Cristeros

Cristeros
Titre original:Cristeros
Réalisateur:Dean Wright
Sortie:Cinéma
Durée:145 minutes
Date:14 mai 2014
Note:

En 1926, le président Calles interdit toutes pratiques religieuses dans l’ensemble du Mexique. Le clergé catholique et des croyants regroupés dans une ligue pour la défense de la liberté religieuse s’opposent d’abord pacifiquement à cette loi. Après son application violente et expéditive par les soldats fédéraux, une armée de rebelles se met en place, les Cristeros. Afin de mieux l’organiser d’un point de vue militaire, le général à la retraite Enrique Gorostieta en prend le commandement. Le petit José, condamné par son parrain, le maire, à servir pendant deux semaines le prêtre Christopher après l’avoir agressé, rêve de se joindre aux rebelles.

Critique de Tootpadu

Les films d’inspiration chrétienne, qui jouissent d’une popularité ciblée aux Etats-Unis, ne trouve pratiquement jamais leur chemin jusque sur les écrans français. En règle générale produits par des illuminés qui cherchent à répandre leur foi par le biais du cinéma, ils sont à l’image de leurs créateurs : excessivement bien intentionnés mais criblés par les signes de leur amateurisme et de leur conception ridiculement tendancieuse du monde. Aucun acteur ou réalisateur de renom ne cherche habituellement à être associé à pareille entreprise, par peur de se voir cataloguer comme un zélateur qui mettrait sa célébrité au service de ses intérêts personnels. Dans ce contexte, ce film-ci pourrait presque être perçu comme une curiosité. Il réunit en effet une brochette prestigieuse d’acteurs, parmi lesquels on peut citer par exemple Peter O’Toole, dans l’un de ses derniers rôles, ou Bruce Greenwood, aux côtés des innombrables représentants de la culture latine à Hollywood, comme Andy Garcia, Oscar Isaac, Ruben Blades ou Eva Longoria. De même, les postes techniques sont occupés par des professionnels reconnus comme James Horner à la musique ou Richard Francis-Bruce au montage.

Hélas, ce supposé cachet de respectabilité ne se traduit point par une approche moins aveuglement partisane de la « bonne » cause. D’un point de vue idéologique, Cristeros pourrait même soulever des polémiques, tant il se conforme à un idéal religieux très fortement teinté par les valeurs catholiques. Il n’en sera probablement rien, d’un parce qu’il sort avec un retard considérable de deux ans en France par rapport à sa première américaine, de surcroît soutenu par un petit distributeur indépendant en pleine période cannoise, et de deux à cause de sa médiocrité qui ne nous fournit guère d’angle d’attaque pour s’en offusquer sérieusement. Le premier film de Dean Wright, anciennement un créateur d’effets spéciaux, aimerait tant prétendre à un souffle épique et à une reconstitution historique aussi irréprochable que romantiquement engageante. Mais en fin de compte, ce n’est que la très longue évocation d’un combat valeureux, sacrifié sur l’autel d’un compromis sous impulsion américaine.

D’ailleurs, la seule et unique fois que le flux narratif prend un léger risque, c’est quand il esquisse le rôle des Etats-Unis dans cette crise majeure chez leurs voisins. En un siècle, peu de choses ont ainsi changé, puisque c’étaient déjà à l’époque les intérêts économiques qui primaient pour l’Oncle Sam sur d’éventuelles indignations humanitaires. C’est malheureusement une analyse historique trop frileuse et ponctuelle pour renverser le cours global d’un film, qui adopte les mêmes bases naïves de la narration que les films américains à connotation religieuse jusqu’aux années 1950.

Le public, sans doute peu nombreux en France, auquel ce genre de film édifiant est destiné s’en réjouira probablement. Pour tous les autres, la leçon d’histoire est certes longue et de plus en plus pompeuse, mais pas non plus une disgrâce cinématographique détestable. S’il n’y avait pas le discours fortement idéologique qui sous-tend l’ensemble de l’histoire, ce divertissement serait presque passable dans sa volonté d’arracher de l’oubli un chapitre de l’Histoire, auquel la France a échappé à sa façon, mais pas non plus sans souffrance, ni douleurs, en appliquant un régime catégoriquement laïque.

 

Vu le 29 avril 2014, à la Salle Pathé Lincoln, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Noodles

Nombreux sont les films qui prennent pour cadre ou même pour sujet la révolution mexicaine. Parmi les plus célèbres, on retient notamment Il était une fois la révolution (1971) de Sergio Leone, Pancho Villa (1968) de Buzz Kulik, ou encore Viva Zapata ! (1952), réalisé par Elia Kazan. Pourtant, une page plus sombre de l’Histoire du Mexique a été relativement occultée par le Septième Art : il s’agit de la Cristiada, un conflit dans lequel des citoyens et hommes d’Eglise regroupés sous le nom de Cristeros se sont opposés à l’armée fédérale du Parti Révolutionnaire Institutionnel dirigé par Plutarco Calles. En 1926, l’objectif de la politique menée par ce dernier envers la communauté chrétienne était clair : il s’agissait bel et bien de réduire la liberté de culte à néant à grands coups de lois répressives.

C’est cet évènement historique qui est relaté dans Cristeros, le premier film du réalisateur américain Dean Wright. Ce dernier est d’abord célèbre pour avoir participé à la réalisation de grands films tels que Titanic (1997), La saga Niarnia, ou encore les deux derniers volets de la trilogie du Seigneur des anneaux, dans lesquels il a supervisé les effets spéciaux.

Si Dean Wright est sans doute un créateur d’effets de génie, on observe sans grand étonnement que la qualité de sa réalisation est typique de celles des films issus des grands studios hollywoodiens, c'est-à-dire à la fois bien maitrisée mais sans aucune saveur particulière, et bien entendu sans la moindre trace d’une quelconque valeur artistique. Au menu ici : une mise en scène et un montage efficaces qui parviennent à rythmer un film de plus de deux heures, une abondance de ralentis pas toujours utiles, des séquences oniriques et flashbacks presque ridicules, et une bande originale quasi-omniprésente signée par un grand compositeur de cinéma : James Horner.

Pour compléter le tableau, on retrouve dans Cristeros de nombreux acteurs à succès. Andy Garcia, dans le rôle principal, y incarne le général Enrique Gorostieta, tandis que son épouse est interprétée par Eva Longoria. On observe également la présence d’Oscar Isaac, de Rubén Blades dans le rôle du président Calles, et même celle de Peter O’toole incarnant ici le Père Christopher, un prêtre qui finira exécuté par le régime. On devine assez aisément qu’un tel casting à aidé ce film à parvenir jusqu’aux écrans de cinéma français, plus de deux ans après sa sortie en salles aux Etats-Unis.

Cristeros ressemble presque en tout point à un film américain à gros budget sauce mexicaine, mais il faut avouer que le message qu’il porte avec lui est tout de même assez surprenant. En effet, on est ici à la lisière de la propagande religieuse, tant le scénario et la mise en scène sont mis au profit de l’idéologie catholique. Certes, le film a le mérite de mettre en lumière les injustices subies par la communauté chrétienne au Mexique à cette époque, ainsi que la manière barbare avec laquelle elle a été traitée par l’armée. Cependant, on ose croire qu’une reconstitution tout aussi fidèle de cet épisode historique aurait pu se passer de tant de manichéisme.  

 

Vu le 29 avril 2014, à la Salle Pathé Lincoln, en VO.

Note de Noodles: