresse pas à n’importe quelle audience.

Vu le 11 juin, , au Georges V, dans le cadre du Champs Elysées Film Festival

Note de earina: