96 heures

96 heures
Titre original:96 heures
Réalisateur:Frédéric Schoendoerffer
Sortie:Cinéma
Durée:96 minutes
Date:23 avril 2014
Note:

Carré est le patron de la BRB (Brigade de Répression du Banditisme). 3 ans plus tôt, il a fait tomber un grand truand, Kancel. Aujourd’hui, à la faveur d’une extraction, Kancel kidnappe le flic. Il a 96 heures pour lui soutirer une seule information : savoir qui l’a balancé.

Critique de Mulder

Frédéric Schoendoerffer a su imposer son propre style au thriller en seulement cinq films sur plus de treize années. Son nouveau film 96 heures le plus réussi à ce jour permet d’instaurer une véritable dramaturgie en confinant l’espace de l’action dans pratiquement un seul lieu, soit une maison isolée dans laquelle un truand et le patron de la BRB vont s’affronter psychologiquement. Certes le film n’est pas exempt d’invraisemblances mais le scénario de Philippe Isard et Simon Michaël (une nuit (2011)) permet surtout de donner à deux très grands comédiens français l’opportunité de camper deux personnages profondément opposés.  Gérard Lanvin dans le rôle du patron de la BRB et Niels Arestrup dans celui du truand Kancel donnent  à ce film une véritable force brute. Il aura fallu attendre que Niels Arestrup croise la route du réalisateur Jacques Audiard pour que sa carrière cinématographique connaisse une seconde vie et surtout la reconnaissance non seulement de la critique mais du public. Ce grand comédien de théâtre est de nouveau parfait dans le rôle de ce truand prêt à tout pour connaître le nom de la personne qui l’a balancé.

Les bons thriller français sont plutôt rares et 96 heures montre que l’association d’un bon scénario, d’un casting maîtrisé et la présence d’un réalisateur aguerri à ce genre nous permet de suivre avec grand intérêt ce récit aux multiples rebondissements.  Certes, nous sommes encore loin de certains grands maîtres tels Alfred Alfred Hitchcock, Jonathan Demme, David Fincher mais 96 heures est suffisamment bien monté et ciselé pour retenir notre attention. Le réalisateur a su ainsi tirer le maximum de son casting très masculin hormis la présence dans des seconds rôles de Sylvie Testud, Anne Consigny et Laura Smet. Alors que de trop nombreux films relatifs aux truands et autres clans mafieux ont tendance à déverser des litres de sang, ce film joue uniquement de sa force émotionnelle et psychologique pour entretenir un climat oppressant.

Alors que de plus en plus de films français ont tendance à montrer un visage négatif des forces de l’ordre (comme dans le nouveau film d’ Alexandre Arcady 24 jours), 96 heures montre que celles-ci peuvent également compter sur des hommes parfaitement enclin à faire respecter l’ordre quitte à contourner la loi. Le personnage Gabriel Carré campé par Gérard Lanvin se révèle donc aussi humain et imparfait qu’exemplaire par sa manière de tenir psychologiquement et à inverser les rôles. Le film gagne ainsi sa force par sa volonté de coller à la réalité et à ne pas vouloir trop montrer. On sent que les deux comédiens principaux Gérard Lanvin et Niels Arestrup s’estiment mutuellement et prennent un vrai plaisir communicatif à jouer au jeu du chat et de la souris.

96 heures est une bonne surprise. Certes il s’agit d’un film mineur et ne renouvelant pas le thriller en profondeur mais il est suffisamment bien élaboré pour que nous vous conseillons de le découvrir dès cette semaine dans tous les cinémas. Le cinéma français grâce à des films comme celui de Frédéric Schoendoerffer est capable de rivaliser avec des thrillers américains au budget supérieur mais ne possédant pas un script aussi efficace et surtout d’aussi grands comédiens humbles et entiers.

Vu le 18 avril 2014 au Pathe Beaugrenelle, Salle 10, place A13

Note de Mulder: