Dark Knight rises (The)

Dark Knight rises (The)
Titre original:Dark Knight rises (The)
Réalisateur:Christopher Nolan
Sortie:Cinéma
Durée:165 minutes
Date:25 juillet 2012
Note:
Huit ans après la mort du procureur-adjoint Harvey Dent, la ville de Gotham paraît complètement pacifiée. Le millionnaire Bruce Wayne vit comme un reclus dans son manoir, sans envisager d’enfiler à nouveau un jour la cape de Batman, l’ancien héros et protecteur des plus faibles qui est désormais considéré comme l’ennemi public numéro un, puisqu’on l’accuse du meurtre de Dent. La donne change par contre en raison de l’arrivée de nouveaux trouble-fête, comme la voleuse habile Selina Kyle et Bane, un ancien prisonnier aux intentions obscures, qui mettra la ville toute entière à genoux.

Critique de Tootpadu

A Gotham City, rien de nouveau. Pour clore sa trilogie des aventures de Batman, le réalisateur Christopher Nolan renoue avec l’esprit du premier, c’est-à-dire avec un ton lourd et solennel, qui a constamment tendance à écraser le récit sous son poids considérable. Comme ce fut le cas dans Batman begins, le héros mal compris et mal aimé doit y traverser une très longue série d’épreuves, au bout de laquelle ne se trouve bien sûr pas la consécration mais un nouveau questionnement. Ce parcours du combattant ne se conjugue pas dans la vigueur et la prise de risques spectaculaire, mais dans un climat de morosité omniprésent qui reflète peut-être l’état d’esprit de notre fin d’ère marquée par des inquiétudes à tout bout de champ, mais qui a produit chez nous une sensation d’abattement assez conséquente, surtout à l’issue d’un film inutilement long et à l’aspect formel ennuyeusement monotone.
Le style de Christopher Nolan n’est pas entièrement dépourvu d’attrait, puisque sa narration a néanmoins réussi à nous obnubiler par cette histoire guère originale, à l’image d’un rêve pas tout à fait cauchemardesque duquel on se réveillerait sans regret, mais sans enthousiasme non plus. Et son attachement gentiment archaïque à la pellicule argentique relève de l’anecdote, puisqu’il influe à peine sur le côté visuel d’un film, de toute façon plongé une fois de plus dans des couleurs très sombres, assez prononcées pour traduire le ton maussade de l’ensemble, mais pas suffisamment dénaturées pour pousser l’esthétique du film vers le contraste du noir et blanc.
Quant au reste, il nous est difficile de comprendre pourquoi un film aussi moyen relève autant les passions, d’abord d’une façon déjà assez préoccupante avec ces menaces contre des confrères qui sont d’un avis encore moins favorable que le nôtre à son égard, et puis bien entendu par ce massacre de spectateurs aux Etats-Unis, une tragédie dont cette production hollywoodienne ne peut nullement être tenue responsable. Il n’y a en effet rien de vraiment mémorable dans ces près de trois heures de film, qui ressassent les figures de style déjà éprouvées à satiété dans les deux films précédents, comme le montage parallèle dont la tension monte en crescendo, mais sans cette fois-ci une petite touche de folie en plus qui justifierait le fanatisme plus ou moins excessif des spectateurs férus de ce genre de divertissement, en fin de compte très sage et consensuel.
Aucune interprétation à la hauteur du tour de force de Heath Ledger n’est donc à signaler ici. La distribution très éclectique et a priori prestigieuse s’en sort même plutôt médiocrement, soit à cause d’un emploi trop superficiel (Michael Caine, Morgan Freeman, Marion Cotillard), soit parce que leur apparition à l’écran est pour le moins furtive (Reggie Lee). Seul Joseph Gordon-Levitt apporte un peu d’intensité qui fait sinon cruellement défaut à une intrigue, qui avance stoïquement et avec un sérieux parfois difficile à supporter, mais qui ne contribue rien de substantiel à l’univers anémique de Batman, selon Christopher Nolan.
A l’époque, Tim Burton s’était éloigné, de gré ou de force, de Gotham City au bout de deux films. Le réalisateur de The Dark Knight rises aurait sans doute mieux fait de suivre l’exemple, tellement cette troisième épopée s’inscrit ennuyeusement dans la continuité de tout ce qu’il avait déjà pu dire sur les interrogations existentielles de Bruce Wayne et les interventions musclées mais rarement spectaculaires de Batman.

Vu le 18 juillet 2012, au Gaumont Marignan, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Sept années après une renaissance parfaite du mythe du Batman et huit ans après l'action se passant dans The Dark Knight, nous retrouvons les personnages créés et/ou inspirés de DC Comics. La fin de The Dark Knight, qui a marqué ma mémoire de cinéphile averti et critique de cinéma à mi-temps, reste la plus marquante vue en trente-huit années d'existence. Faire du héros de Gotham City un fugitif recherché pour des crimes non commis, blessé par une chute importante d'un immeuble en ruine, fait de lui une icône parfaite du héros créé en 1939 par Bob Kane et Bill Finger.

The Dark Knight a redéfini les adaptations cinématographiques des super-héros. De la même manière que le film Superman de Richard Donner, le réalisme est recherché, afin de prouver l'existence d'un tel surhomme. Un surhomme sans super pouvoir ici certes, hormis une volonté de se relever malgré les coups, la perte d'êtres chers (ses parents, Rachel).

Christopher Nolan a une totale maîtrise de son art, comme il l'a prouvé de film en film, de succès en succès. Il s'entoure de son frère (co-scénariste), de sa femme (productrice) et des acteurs avec lesquels il partage les mêmes affinités et un goût avancé de perfectionnisme (Christian Bale, Morgan Freeman, Michael Caine et Gary Oldman).

La tâche de conclure une trilogie aussi parfaite et surtout prolonger la réussite artistique de The Dark Knight n'est pas une mince affaire, tellement le public et la presse l'attendent au tournant. Nous nous garderons de vous révéler l'intrigue, ne serait ce que par respect pour le public qui attend avec la même impatience que celle qui fut la nôtre ce chef-d'œuvre.

Autant Batman begins s'apparentait à un film d'aventures (sorte de Indiana Jones urbain) et The Dark Knight à un thriller à l'ambiance post Heat de Michael Mann, autant celui-ci déjoue le jeu de la redite et s'apparente à un mélange de film d'action, de tragédie grecque et de film d'espionnage. A ce titre, le film s'ouvre tel un James Bond pour bifurquer ensuite vers un drame contemporain et au dépassement d'un combattant blessé et meurtri pour ramener l’ordre dans sa ville.

Christopher Nolan, sachant qu'il voulait absolument éviter le piège de la redite propre aux films de série, impose ici sa vision de la crise économique et politique et d'identité que traversent les États-Unis actuellement. Toute la peur du terrorisme actuel imprègne ce film aux multiples facettes.

Christian Bale campe une nouvelle fois avec un degré de perfection et de réalisme ce héros dont Gotham a besoin. Il est le pivot ce film. Il personnifie à lui seul cette ville torpillée de l'intérieur, ses failles, cette volonté d'aller de l'avant. Son interprétation est à l'égal du film, magistrale de bout en bout, en parfaite adéquation avec la vision d'un réalisateur sans concession. Christopher Nolan avait déjà en tête les aboutissants de ce troisième film dès le premier opus. Il est donc très recommandé de revoir les deux précédents films pour apprécier ce millésime 2012. Rajouter également une interprétation puissante de Tom Hardy, afin de donner vie à Bane (loin de la vision risible de celle vue dans Batman et Robin) et surtout la grâce indéniable de Anne Hathaway et vous obtenez un casting parfait. Certes, notre Marion Cotillard ne semble pas totalement à l’aise dans cette vision fantastique, mais elle tire son épingle du jeu par l’alchimie qu’elle crée entre son personnage et celui de Christian Bale. Enfin, Joseph Gordon-Levitt plutôt habitué aux films traditionnels et non aux blockbusters, continue dans sa lancée de Inception, à exceller dans sa prestation guidée par son nouveau mentor Christopher Nolan.

La réponse de la fusion Warner - DC Comics à Disney - Marvel sonne comme une victoire fracassante. Ce que The Dark Knight rises perd en fun, il le gagne en cérébral, en férocité et en perfectionnisme. Le grand film de l’année 2012 est bien The Dark Knight rises et sa vision en IMAX s’impose de soi, tellement le terme grand spectacle semble avoir été inventé pour ce film !

Vu le 18 juillet 2012, au Gaumont Marignan, Salle 1, en VO

Note de Mulder: