Une rencontre

Une rencontre
Titre original:Une rencontre
Réalisateur:Lisa Azuelos
Sortie:Cinéma
Durée:82 minutes
Date:23 avril 2014
Note:

Elsa et Pierre se rencontrent à la soirée de clôture du salon de live de Rennes. Elle y était pour présenter le dernier livre qu’elle a écrit, lui pour plaider dans une affaire de droit commercial. Outre Julien, l’éditeur d’Elsa et un ami de longue date de Pierre, ils n’ont a priori que leur affection pour les joints en commun. Il se passe pourtant quelque chose entre eux, qui leur donne envie de se revoir, en dépit de la vie conjugale épanouie de Pierre et de la règle inébranlable d’Elsa de ne jamais sortir avec un homme marié.

Critique de Mulder

Une rencontre est le cinquième film de la scénariste-réalisatrice Lisa Azuelos (quatrième si on fait abstraction du film Ainsi soient-elles co-réalisé avec  Patrick Alessandrin, en 1995 sous le nom de Lisa Alessandrin). La réalisatrice retrouve pour l’occasion la comédienne Sophie Marceau et la même thématique que le film LOL soit les rapports de parents divorcées et leurs relations avec leurs enfants. On sent que la réalisatrice s’est non seulement inspirée de sa vie personnelle de femme divorcée mais également du film d’Eric Rohmer, l’amour l’après-midi.

La réalisatrice s’intéresse ainsi à la relation entre une écrivaine appréciée du public et divorcée Elsa (Sophie Marceau)  et Pierre (François Cluzet) un avocat marié et père de famille. La rencontre entre un homme et une femme est un sujet littéraire par excellence par la fatalité des évènements qui peut en découler. Ce n’est donc pas un hasard fortuit de la part de la réalisatrice que l’un des personnages soit un écrivain et une version idéalisée de la femme divorcée et libre. La présence de Sophie Marceau semble être pour la réalisatrice le miroir qu’elle a d’elle-même comme un créateur envers sa création. La réalisatrice arrive ainsi par la subtilité de son scénario a donné une réelle profondeur à ses personnages et surtout à nous renvoyer une vision de nous-mêmes, de nos erreurs, des opportunités existantes que nous ne prenons pas par peur de voir son monde s’écrouler.

On sent bien que les principaux thèmes fédérateurs pour la réalisatrice comme la famille, les conflits de génération et l’importance de notre travail comme reflet d’appartenance à une certaine caste sociale sont de nouveaux présents et ancrés pleinement dans l’écriture du scénario. La justesse de l’interprétation des principaux comédiens tels ceux cités précédemment mais également Alexandre Astier et Jonathan Cohen montrent que la réalisatrice ne néglige aucun de ses personnages. Bien au contraire, la force de ce film vient du côté très réaliste des personnages et par un univers quotidien dans lequel les choses ne sont pas toujours aussi claires qu’elles puissent paraître. Nous sommes donc loin de ces comédies romantiques trop parfaites pour être vraies. 

La théorie des mondes parallèles est également abordée certes d’une manière moins fantastique que le film culte de Harold Ramis Un jour sans fin (1993) mais en mettant en scène les différentes possibilités qui auraient pu se produire si les deux personnages principaux avaient clairement affirmés leur ressenti. C’est en cela que le nouveau film de Lisa Azuelos peut réellement trouver sa place et se différencier des autres comédies romantiques grand public. La réalisatrice montre une nouvelle fois qu’elle est aussi à l’aise à l’écriture que devant et derrière la caméra. C’est en effet, son deuxième film dans lequel elle interprète un rôle secondaire.

Certes le film Une rencontre n’est pas dénué de défauts et on aurait  réellement pu avoir un scénario moins linéaire mais cela ne gâche en rien le plaisir de retrouver sur nos écrans l’immense comédien François Cluzet et une des plus belles comédiennes françaises dont malgré les trente-quatre  années de carrière (depuis la boum (1980)) le charme, la présence, l’innocence et la fragilité restent ancrés. C’est par leur présence que le film nous conquiert totalement et nous donne envie de connaître une même histoire d’amour profonde et sincère.

Vu le 10 avril 2014 au Pathe Beaugrenelle, Salle 10, place D12

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Entre la tentation et l’infidélité, il n’y a qu’un pas. Céder aux pulsions du cœur ou de la libido, cela revient pourtant à un choix lourd de conséquences, surtout lorsqu’il implique un nombre croissant de personnes en guise de dommages collatéraux d’une affaire sans lendemain. Les deux personnages principaux du nouveau film de Lisa Azuelos hésitent beaucoup avant de se décider. La résistance de la raison contre l’empressement des sentiments figure même au centre d’une histoire, qui cherche avant tout à nous convaincre de l’impossibilité de pareil bonheur romantique.

Le problème avec Une rencontre, c’est que la mise en scène se prend un peu trop facilement au jeu des possibles, au point de donner l’impression qu’elle ne sait plus sur quel pied danser. La première fois, le dispositif du montage qui illustre les passages obligés d’une affaire extraconjugale avant d’être démasqué comme une simple chimère mentale, fonctionne encore assez bien. Pourquoi ne pas, après tout, dessiner la version la plus stéréotypée d’un avenir commun, avant d’emprunter un chemin plus délicat et moins prévisible ? Or, le récit répète un peu trop souvent ce mensonge cinématographique pour qu’on y croie encore, tout en multipliant par la même occasion les écarts formels qui finissent par transformer le film en le simulacre vain d’une affaire romantique entre le rire et les larmes.

Bien que Sophie Marceau soit toujours aussi sublime et que la touffe de cheveux plus abondante que d’habitude de François Cluzet soit en parfaite adéquation avec son rôle d’un bourgeois trop sage pour réellement franchir le pas, l’indécision chronique de la narration s’avère donc préjudiciable pour le film dans son ensemble. Ce qui serait presque dommage puisque le regard de Lisa Azuelos ne manque pas de perspicacité quand il s’agit de façonner des personnages secondaires dans l’air du temps, de la progéniture adolescente aux amis dépités de leur vie rangée. Hélas, l’ultime mise entre parenthèses, qui revient carrément au tout début afin de suggérer que tout ce que l’on vient de voir aurait pu ne pas avoir lieu, finit par nous convaincre du caractère inconsistant d’un film, qu’on aurait peut-être aimé plus entreprenant.

Nous sommes bien sûr conscients que l’enjeu principal de l’intrigue se trouvait là, dans cette zone grise de l’hésitation. Mais il doit y avoir une manière plus adroite de nous transmettre cette idée abstraite qu’un exercice de style qui tourne trop rapidement en rond.

 

Vu le 16 avril 2014, à la Salle Pathé Lamennais

Note de Tootpadu: