Gigi

Gigi
Titre original:Gigi
Réalisateur:Vincente Minnelli
Sortie:Cinéma
Durée:116 minutes
Date:13 février 1959
Note:

En 1900 à Paris, les gens se marient comme partout ailleurs. Mais dans les cercles élitaires de la haute société, il en existe un certain nombre qui ne le veulent pas ou qui ne le font pas. Parmi ceux qui résistent compte Gaston Lachaille, le célibataire le plus recherché de la capitale, l’héritier d’un empire de sucre qui est pourtant si blasé qu’il se demande déjà comment se finira sa relation mondaine avec sa dernière conquête, Liane d’Exelmans. Et parmi celles qui ne le font pas, il y a Gigi, une jeune fille un peu folle, élevée par sa grand-mère Mamita et éduquée par sa tante Alicia, toutes deux des courtisanes à l’expérience abondante en termes de défense de son honneur contre les manœuvres de séduction d’hommes trop volages comme Gaston.

Critique de Tootpadu

Somptueuse et sophistiquée, cette comédie musicale ne fait cependant pas partie des œuvres incontournables du genre, que l’on se complairait à voir et revoir des dizaines de fois, à cause du caractère enthousiasmant des chansons et des numéros de danse. Non, Gigi est plutôt statique dans son exécution, ce qui implique que les couleurs riches devront suffire pour ravir l’œil, faute de danses. Et il n’y a que deux mélodies vraiment entraînantes au sein d’une partition au moins aussi désuète que le conte moral de Colette dont le scénario est l’adaptation. C’est la frivolité du ton qui sauve le film, tout en laissant transparaître sa thématique intemporelle, sur l’état sauvage des sentiments, qui seront tôt ou tard apprivoisés par les conventions sociales.

Les histoires sur la transformation de jeunes filles simples et effrontées, qui deviennent des princesses grâce à l’intervention d’un Pygmalion, étaient visiblement à la mode à la fin des années 1950, puisque Drôle de frimousse de Stanley Donen et My Fair Lady de George Cukor encadrent dans le temps le film de Vincente Minnelli. Cette version-ci pousse par contre la perversion ironique un peu plus loin que ces contes de fées, notamment parce que Gigi a horreur de l’amour et que son prétendant est essentiellement une chiffe molle, dégoûté de sa vie de privilégié et de ses aventures successives, chaque fois scrutées par l’opinion publique. Que ces deux-là se trouvent est avant tout dû aux vestiges de leur attachement à une conception moins codifiée de la vie que ce que la tante, très à cheval sur les principes de l’étiquette parisienne, enseigne à sa nièce. C’est l’éternel combat entre la liberté et la soumission aux règles intransigeantes de la vie en communauté que le récit accompagne avec une certaine désinvolture.

Grâce à cette dernière, il n’y a aucune vérité inébranlable à tirer de cette intrigue légère comme des bulles de champagne. Tout y est en mouvement, à l’image de la répartition très égalitaire du temps consacré aux différents personnages. Cette notion d’ensemble présente néanmoins l’inconvénient que l’on ne s’attache pas plus au sort de la petite tête folle, qu’à celui de son ami qui devient presque malgré lui son amant ou bien aux boniments de Maurice Chevalier, un narrateur un peu trop proche de la caricature d’une vieille France pour être encore pertinent de nos jours.

 

Revu le 9 janvier 2014, à l’Action Ecoles, Salle 2, en VO

Note de Tootpadu: