Une autre vie

Une autre vie
Titre original:Une autre vie
Réalisateur:Emmanuel Mouret
Sortie:Cinéma
Durée:95 minutes
Date:22 janvier 2014
Note:

Le courant créatif ne passe plus chez Aurore, une jeune pianiste promise à un avenir brillant. Complètement épuisée, elle décide de prendre du recul. A la suite de la disparition de son père, elle s’installe dans la maison de son enfance, au sud de la France. Elle y fait la connaissance de Jean, un électricien venu poser des alarmes dans sa maison. La possibilité d’une autre vie s’offre alors à elle. Mais leur aventure romantique n’est que de courte durée, parce que Dolorès, la compagne de Jean, ne compte pas se laisser faire.

Critique de Tootpadu

Avec son septième film, le réalisateur Emmanuel Mouret opère un changement de registre assez radical. Connu jusqu’à présent pour des comédies au ton léger, il s’attaque ici au mélodrame pur et dur. Rien ne prête au rire dans Une autre vie, alors que le potentiel larmoyant du film n’est pas entièrement épuisé, grâce à une narration relativement sobre. Cette histoire d’une pianiste en manque d’inspiration, qui est entraînée presque malgré elle dans un triangle amoureux, contient en effet suffisamment de clichés romantiques pour pouvoir prétendre au monde artificiel associé à l’œuvre de Douglas Sirk. La délicatesse des sentiments des personnages empêche heureusement un débordement formel pareil, même si la structure narrative du film n’est pas sans faille.

Emmanuel Mouret se complique inutilement la tâche en multipliant les niveaux temporels du récit. Les sauts deux ans en avant par ici, quelques mois en arrière par là et ainsi de suite ont la fâcheuse tendance à embrouiller une progression émotionnelle, qui est à elle seule déjà assez complexe. La période d’épanouissement du couple est plutôt brève, encadrée par l’hésitation et le doute, voire les remords. L’inscrire dans un vagabondage temporel, sans autre port d’attache que la carrière en dents de scie d’Aurore, ne nous paraît pas vraiment concluant.

Au moins, les interprétations savent s’affranchir de cette lacune formelle mineure. La plus belle surprise ne se trouve par contre pas là où on l’attendait, puisque le grand gaillard au cœur en or campé par Joey Starr est au mieux une incarnation attachante du stéréotype de l’ouvrier, qui vise plus haut que sa condition sociale le lui permet. Le rôle joué avec une duplicité jubilatoire est celui de Dolorès, une femme qui est prête à offrir un cadeau empoisonné à sa rivale, tout en gardant la maîtrise du jeu truqué. Virginie Ledoyen y est simplement fascinante, grâce à sa capacité de traduire les facettes multiples de son personnage en un portrait de femme à l’imprévisibilité inquiétante.

 

Vu le 13 janvier 2014, au Club Marbeuf

Note de Tootpadu: