Imposter (The)

Imposter (The)
Titre original:Imposter (The)
Réalisateur:Bart Layton
Sortie:Cinéma
Durée:99 minutes
Date:02 octobre 2013
Note:

Le 13 juin 1994, Nicholas Barclay, un adolescent de treize ans, disparaît sans laisser de trace à San Antonio, dans l’état du Texas. Morte d’inquiétude, sa famille espère le retrouver un jour, alors que la police classe rapidement l’affaire comme un énième cas de disparition jamais élucidée. Trois ans et quatre mois plus tard, Nicholas donne un signe de vie depuis un centre de jeunes en Espagne, où il se serait réfugié après avoir été enlevé et torturé. Sa famille l’accueille les bras ouverts, alors que les autorités commencent à s’interroger sur la véritable identité de cet homme qui prétend être le fils prodigue.

Critique de Tootpadu

En tant qu’illusion suprême, l’imposture a depuis toujours été un thème de prédilection pour le cinéma. Il suffit de se rappeler ce que des réalisateurs comme Anthony Minghella, Steven Spielberg et Fred Schepisi ont fait avec les histoires les plus folles d’imposture, pour confirmer qu’il s’agit bel et bien d’un vivier d’idées inépuisable pour la fiction. Dans la réalité, pareille tromperie paraît toujours un peu suspecte, comme si le degré de crédulité pour tomber dans le piège était trop élevé pour rester crédible. D’où sans doute l’approche astucieuse de ce documentaire, qui a librement recours au dispositif de la reconstitution pour conter l’histoire aberrante de Nicholas Barclay. Dans d’autres circonstances, pareille mise en abîme nous a toujours paru trop facile, comme si l’Histoire devait absolument être rejouée pour rester accessible au public d’aujourd’hui. Mais dans ce cas précis, où la frontière entre la réalité et une drôle de fiction s’estompe à plusieurs reprises, elle constitue le fondement précieux d’une réflexion pas sans mérite sur ce que nous percevrons comme vrai.
Au début de The Imposter, tout est mis en œuvre pour nous donner l’impression trompeuse que nous voyons déjà la troisième affaire d’un jeune tué bestialement au cours de ce festival de Deauville, dont la sélection de documentaires affectionne particulièrement cette année les sujets intimistes. Le soulagement des retrouvailles miraculeuses ne dure cependant qu’un bref instant, puisque la narration ne tarde pas à nous présenter un point de vue de cette supercherie totalement différent : celui de l’imposteur en personne. En intégrant très tôt le récit de ce drôle d’oiseau dans le fil narratif, la mise en scène de Bart Layton relativise subtilement le préjudice de son crime. Puisque nous connaissons presque d’entrée de jeu ses motivations, ses doutes, voire ses peurs, notre élan d’identification avec cette pauvre famille traumatisée par la disparition de Nicholas est stoppé net. Les retournements rocambolesques de ce fait divers fascinant nous incitent même à douter de la sincérité des proches, qui avaient pourtant su évoquer d’une manière si touchante les étapes successives du deuil impossible d’un enfant disparu dans la nature.
A la fin de cette intrigue romanesque, quand les tenants et aboutissants devraient être clairs pour tout le monde, il demeure ainsi un doute des plus subtils. La famille se serait-elle prêtée au jeu pour mieux cacher un sombre secret ? L’imposteur n’est-il pas plus la victime d’une enfance malheureuse qu’un manipulateur sans scrupules et égoïste ? La réalisation est assez maligne pour laisser ces questions en suspension, afin que nous puissions mieux compatir avec le détective qui creuse un trou toujours plus profond dans le jardin de l’ancienne maison de Nicholas, sans y trouver quelque indice compromettant que ce soit.

Vu le 6 septembre 2012, au Casino, Deauville, en VO

Note de Tootpadu: