Lost in translation

Lost in translation
Titre original:Lost in translation
Réalisateur:Sofia Coppola
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:07 janvier 2004
Note:
Bob Harris, acteur sur le déclin, se rend à Tokyo pour touner un spot publicitaire. Il a conscience qu\'il se trompe - il devrait être chez lui avec sa famille, jouer au théâtre ou encore chercher un rôle dans un film -, mais il a besoin d\'argent. Du haut de son hôtel de luxe, il contemple la ville, mais ne voit rien. Il est ailleurs, détaché de tout, incapable de s\'intégrer à la réalité qui l\'entoure, incapable également de dormir à cause du décalage horaire. Dans ce même établissement, Charlotte, une jeune Américaine fraîchement diplômée, accompagne son mari, photographe de mode. Ce dernier semble s\'intéresser davantage à son travail qu\'à sa femme. Se sentant délaissée, Charlotte cherche un peu d\'attention. Elle va en trouver auprès de Bob...
(Source Allociné)

Critique de Mulder

Critique élaborée à partir de critiques lues sur Allo Ciné et revue par mes soins.

\"Lost in Translation\" est un film superbe, plein d\'humour et de tendresse... Sofia Coppola a su créer son style, c\'est un auteur à part entière, et une remarquable cinéaste. L\'adaptation de Virgin Suicides était déjà très réussie. Elle filme magnifiquement ses acteurs, Bill Murray et Scarlett Johansson sont fantastiques et on retrouve avec plaisir Giovanni Ribisi qui prêtait sa voix au narrateur sur Virgin Suicides

Lost in translation est une oeuvre poétique, lumineuse et aérienne. Car la belle possède avant tout un don prodigieux pour observer la nature humaine, et la retranscrire avec générosité, et une infinie subtilité. Une relation contée avec élégance sur fond de solitude et de dépaysement. On pourra regretter une chose, les clichés qui émergent parfois sur les Japonais et leur culture. Mais c\'est un point de détail, une petite tache sur un diamant sombre et fascinant. Sofia Coppola n\'a pas son pareil pour fixer en un plan ces épiphanies rares qui ne relèvent ni d\'un sens du récit ni d\'une particulière virtuosité. Simplement, la légèreté de la forme finit par manifester une profondeur de fond. Tout est ici dans le non-dit, ou plutôt la litote, et la force de cette mise en scène discrète, loin des vociférations du publicitaire qui se prend pour un créateur, c\'est de toujours jouer sur un léger décalage.

Ce mélange de ton si personnel doit évidemment beaucoup à son couple d\'acteurs principaux. Mais c\'est avant tout la réalisatrice qu\'il faut saluer, pour avoir imprimé sa marque originale a un film très libre et parfois désopilant, en même temps que secrètement nostalgique. Sofia Coppola s\'impose comme une des plus talentueuses cinéastes de sa génération. \" Lost in Translation \" est une merveille de sensibilité et d\'invention. Une fiction inspirée et bouleversante comme le cinéma américain ne nous en avait pas offert depuis longtemps. La force avec laquelle Sofia Coppola filme cette histoire fugace qui ne se dit pas, ne se réalise pas au-delà de quelques enlacements trop brefs est profondément touchante. Lost in translation capte un souffle unique : la brièveté sourde et secrète du voyage et de la rencontre.

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Chaque année, il y a au moins un film qui nous arrive des Etats-Unis avec l\'étiquette \"Elu Meilleur Film par les critiques\" crédibilisée par une flopée de prix dans cette saison en préparation des Oscars, mais qui, au fond, nous laisse plutôt indifférent. On aurait tant aimé que ce deuxième film de Sofia Coppola, après le magnifique \"Virgin suicides\", ne prenne pas la suite de \"Loin du paradis\", \"In the Bedroom\" ou encore \"Tigre et dragon\", mais hélas on sort presque triste de la salle après cette comédie mélancolique sans envergure.
La faiblesse principale que l\'on reproche à la réalisatrice/scénariste est de ne porter qu\'un regard de touriste sur l\'environnement japonais dont elle se sert comme source de blagues primaires. Certes, cette disposition correspond à l\'état des deux protagonistes, perdus dans un monde qu\'ils ne connaissent et ne comprennent pas. Toutefois, pas un seul moment du récit assez morcelé n\'est accordé à une éventuelle quête du savoir, une démarche qui démontrerait que l\'on passe une petite semaine en compagnie d\'autre chose que des Américains arrogants et, au fond, ignorants. Au lieu d\'être amusant, ce traitement à la limite de la xénophobie donne à l\'ensemble du film un ton condescendant et amer. Le Japon, bruyant, confus, ridicule, que nous montre cette cinéaste étrangère ne ressemble en rien à la culture qu\'il nous arrive d\'apprécier à travers les films indigènes.
Puisque le cadre ne prête guère à un sourire bienveillant, comment la partie \"américaine\" se porte-t-elle ? A peine mieux, on le craint. Il faut en effet apprécier l\'humour très sec et ironique, à la frontière du cynisme, de Bob Harris, interpreté assez subtilement par Bill Murray, pour y trouver un quelconque potentiel humoristique. Car le restant de la personnalité de la vedette sur le déclin et de la jeune diplomée qui cherche sa place dans le monde est, pour le moins, mélancolique, voire déprimante. De rencontres au bar pour noyer l\'insomnie, en moments de solitude partagée autour d\'un film italien sous-titré en japonais, la relation qui se crée fugacement entre ses deux êtres très différents est aussi délicate que fragile, aussi désespérée qu\'encourageante. La voie d\'interprétation qu\'ouvre Coppola à travers leurs mésaventures est certes lucide et, à la limite, se veut trop intelligente pour son propre bien et pour celui du film, mais le message que l\'on pourrait en tirer n\'a rien de réconfortant.

Vu le 12 janvier 2004, à l\'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 10, en VO

Note de Tootpadu: