Ida

Ida
Titre original:Ida
Réalisateur:Pawel Pawlikowski
Sortie:Cinéma
Durée:82 minutes
Date:12 février 2014
Note:

Avant de pouvoir prononcer ses vœux pour devenir une religieuse, la jeune Ida doit consulter sa famille. Orpheline, elle apprend qu’elle a une tante, la juge Wanda, qui refuse de venir la voir. Ida part alors à sa rencontre et se découvre un passé insoupçonné de petite fille juive, séparée de ses parents pendant la guerre. Afin d’en savoir plus sur ses origines obscures, elle accompagne sa tante à la campagne, à la recherche de la tombe de ses parents.

Critique de Tootpadu

Le retour aux sources n’est pas entièrement concluant pour le réalisateur polonais Pawel Pawlikowski. Après avoir tourné en Angleterre et en France, il revient en effet dans son pays natal pour un film, qui mélange les préoccupations nationales sous le signe d’une esthétique alambiquée. Ida n’est pas un drame religieux à proprement parler, même si le personnage principal est une jeune femme qui s’apprête à entrer dans les ordres. Sa crise de vocation n’est toutefois que le point de départ d’un voyage dans le passé de la Pologne. Alors que l’action se déroule dans les années 1960, une époque où la doctrine socialiste ne montrait pas encore de fissures notables, le travail de deuil et de souvenir que doivent entreprendre Ida et sa tante nous renvoie encore plus en arrière dans le temps. La foi catholique y est alors confrontée à la découverte d’une identité inconnue en particulier, et à l’antisémitisme de la population à l’issue de la guerre en général.

La dynamique d’un road-movie ne réussit que partiellement à la narration. Les deux personnages principaux sont à la recherche d’une histoire familiale qu’ils ont ignorée plus ou moins volontairement. Tandis que ce retour vers le passé se traduit pour Wanda par une exacerbation de son style de vie marqué par l’alcool et les abus de pouvoir, l’impact sur sa nièce est sensiblement moins virulent. On ne sait pas trop à quoi s’en tenir avec cette femme, qui n’y connaît rien au monde, mais qui met longtemps avant d’oser rompre avec les règles de privation de son ordre. Sauf que ce départ vers de nouveaux horizons n’est en fait qu’une parenthèse pour mieux rentrer au bercail, sur le même air impassible qui caractérise globalement le jeu de Agata Trzebuchowska. L’identification avec ce personnage s’avère par conséquent problématique, aussi parce que la mise en scène ne cherche guère à sublimer sa vocation spirituelle.

Les égarements formels de Pawel Pawlikowski sont encore plus flagrants, lorsqu’il s’agit de composer l’image dans le cadre atypique – mais pas automatiquement préjudiciable – du format presque carré. L’interaction visuelle entre les décors et les personnages y est particulièrement bancale, à cause d’un cadrage qui ne se prive pas de couper en partie les têtes ou de soumettre les corps à une prédominance de l’environnement architectural sans la moindre force d’expression cinématographique. Cela sent la prétention esthétique abusive, opérant en fin de compte au détriment de l’intrigue. Car cette dernière aurait pu gagner en intensité, si elle avait été traitée sur un ton moins détaché.

 

Vu le 8 mars 2014, au Louxor, Salle 3, en VO

Note de Tootpadu: