Mea culpa

En 2008 le premier film Pour elle du réalisateur et co-scénariste Fred Cavayé imposait un jeune réalisateur dans un thriller parfaitement maîtrisé et interprété avec brio par Vincent Lindon et Diane Kruger. L’approche du réalisateur permet non seulement de donner de l’épaisseur aux personnages et à leurs rapports sans négliger pour autant un suspense efficace digne des grands réalisateurs américains. Ce n’est donc sans aucune surprise vu le succès public et critique rencontré qu’un remake américain (moins réussi) vit le jour sous la direction de Paul Haggis avec dans les rôles principaux  Russell Crowe et Elizabeth Banks. La collaboration fructueuse entre le réalisateur Fred Cavayé  et son scénariste Guillaume Lemans donna ainsi naissance en 2008 au film A bout portant avec Gilles Lellouche dans le rôle principal et cette année au film Mea Culpa.

Le film Mea Culpa permet au réalisateur Fred Cavayé de retrouver les acteurs Vincent Lindon et Gilles Lellouche avec lesquels il avait déjà collaboré. S’appuyant sur un scénario rappelant aussi bien Witness de Peter Weir (1985) que l’union sacrée d’Alexandre Arcady (1988), le film ne connaît aucune fausse note. Curieux hasard des choses, l’accident de Simon et Franck suite à la fête d’une fin de mission rappelle assez celui du personnage principal, Russell Baze (Christian Bale) du film de Scott Cooper Les Brasiers de la colère qui sortira le mercredi 15 janvier 2014 en salle. La thématique forte du troisième film de Fred Cavayé (on passera sur sa participation au film Les infidèles (2011) est donc celle de la rédemption et de l’amitié de deux flics dont l’un a été destitué.

Loin de ces films d’action purement commerciaux dont le scénario tient sur une seule page, les deux scénaristes Fred Cavayé et Guillaume Lemans donnent une certaine profondeur aux personnages principaux mais n’oublient à aucun moment d’inclure d’excellentes course poursuites, des scènes de combat parfaitement chorégraphiées et emballent le tout par un ton juste voire irrévérencieux. Chose rare dans un film français certaines scènes sont très spectaculaires (scène dans le hangar, scène dans le train.) et ne font à aucun moment pâle figure par rapport à des blockbusters récents. On pourra même reconnaître que ce film est la fusion parfaite entre un film d’auteur et un film populaire et commercial. En reposant sur l’interprétation tout en nuance d’un parfait anti-héros campé par Vincent Lindon, le film nous maintient en haleine du début à la fin. Une telle maîtrise du suspense est très rare dans les films français actuels. Le ton juste et le soin apporté à mettre en scène ce film imposent tout simplement un respect et mérite toute notre attention.

Loin des films d’action mettant en place des personnages caricaturaux aux traits à peine esquissés, le réalisateur dresse un portrait frappant de réalité et montre une police dépassée par une vague de crimes odieux et à une nouvelle forme de terrorisme brutal et sanglant. C’est en cela que le cinéma de Fred Cavayé est un cinéma intègre et respectueux envers l’intelligence de ses spectateurs.  On aimerait voir plus de films de cette qualité sur nos grands écrans. Ce qui est rare doit être mis en avant et défendu.

Certes on pourra reprocher une affiche guère inspirée et pur duplicata de celle du précédent long métrage du réalisateur A bout pourtant et une bande annonce ne reflétant pas assez la qualité de ce film efficace et incontournable de l’année. Mais cela serait passer à côté d’un film brillant et dont un remake américain ne serait tarder de rentrer en production comme ce fut le cas pour le film Pour Elle.

Faire un meilleur thriller cette année sera difficile. 

Vu le 09 janvier 2014 au Gaumont Champs-Elysées Marignan, Salle 05

Note de Mulder: