Assassins

Assassins
Titre original:Assassins
Réalisateur:Richard Donner
Sortie:Cinéma
Durée:132 minutes
Date:01 novembre 1995
Note:

Le tueur Robert Rath, réputé comme le meilleur de sa profession, aimerait décrocher. Il accepte à contrecœur un dernier contrat, sur lequel il est toutefois doublé par Miguel Bain, un jeune assassin ambitieux qui a étudié en détail la technique de son aîné. Suite à cet échec, son commanditaire impose une dernière mission à Rath : éliminer une jeune pirate informatique mystérieuse, lors de son prochain rendez-vous pour vendre des informations sensibles. Mais là encore, Bain s’ingère dans le travail de son idole qu’il considère comme une antiquité. Il ne reste alors plus à Rath qu’à voler au secours d’Electra, la cible, et à faire équipe avec elle, afin de vaincre son concurrent déloyal.

Critique de Tootpadu

La qualité de la plupart des films ne s’arrange pas avec le temps. Prenons par exemple ce blockbuster raté d’il y a presque vingt ans, une époque où Sylvester Stallone réussissait encore à déplacer les foules sans avoir besoin de se parodier lui-même. Au lieu d’être taillée sur mesure pour la vedette, qui vivait alors les toutes dernières années glorieuses d’une carrière qui se nourrit depuis d’une forme de nostalgie plutôt maladroite, cette histoire fait tout son possible pour attirer l’attention sur sa propre ineptie, amplifiée encore par une mise en scène particulièrement bancale. Assassins, c’est le genre de grosse production vide de sens et d’élégance qui ne fait honneur à personne. Dans le meilleur des cas, c’est un film qui donne un aperçu de la position au sein du système hollywoodien des trois acteurs principaux, qui a forcément évolué en bien ou en mal depuis, tout en nous rappelant le vocabulaire esthétique et narratif et les gadgets informatiques qui ne sont, eux non plus, ce qu’ils étaient dans les années 1990.

Le défaut le plus pénible de ce film très avare en qualités, c’est que Stallone, son adversaire Antonio Banderas et sa complice récalcitrante Julianne Moore ont l’air de jouer chacun dans un film différent. Tandis que le premier affiche un flegme aussi peu excitant que les scrupules douteux avec lesquels son personnage remplit son travail de criminel et que la dernière ne paraît pas trop savoir sur quel pied danser avec cette geek avant l’heure, l’acteur espagnol s’adonne au plus affreux des cabotinages. L’agacement provoqué par son interprétation sans la moindre retenue est tel, que nous serions presque prêts à nous laisser séduire par le divertissement très conventionnel de la chasse à l’homme qui rythme le film, si l’apparition régulière de ce personnage ne nous rappelait pas à quel point nous le haïssons. Miguel Bain est le prototype de l’acolyte énervant, en vogue dans le cinéma américain de cette époque-là, qui ne se gêne pas pour voler la vedette au héros avec ses frasques névrotiques, mais qui représente pour nous avant tout une nuisance difficilement supportable.

L’introduction anecdotique du web comme source de tous les maux, à commencer par le bruit autrefois si énervant du modem de la première génération qui se connectait au réseau, ne suffit pas pour rendre intéressant un film à la narration désagréablement décousue et anémique en termes de moments marquants. La mise en scène plutôt laide de Richard Donner est en plus marquée par une platitude affligeante, à l’image du scénario sans tête ni queue, pourtant signé par les frères Wachowski et Brian Helgeland. Rien n’y sonne juste, surtout pas la petite guerre qui oppose les deux tueurs à gages et la relation romantique qui est censée naître entre Rath et Electra. En somme, cet échec sur tous les fronts, mais principalement du côté de la crédibilité commerciale et artisanale des acteurs et techniciens qui y ont participé, nous rappelle douloureusement que – même avec une dose conséquente de bonne volonté nostalgique – tout ce qui est relativement ancien ne vaut pas forcément mieux que les productions interchangeables avec lesquelles la machine hollywoodienne abreuve de nos jours les écrans de cinéma.

 

Vu le 16 mai 2014, au Grand Action, Salle Henri Langlois, en VO

Note de Tootpadu: