Jardin du diable (Le)

Jardin du diable (Le)
Titre original:Jardin du diable (Le)
Réalisateur:Henry Hathaway
Sortie:Cinéma
Durée:100 minutes
Date:05 novembre 1954
Note:

Une avarie mécanique sur leur bateau oblige trois aventuriers américains de s’arrêter pour une durée indéterminée dans la petite ville mexicaine de Puerto Miguel. A peine installés dans le seul bar local, ils sont sollicités par Leah Fuller, qui a besoin d’aide pour secourir son mari, enseveli sous les décombres d’une mine d’or en plein territoire indien. C’est avant tout l’appât du gain qui incite Hooker, Fiske, Daly et le Mexicain Vicente à accepter l’offre. Alors que le temps presse pour retrouver Fuller vivant, chacun des participants à l’expédition suit son propre objectif, d’ordre monétaire ou sentimental.

Critique de Tootpadu

En termes de quantité et de longévité, la carrière de Henry Hathaway est plutôt imposante avec ses près de soixante films sur cinq décennies, dont l’immense majorité va être projetée pendant les semaines à venir à la Cinémathèque Française. Côté qualité, le constat est déjà plus mitigé parce que, même si ce réalisateur hollywoodien par excellence a collaboré avec les plus grands de son époque, peu de ses films ont réellement marqué l’Histoire du cinéma. Il en va de même pour ce western du milieu des années 1950, qui démontre plus les failles du style Hathaway – si tant est qu’une telle chose existe – qu’il nous réconcilie avec l’œuvre d’un réalisateur rarement très inspiré.

L’avènement du format Cinemascope serait éventuellement pour quelque chose dans l’aspect visuel du Jardin du diable, comme le laissait supposer le réalisateur Jean-Claude Brisseau qui était venu présenter le film. Mais même sous cette réserve nullement inébranlable, il est frustrant de constater à quel point le récit manque de rythme et d’un regard personnel. La narration ne commet aucune erreur flagrante et pourtant, il n’y a rien d’intéressant à tirer de cette histoire qui respire la médiocrité à chaque revirement anémique. Le choix des plans ne devient certes pas aussi quelconque que chez des tâcherons encore moins doués que Hathaway, mais d’un point de vue visuel, ce film nous rappelle amèrement pourquoi les bribes de l’œuvre du réalisateur que nous connaissions déjà avaient plutôt tendance à nous décevoir.

Le seul et unique élément du film qui sort tant soit peu de l’ordinaire est le personnage interprété par Richard Widmark. Tandis que Gary Cooper, vieillissant, se traîne sans joie d’une séquence à l’autre, son acolyte occupe assez souverainement la place de commentateur ironique de l’action. Fiske n’est pas à l’abri de quelques sursauts maladroits de remords. Mais dans l’ensemble, il met convenablement en abîme une intrigue qui devient de plus en plus creuse, au fur et à mesure que les enjeux dramatiques s’évaporent. Enfin, si la partition de Bernard Herrmann préserve une tonalité fortement hitchcockienne, il n’est point sûr que pareil rapprochement soit à l’avantage d’un western, qui ne fait qu’accumuler superficiellement les poncifs du genre.

 

Vu le 8 janvier 2014, à la Cinémathèque Française, Salle Henri Langlois, en VO

Note de Tootpadu: