In this world

In this world
Titre original:In this world
Réalisateur:Michael Winterbottom
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:29 octobre 2003
Note:
Jamal, 16 ans, est un orphelin afghan qui habite dans le camp de réfugiés de Peshawar, au nord du Pakistan. Lorsque son oncle, un commerçant dans un village proche, décide d'envoyer son fils Enayat à Londres pour lui assurer un avenir meilleur, il paie également le passeur pour Jamal, parce qu'il parle l'Anglais. Commence alors leur périple par l'intérieur, en voiture, car, camion et à pied pour rejoindre la terre promise.

Critique de Tootpadu

A mi-chemin entre le documentaire et la fiction, ce drame peine à convaincre justement à cause de sa forme bâtarde. Centré sur le parcours des deux jeunes hommes - les voyages interminables en camion ou en car, les attentes dans des chambres de pension miteuses, les rencontres avec les passeurs à chaque étape - il se garde de présenter des messages faciles, et se contente plutôt d'observer des bribes de la vie quotidienne des réfugiés. Ce regard exclue de longs dialogues ou explications, au point de ne pas insister sur le pourquoi de la fuite du camps, mais de seulement montrer le comment. En effet, dans un monde où presque 15 millions d'enfants, de femmes et d'hommes sont considérés comme réfugiés, il ne paraît guère nécessaire de revenir sur la misère qu'ils fuient.
Si, donc, le projet noble semble justifié, sa mise en images est bien moins convaincante. Tourné en vidéo numérique et avec la caméra tenue à la main, le film suscite une impression esthétique à l'image de son incertitude de genre. Sans la pauvreté du cadre et des tons d'un certain cinéma provenant de la région où commence le film, l'image n'est pas non plus assez stylisée pour y déceler la patte d'un point de vue personnel. Alors que le procédé d'enregistrement est parfois poussé à ses limites (le passage des montagnes en pleine nuit, par exemple), il n'en découle pas pour autant une nouvelle dimension de cette texture plutôt récente. Par conséquent, on a davantage l'impression que ce sont les conditions de tournage, certainement exténuantes, qui ont imposé ce choix esthétique plutôt qu'une recherche plastique.
De même, la sélection de la bande originale n'est pas non plus des plus réussies. Accompagnant constamment l'action, son caractère élégiaque, voire languissant, ajoute à l'image une couche misérabiliste et fictionnalisante que celle-ci ne possède pas d'origine.
Comme tout choix d'un jury, l'attribution de l'Ours d'or au dernier festival de Berlin à ce film est discutable et cela d'autant plus qu'il ne réussit à nous toucher ni émotionnellement, ni esthétiquement.

Vu le 03 novembre 2003, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 9, en VO

Note de Tootpadu: