Real

Real
Titre original:Real
Réalisateur:Kiyoshi Kurosawa
Sortie:Cinéma
Durée:127 minutes
Date:26 mars 2014
Note:

En raison d’une panne d’inspiration, la célèbre dessinatrice de mangas Atsumi a fait une tentative de suicide, qui l’a laissée dans le coma. Un an plus tard, son compagnon Koichi réussit à rentrer en contact avec elle, par le biais d’une procédure médicale sophistiquée, qui lui donne accès au subconscient d’Atsumi. Les médecins espèrent que la patiente se réveillera grâce à ce lien avec le monde réel. Au fil de ses plongées dans l’ésprit de son amie, Koichi y croise un nombre croissant de zombies philosophiques, des êtres creux qui peuplent ses pensées. Il devra également retrouver le dessin d’un plésiosaure datant de son enfance, qu’Atsumi lui a réclamé afin de regagner confiance en ses facultés artistiques.

Critique de Mulder

Real est un film de science-fiction du prolifique Kiyoshi Kurosawa (plusieurs courts métrage, des séries pour la télévision et 16 films). Dans la mouvance de films comme Dreamscape, Matrix, Inception traitant de la frontière entre le monde réel et celui du rêve, le réalisateur à son tour apporte sa modeste pierre à l’édifice. Le film projeté en version originale (japonais) lors du PIFFF 2013 certes intéressant fut non seulement difficile d’accès par une langue que je ne maîtrise pas mais surtout par un rythme trop lent et l’impression de voir deux fois le même film une fois que les deux personnages principaux inversent leur place (l’un étant dans un coma profond, l’autre essayant de communiquer avec celui-ci via ses rêves).

Le film est l’adaptation avant tout du roman A Perfect Day for a Plesiosaur de Rokuro Inui reposant sur une technique futuriste permettant à une personne vivante de rentrer en contact avec une autre dans un coma profond. Cet aspect permet au réalisateur de tenter de captiver son audience par une histoire guère originale et se traînant en longueur. Loin des films d’action ou d’horreur japonais qui ont pu traverser les frontières occidentales, ce film n’arrive jamais à trouver le bon rythme et malgré la présence d’un plésioraure en images de synthèse très abouti ne restera pas dans nos mémoires comme un film réussi.

L’approche médicale et aseptisée du film permettant de présenter plusieurs sessions de connexion entre ce couple d’artistes que la tentative de suicide de l’un a écarté du monde réel manque de conviction et semble vouloir nous montrer inlassablement les mêmes scènes. Certes le cinéma japonais et le cinéma européen ne sont pas construits sur le même modèle et cela explique la raison pour laquelle le cinéma japonais contrairement au cinéma hongkongais a du mal à s’exporter. Dans le cas présent, il aurait été préférable de réduire considérablement la durée du film afin d’en faire une œuvre vivante.

Le festival du PIFFF aurait au moins eu l’audace de nous présenter un réalisateur inconnu du grand public mais qui avec peu de moyens réussit à nous proposer une œuvre de science-fiction originale à défaut d’être intéressante et mémorable.

Vu le 22 novembre 2013 au Gaumont Opéra Capucines, Salle 02, en VO

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

La thématique du dérèglement de l’environnement sous toutes ses formes des débuts de la carrière de Kiyoshi Kurosawa et celle du poids écrasant du passé que l’on trouve notamment dans ses films plus récents s’associent plutôt adroitement dans ce conte étrange et passablement déroutant. Le dispositif du voyage mental, avec lequel Christopher Nolan avait remporté un succès important il y a quelques années mais qui prend son origine cinématographique bien avant, y est employé à des fins vaguement thérapeutiques. En effet, c’est à une mission de sauvetage que s’attelle le personnage principal de Real, puisqu’il devra mettre à profit la relation de confiance qu’il entretient avec sa copine, afin de l’arracher des limbes.

L’univers onirique dans lequel il devra plonger à plusieurs reprises ne se démarque guère par son caractère fantastique. Au contraire, à quelques effets de dénaturalisation de l’image près, le ton reste au début assez sobre, comme pour renforcer encore l’aspect clinique de l’entreprise. Ce n’est qu’au fur et à mesure que Koichi se familiarise avec ce monde parallèle, dont il ne fixe point les règles, qu’il perd ses repères. Des figures horrifiques tout droit sorties de l’imagination d’Atsumi font alors leur apparition, ce qui nous rappelle les détours irréguliers de la filmographie du réalisateur par le film de genre pur et dur, tout en accroissant encore le potentiel mystérieux de l’intrigue. Jusqu’au premier point de basculement majeur, qui se laisse deviner un peu trop en amont, le récit baigne ainsi dans un climat subtilement malsain, qui souligne à quel point le cinéma japonais en général, et Kiyoshi Kurosawa en particulier peuvent magistralement évoquer une atmosphère inquiétante.

Hélas, l’incertitude distillée par le scénario n’est pas faite pour durer. Alors que le retournement complet de la situation n’aurait a priori pas dû se montrer préjudiciable pour la suite de l’odyssée psychologique, les effets spéciaux de plus en plus envahissants finissent par anéantir la construction imaginaire si savamment élaborée jusque là. Du coup, l’omniprésence gênante du plésiosaure propulse le film du côté du spectacle risible et grandiloquent, ce qui constitue une note finale fortement décevante pour un film, qui aurait mérité une conclusion moins bancale.

 

Vu le 27 mars 2014, au MK2 Quai de Seine, Salle 3, en VO

Note de Tootpadu: