Cristo Rey

Cristo Rey
Titre original:Cristo Rey
Réalisateur:Leticia Tonos Paniagua
Sortie:Cinéma
Durée:97 minutes
Date:22 janvier 2014
Note:

Le quartier de Cristo Rey est sous le contrôle du caïd Baca. La police fait régulièrement des descentes dans ce coin pauvre de Saint-Domingue, à la fois pour tenter d’arrêter le chef de la pègre et pour renvoyer chez eux les nombreux immigrés clandestins venus de l’état voisin de Haïti. Parmi eux est la mère de Janvier, un jeune homme débrouillard qui a le droit de rester sur le territoire dominicain, grâce à son père, le garagiste Mon. Quand sa mère est expulsée suite à la dernière rafle, Janvier a besoin d’argent pour la faire revenir. C’est alors que Pedro Lee, le bras droit de Baca, lui propose le poste de garde du corps de la sœur cadette du truand.

Critique de Tootpadu

Roméo et Juliette en République Dominicaine : c’est ni plus, ni moins, ce que propose le deuxième film de Leticia Tonos Paniagua. La référence à la tragédie romantique de Shakespeare a beau être revendiquée par la réalisatrice, elle devient progressivement un bagage trop lourd à porter pour Cristo Rey. La vigueur initiale, particulièrement percutante lors du générique musical du début, se soumet ainsi sans trop de résistance aux passages obligés d’une histoire, qui enferme les personnages, au lieu de leur insuffler la vie. Faute de mise en abîme ou d’arrière-plan original, l’engrenage qui s’active sans relâche contre l’amour impossible entre les deux amants devient trop vite la raison d’être principale du film.

En effet, le fossé qui sépare les premiers et les derniers plans, visuellement très proches mais habités d’une croissance vaguement palpable du désespoir, est rempli avec un peu trop d’empressement d’une théâtralité artificielle. Ce qui ne veut pas dire que les jeunes comédiens manquent de charisme ou que la mise en scène accumule les dispositifs formels ampoulés. Il n’empêche que le naturel et le réalisme font défaut à l’action, alors que le décor du bidonville se prêterait justement à une plongée dans des conditions de vie extrêmement dures. Le rythme de plus en plus chahuté de la narration a ainsi tendance à répondre plus à la référence suprême des coups de théâtre prédéfinis, qu’à un développement plus organique – et logique vu le contexte géographique – des rapports conflictuels entre les personnages.

Pour faire la différence sur le marché hautement concurrentiel du cinéma international, les films issus de territoires en friche de ce point de vue-là devraient faire jouer leurs particularités nationales, au lieu de trop s’adosser à des codes reconnaissables par tout spectateur moyennement cultivé. Le mélange entre ce coloris local, très concret rien qu’à partir de la cacophonie des différents dialectes et langues, et une trame scénaristique à la réputation écrasante ne réussit malheureusement pas tout à fait à ce film bien intentionné.

 

Vu le 14 janvier 2014, à la Salle Pathé Lincoln, en VO

Note de Tootpadu: