Je suis supporter du Standard

Je suis supporter du Standard
Titre original:Je suis supporter du Standard
Réalisateur:Riton Liebman
Sortie:Cinéma
Durée:92 minutes
Date:29 mai 2013
Note:
Milou n’a qu’une seule ambition dans la vie : permettre à son club de foot, le Standard de Liège, de renouer avec son époque glorieuse qui remonte tout de même à la fin des années 1960. Pour y arriver, ce quarantenaire, moniteur d’auto-école, se voue corps et âme au fanatisme de son club, quitte à emprunter chaque week-end la voiture de l’école pour partir avec son meilleur ami Looping soutenir son équipe et risquer ainsi de se faire licencier. Martine, une nouvelle élève qui sait conduire mais qui est trop stressée pour passer son permis, pourrait remettre Milou sur la voie d’une vie plus normale. Mais ce fanatique indécrottable ne tarde pas à faire une rechute. Il est alors temps pour lui de se prendre en main et de faire face à sa dépendance.

Critique de Tootpadu

Nous aimions ce film davantage, lorsqu’il s’appelait encore Terrain d’entente. A l’humour mi-vachard, mi-consensuel des frères Farrelly correspond ici une forme de ringardise belge plutôt attachante. Or, ce n’est qu’au moment où il quitte le terrain inoffensif de la comédie romantique, charmante mais assez insignifiante, que le premier film de Riton Liebman aspire à quelque chose de plus substantiel. Il devient dès lors un conte à la tonalité douce-amère sur la dépendance, ses petites victoires et ses grandes humiliations. Dommage que le prix à payer pour ce regain en pertinence soit une déroute mineure de la narration, qui ne paraît désormais plus savoir où donner de la tête.
L’introduction presque laborieuse de Je suis supporter du Standard prend en effet son temps, avant de céder la place à une vision plus nuancée et moins complaisante de l’asservissement de Milou à la cause footballistique. La prise de conscience de ce dernier que l’amour inconditionnel de son club équivaut à la dépendance physiquement plus dangereuse, mais socialement tout aussi handicapante, de l’alcool ou de la drogue, représente le coup d’envoi libérateur d’une comédie doucement édifiante. Elle fait alors sien un discours si universel, que nous pourrions même nous y reconnaître à travers notre passion dévorante pour le cinéma, elle aussi préjudiciable à l’établissement de liens humains potentiellement plus importants et enrichissants que le prochain film à voir d’urgence. Cependant, la mise en scène sait pour la plupart éviter les pièges moralisateurs, inhérents à pareille entreprise de mise en garde contre les dérives d’une idolâtrie exclusive.
Entre une histoire d’amour séduisante par sa simplicité et le volet social de plus en plus encombrant et alambiqué, le récit ne sait hélas plus trop sur quel pied danser au fur et à mesure de sa progression. Ce film a ainsi beau nous présenter une facette moins vulgaire et extravagante de l’humour belge que celle de Bouli Lanners et consorts, il a en même temps la fâcheuse tendance à s’emmêler les pinceaux, en raison d’une tonalité à cheval entre la comédie légère et la leçon de vie pleine d’une sagesse ambiguë.

Vu le 17 avril 2013, au Club Marbeuf

Note de Tootpadu: