Voleur (Le)

Voleur (Le)
Titre original:Voleur (Le)
Réalisateur:Louis Malle
Sortie:Cinéma
Durée:120 minutes
Date:22 février 1967
Note:
Orphelin depuis l’enfance, Georges Randal est élevé par son oncle, qui est censé veiller sur son patrimoine. Quelle est cependant la surprise de Randal au retour du service militaire, quand il n’apprend pas seulement que son oncle l’a sournoisement spolié de son héritage, mais aussi que sa cousine Charlotte, dont il est amoureux, est fiancée avec le fils d’une riche famille. A la fois par nécessité et par dépit, il dérobe les bijoux de la future belle-mère de Charlotte et commence ainsi la vie dangereuse et vagabonde d’un voleur professionnel.

Critique de Tootpadu

Le métier de voleur est dépeint comme une profession ordinaire dans ce film fort élégant de Louis Malle. Le soin méticuleux avec lequel le moindre casse y est préparé et exécuté interdit de fait tout état d’âme et tout jugement moral sur cette activité parasitaire. Le voleur est un homme qui suit une obsession, en marge d’une société qui ne lui fait pas tant peur qu’elle l’amuse dans son hospitalité involontaire envers ses méfaits et dans son entêtement de se vanter des derniers gadgets de protection, que l’inventivité de la pègre devance toujours d’un pas. Cambrioler une maison ou voler un voyageur n’est jamais dans Le Voleur que l’anti-thèse d’une scène d’action palpitante, puisque c’est avant tout la discrétion qui permet à Georges Randal de faire fortune.
Pourtant, ce cleptomane qui s’ignore au début annonce assez tôt la couleur en se réclamant de faire un sale boulot salement. Pendant la fouille nocturne d’une maison qui sert de récit cadre, il procède méthodiquement et en faisant quelques dégâts, mais pas non plus en vandalisant le repère d’une classe sociale à laquelle il n’a accès que par subterfuge. Il s’agit au fond d’un personnage dont la passivité n’est démentie que par l’obsession du vol, cette drogue qui le fera renoncer à un bonheur romantique et contre laquelle il ne peut strictement rien. Georges Randal a ainsi beau amasser pendant des heures toutes sortes de babioles et autres objets d’art dont lui seul connaît la valeur, il ne peut résister – alors qu’il est déjà en train de sortir avec ses deux valises amplement remplies – à l’appel d’une dernière armoire fermée à clef de laquelle il ne tirera que la certitude qu’il est irrémédiablement accro à une existence de voleur obsessionnel. Loin des acrobaties et des pitreries auxquelles il s’adonnait parfois, Jean-Paul Belmondo prend et comprend amplement la mesure de ce personnage en apparence blasé, ce dandy et ce gentleman braqueur qui est incapable de réagir aux signes annonciateurs de la fin de l’ère des grands voleurs.
La mise en scène de Louis Malle n’invite point à un jugement hâtif et sommaire sur l’activité criminelle du protagoniste. Elle s’appuie plutôt sur la trame sophistiquée du scénario de Jean-Claude Carrière pour créer un décalage assez savoureux entre la forme soyeuse et le fond déjà moins recommandable de cette histoire faussement rocambolesque. Enfin, les noms devenus depuis plus ou moins célèbres pullulent au sein d’une distribution, où l’on retrouve dans des rôles en majorité anecdotiques des comédiens comme Bernadette Lafont, Marlène Jobert, Françoise Fabian, et Jean-Luc Bideau.

Vu le 18 octobre 2011, au Reflet Médicis, Salle 1

Note de Tootpadu: