Terre des ours

Terre des ours
Titre original:Terre des ours
Réalisateur:Guillaume Vincent
Sortie:Cinéma
Durée:87 minutes
Date:26 février 2014
Note:

Kamtchatka. Cette terre à l’état sauvage située en Extrême-Orient russe est le royaume des ours bruns. Au fil des saisons, chacun a ses préoccupations : la mère doit nourrir et protéger ses oursons qui veulent explorer le monde avec l’insouciance de leur jeunesse. Un ours tout juste sorti de l’enfance, doit trouver sa place dans le monde adulte et gagner son autonomie. Enfin, le mâle doit constamment défendre son territoire et imposer sa force.Guillaume Vincent Bienvenue sur la terre des ours.

Critique de Mulder

Les documentaires animaliers parfaitement maîtrisés ne sont guère nombreux et pouvoir les découvrir dans une salle de cinéma est assez rare. Disneynature a bien compris l’importance de présenter en salle des documentaires tournés spécialement pour le cinéma et non pour une diffusion directe sur des chaînes éducatives telle Arte. Ces documentaires reposent sur la découverte d’un monde sauvage et souvent méconnu. Pourtant encore plus rares sont les documentaires touchant à la perfection non seulement visuelle mais également faisant preuve d’une réelle volonté de renouveler un genre. Terre des ours présente donc une avancée significative par sa volonté de nous plonger totalement dans un monde magnifique et pourtant si dangereux. Loin de l’homme, ces magnifiques et majestueux ours nous rappellent à quel point la survie animalière est importante.  Ces colosses pouvant atteindre trois mètres de haut doivent survivre et s’alimenter en saumons autant que possible pour pouvoir survivre à l’hibernation.

Terre des ours nous conte donc leur histoire entre deux hibernations. Très instructif, ce film n’oublie pas aussi de nous émouvoir par cette espèce très solitaire. Dès leur  troisième année les oursons doivent quitter leur mère et subvenir à leur propre survie. Ces ours très adroits sont aussi comme le montre cet excellent documentaire respectueux de  la nature. La scène d’un ours avec un arbre familier est aussi amusante qu’émouvante. Aussi bon grimpeur que pêcheur, ces ours témoignent d’une grande patience pour se nourrir de saumons. Les scènes de pêche dans ce film sont montrés sans aucune censure et sont parfois assez sanglantes. En absence de poisson, ces colosses se nourrissent également de noix de cèdres et de plantes diverses. Non seulement pendant une heure et demie nous suivons avec un très grand intérêt ce film mais également nous nous instruisons. Chose encore plus rare, nous oublions presque qu’il s’agit d’un documentaire et nous participons à ce film en tant que voyageur.

Cette immersion si profonde et si rare dans un documentaire relève non seulement de la magie d’un grand réalisateur de film animalier (Guillaume Vincent) mais également de la voix off magnifique de Marion Cotillard qui telle une berceuse nous présente un monde hostile dans lequel la vie animalière résiste au temps. Le réalisateur Guillaume Vincent a débuté à la télévision il y a maintenant plus de vingt ans. Il a déjà réalisé deux documentaires en Sibérie (Taïga ceux qui marchent dans les pas du tigre (52mns / 2005) et les Oursons Orphelins de la Taïga (52mns / 2006)). Terre des ours est donc son premier long métrage et il témoigne d’un soin et d’un respect profond envers ces ours. Le tournage de son film a nécessité pas moins de vingt sept semaines dû non seulement aux contraintes du temps mais également au soin pris à tourner en respectant la vie de ces animaux. Non seulement Guillaume Vincent a réalisé, co-scénarisé, produit ce documentaire avec une maîtrise si bluffante que nous oublions l’exploit que la réalisation et la conception d’un tel film nécessitent.

Pour permettre une totale immersion, ce film est également le premier à être tourné en 3D-relief avec des animaux sauvages en milieu naturel. Cet exploit est dû en parti à la société Cameron Pace Group qui a pris part à la réalisation de ce film. Le matériel mis à contribution dans ce film est celui utilisé par James Cameron pour filmer Avatar. Le film nous permet donc une telle immersion que nous avons l’impression d’être à côté de ces gigantesques animaux. A ce jour, ce documentaire animalier est de loin mon préféré non seulement car il témoigne de l’importance  non seulement de s’instruire en se divertissant mais aussi par l’utilisation de nouvelles technologie dignes du cinéma du futur.

Si vous ne deviez voir qu’un seul documentaire cette année au cinéma, n’hésitez pas un seul instant : c’est bien celui-ci

Vu le 20 janvier 2014 au Publicis Cinémas, Salle 1, en VO

Note de Mulder:

Critique de Noodles

Se lancer dans la réalisation d’un documentaire animalier destiné aux écrans de cinéma est un exercice particulièrement délicat, à tel point que très peu voient le jour. C’est pourtant le défi qu’a relevé Guillaume Vincent, le réalisateur de Terre des Ours. Après avoir fait ses débuts dans la télévision, il effectue ses premiers pas dans le cinéma avec deux documentaires animaliers prenant pour cadre les terres désertiques et sauvages de la Taïga. Cette volonté de filmer des milieux reculés, loin de tout, habite également son nouveau film. Ici, les paysages russes ont remplacé les paysages de Sibérie, et le moins que l’on puisse dire est que leur beauté est à couper le souffle. Les sublimes images de volcans et de geysers par lesquelles le film débute laissent pourtant rapidement place aux véritables personnages, ceux qui règnent sur cet environnement à la fois magnifique et hostile : les ours bruns. On assiste alors au réveil, eux qui, après de longs mois d’hibernation, sortent enfin de leurs tanières. Le film nous présente donc cette courte période de l'année qui sépare deux hibernations, et le récit adopte ainsi une structure circulaire illustrant bien le caractère absurde de la vie de ces puissants animaux.

Avant d’aller voir un documentaire animalier au cinéma, on redoute par-dessus tout d’assister à un vulgaire programme télévisuel que l’on aurait adapté pour le grand écran. Rassurez-vous : Avec Terre des Ours, il n’en est rien. Les premières images que le film offre de ces imposantes bêtes sont assez étonnantes tant le spectateur se sent proche du sujet filmé. On sent que l’on n’a pas abusé du zoom et que le caméraman se trouve réellement très près des ours, ce qui est relativement rare dans ce genre de documentaire. Evidemment, le sentiment d’immersion totale est en grande partie du à la technologie 3D. C’est d’ailleurs ici que le film trouve son plus grand intérêt. L’utilisation de cette technique est absolument bien maîtrisée et la qualité est au rendez-vous.

Si les très beaux plans du film captivent immédiatement le spectateur, c’est également le cas de la voix douce et posée de Marion Cotillard, à travers laquelle on en apprend beaucoup sur le mode de vie de ces animaux qu’elle qualifie à juste titre de mélange de force et de douceur. Ses commentaires en voix off parcourent le film en restant plaisants et instructifs, sans jamais être omniprésents. Le documentaire sait se passer de mots quand il le faut, et parfois les images suffisent à nous faire prendre conscience de la rudesse du mode de vie des ours, dont l’unique obsession est de se nourrir pour pouvoir résister au prochain hiver. Le film saura évidemment plaire au jeune public, mais il ne fait pas pour autant l’impasse sur les aspects les plus cruels de la nature. Il n’omet pas non plus de mettre en lumière le fragile écosystème dans lequel évoluent ces animaux, dont la survie dépend d’une autre espèce filmée en parallèle : les saumons.

Bien que très réussi dans l’ensemble, ce documentaire ne trouve de véritable originalité que dans l’utilisation de la technologie 3D. Car mis à part cet élément, on ne ressort pas de la salle en ayant l’impression d’avoir assisté à quelque chose de jamais vu auparavant. Ce film sait être convaincant dans le fond comme dans la forme, mais à aucun moment il ne cherche vraiment à nous surprendre et à renouveler le genre du documentaire animalier. En satisfaisant les attentes des spectateurs petits et grands, il prouve néanmoins que la technique cinématographique en évolution constante n’est pas uniquement au service du cinéma de fiction.

Vu le 20 janvier 2014 au Publicis Cinémas, Salle 1, en VO

Note de Noodles: