M. Peabody et Sherman Les Voyages dans le temps

M. Peabody et Sherman Les Voyages dans le temps
Titre original:M. Peabody et Sherman Les Voyages dans le temps
Réalisateur:Rob Minkoff
Sortie:Cinéma
Durée:92 minutes
Date:12 février 2014
Note:

M. Peabody est le chien le plus intelligent du monde. Puisque aucun humain n’a voulu de lui, il a accompli seul un parcours scientifique sans faille. Il a même obtenu le droit d’adopter un bébé. Désormais en âge d’aller à l’école, son fils Sherman a pris une sérieuse avance sur ses camarades de classe. Grâce au Chronomat, une machine à voyager dans le temps inventée par M. Peabody, il a pu côtoyer tous les grands esprits de l’Histoire humaine. Son érudition précoce a pourtant tendance à vexer les autres enfants, dont Penny qui se fait mordre par Sherman après l’avoir traité de chien. Afin d’éviter de perdre la garde de son fils, M. Peabody invite la jeune fille et ses parents chez lui. Or, Sherman ne tarde pas à révéler l’existence du Chronomat à Penny, ce qui provoque quelques voyages dans le temps rocambolesques.

Critique de Mulder

M. Peabody et Sherman : Les Voyages dans le temps est l’exemple parfait de ce que devrait être un film d’animation familial à différents niveaux de lecture. Par la grâce du scénario de Craig Wright et la réalisation de Rob Minkoff (Le Roi Lion (1994), les personnages culte du début des années 60 et apparus dans le programme d’animation Rocky et ses amis et The Bullwinkle show produit par Jay Ward reprennent vie. Peabody est ainsi apparu dans le segment créé par Ted Key (91 épisodes). Ce film d’animation grâce aux dernières innovations en matière d’animation permet de redonner vie à ce beagle supra intelligent (magnat des affaires, inventeur, scientifique, prix  Nobel, chef cuisinier, génie..) et à son fils adoptif Sherman. Afin de ne pas trahir les personnages originaux c’est la propre fille de Jay Ward, Tiffany qui a collaboré à l’équipe du film.

Loin de ces films d’animation qui brillent plus par leur prouesses visuelles que scénaristiques, ce film a d’abord la volonté de traiter de sujets importants historiques (Egypte ancienne, Révolution française, La Renaissance..) mais ne néglige pas les problèmes tels l’adoption, les premiers émois et l’intégration des très jeunes élèves. Par sa volonté de donner envie d’en connaître plus sur notre passé, ce film est avant tout un vecteur de connaissances pour un jeune public. Le public adulte n’est cependant pas oublié car ce personnage de M. Peabody nous rappelle l’époque de Tex Avery où son chien Droopy nous ravissait par son attitude cool, triste et réfléchie. Les nombreuses scènes d’action du film nous renvoient ainsi par certains clins d’œil à la saga Indiana Jones et font de M. Peabody un aventurier capable d’affronter les plus grandes difficultés.

Les différents personnages du film que cela soit Peabody et Sherman ou aussi Penny et ses parents sont parfaitement décrits et nous montrent à quel point un film d’animation doit reposer sur des personnages maîtrisés, un rythme trépidant et également sur un casting vocal judicieux. Alors que MrPeabody est vocalement interprété par Ty Burell (série Modern Family,), c’est à Guillaume Gallienne que revient la lourde tâche d’incarner ce personnage. Par son phrasé, il colle parfaitement à ce personnage et la version française est donc pour une fois très réussie.

Dreamworks Animation continue donc à nous proposer des films d’animation  parfaitement maîtrisés (saga Shrek, saga Madagascar, Les 5 légendes (2012), Croods (2013)). Alors que Disney ne nous présentera aucun nouveau film d’animation cette année, Dreamworks animation s’impose avec trois films cette année. Ainsi après M. Peabody et Sherman : Les Voyages dans le temps, nous attendons avec la plus grande impatience Dragon 2 et Home (prévue pour la fin de l’année).

Vu le 29 janvier 2014  au Club de l’Etoile , en VF

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Dans le domaine de l’animation, il existe deux écoles mutuellement exclusives : celle qui s’adresse aux enfants avec des contes dépourvus d’intérêt et d’enjeux pour un public adulte et puis celle qui tente de pimenter ces gamineries avec juste assez de références et de second degré afin de constituer un divertissement pour toute la famille. Quant aux films d’animation destinés uniquement à un public adulte, on peut en trouver des vestiges – assez pitoyables en nombre – du côté du cinéma asiatique, alors que les marchés américain et européen ont complètement abandonné cette tranche thématique, qui verse soit dans la violence, soit dans l’érotisme. Le nouveau film de Dreamworks Animation se range à première vue sagement dans la deuxième catégorie des épopées inoffensives à grand spectacle dont au moins un aspect finira par séduire tôt ou tard le commun des spectateurs. Sauf que la distribution des rôles s’y opère d’une façon si distincte que l’on assiste à une entreprise d’identification plus subtile et irrésistible que d’habitude.

D’un côté, pour les enfants, nous avons Sherman, un gamin qui réunit à lui seul tous les défauts d’une progéniture typique. Il a beau vouloir faire plaisir en permanence à son père improbable, rien ne lui réussit vraiment. Que ce soit par maladresse ou par manque d’intelligence, il est très rarement le héros du récit, voire plutôt le grain de sable fastidieux qui finit par enrayer la machine prodigieuse concoctée par M. Peabody. Mais en même temps, il s’agit d’un garçon curieux et intellectuellement éveillé, qui a la chance de pouvoir vivre l’Histoire de première main. L’astuce considérable de M. Peabody et Sherman Les Voyages dans le temps est en effet de proposer une démarche ludique, susceptible de stimuler l’intérêt des enfants pour un passé qui doit leur paraître très lointain. Ce ne sont pas des événements et des époques très originaux qui y sont abordés, mais cette familiarité sert à la fois de porte d’entrée pour les jeunes néophytes historiques qui voudront en savoir plus et de support pour les adultes qui les encadrent et qui devraient a priori savoir étoffer ce premier contact avec une science à la réputation hélas distante et poussiéreuse.

C’est en quelque sorte le même dispositif que dans l’univers de La Nuit au musée que le réalisateur Rob Minkoff emploie ici, à savoir la rencontre fantastique entre le présent et le passé, avec toutefois une finalité plus pragmatique et moins platement comique dans ce film-ci. Car de l’autre côté, pour les adultes, M. Peabody personnifie la perfection faite homme … ou presque, qui devra pourtant apprendre à faire confiance à autre chose que son savoir et ses facultés de déduction exponentiels. Ce chien a certes réponse à tout, alors que son fiston est davantage animé par une gaucherie innocente plutôt rafraîchissante, mais ce n’est pas pour autant qu’il mènera à bien cette aventure en faisant cavalier seul. Socialement au dessus du lot de la normalité, et peut-être justement pour cette raison tellement à cheval sur les bonnes manières et un comportement civilisé, il doit néanmoins se battre chaque jour contre l’image du paria et du parvenu.

Il serait facile de lire dans cette drôle de famille recomposée toutes sortes de références à l’actualité sociale, parmi lesquelles figurent bien sûr autant la monoparentalité que l’homoparentalité. Or, la narration est agréablement peu envahissante et directive, lorsqu’il s’agit de conférer un sens profond à l’histoire. Le rapprochement entre les deux extrêmes de philosophie de vie du père et de son fils applique le même refus d’insister en termes de sentiments et de morale. Du coup, nous pouvons nous laisser emporter librement, sans surcharge émotionnelle, ni espièglerie abusive, dans un divertissement de haut vol. Ce dernier nous enchante encore plus par ses prouesses techniques qu’il ne nous fait réfléchir grâce à son propos sur la tolérance sans langue de bois.

Vu le 24 janvier 2014, au Club de l'Etoile, en VO 

Note de Tootpadu: