Ecrit dans le ciel

Ecrit dans le ciel
Titre original:Ecrit dans le ciel
Réalisateur:William A. Wellman
Sortie:Cinéma
Durée:129 minutes
Date:01 octobre 1954
Note:
Un avion part de Hawaï pour relier San Francisco en une demi-journée. A bord se trouve une vingtaine de passagers, ainsi que Dan Roman, le co-pilote qui est un as de l'aviation civile depuis des dizaines d'années. Une expérience qui lui sera bien utile quand un des moteurs de l'appareil prend feu, au dessus du Pacifique et à des centaines de kilomètres de la côte.

Critique de Tootpadu

C'est avec ce film que tout a commencé : l'attachement durable du public pour le film catastrophe, qui laisse un groupe de personnages soigneusement sélectionnés se démener pendant deux heures contre toutes sortes de fatalités naturelles ou mécaniques. Certes, les grands désastres de l'humanité ont été portés à l'écran auparavant, comme nous avons pu le voir récemment dans L'Incendie de Chicago ou Titanic. Mais le cataclysme y prenait la place d'une conclusion spectaculaire à une histoire qui cherchait son intérêt ailleurs. Ici, la situation précaire s'annonce au bout de vingt minutes, et la majeure partie du film est allouée aux passagers conscients du danger qu'ils encourent. Cette formule sera reprise par la suite dans les séries B d'Andrew L. Stone, par exemple, avant de faire un grand retour sur l'avant de la scène cinématographique dans les années 1970. On assistera alors à une répétition à peine voilée du phénomène, puisque Airport n'est au fond qu'un remake gonflé de ce film-ci. Après une perte d'intérêt temporaire, provoquée par des suites et des origines de détresse de plus en plus débiles (cf. L'Inévitable catastrophe), le genre a trouvé une deuxième, ou plutôt troisième jeunesse à partir du milieu des années 1990 et des spectacles tonitruants, renforcés par le progrès technique en matière de son et d'effets visuels, comme Twister, Titanic ou Deep Impact. Depuis, bon an, mal an, nous avons droit à au moins un film catastrophe par saison de blockbluster, avec un cru 2006 (Poseidon, encore un remake) peu alléchant.
Mais assez de l'instruction historique, pour savoir ce que vaut ce film peu visible ces dernières années, en raison d'un embargo des ayants droit, les héritiers du producteur John Wayne. La ressemblance avec Airport est en effet bluffante. Comme le film de George Seaton, celui-ci se concentre sur les personnages en péril, leurs inquiétudes et leurs quelques lueurs d'espoir. Le fait de s'arrêter sur chaque couple, improvisé ou officiel, à bord de l'avion freine un peu le rythme, mais cet attachement aux personnages apporte une chaleur humaine dont ne subsistent de nos jours que les vestiges caricaturaux. Du coup, le suspense résulte davantage de la réaction des passagers, avertis très tôt et très ouvertement, que des effets, au demeurant presque inexistants. La façon très civilisée avec laquelle les personnages réagissent à la nouvelle fatidique, ainsi qu'un revirement majeur un peu abrupt et l'obligation de révéler son âge avant l'enregistrement, datent indéniablement le film, qui reste néanmoins un divertissement très convenable.
Le mystère reste entier, par contre, quant à la disparition d'une vingtaine de minutes de la copie qui nous a été présentée. La différence de durée considérable est d'autant plus inexplicable que nous ne nous sommes pas rendu compte d'un saut inopiné dans la narration ou d'éléments étranges. Il faut donc croire que le fantôme de Henri Langlois a une fois de plus frappé ...

Vu le 22 mai 2006, à la Cinémathèque Française, Salle Georges Franju, en VO

Note de Tootpadu: