Barbecue

Barbecue
Titre original:Barbecue
Réalisateur:Eric Lavaine
Sortie:Cinéma
Durée:97 minutes
Date:30 avril 2014
Note:

A une semaine de son cinquantième anniversaire, Antoine tombe victime d’un infarctus en pleine course dominicale. Pour lui, qui avait toujours fait attention à sa santé et qui s’était toujours comporté comme il fallait, à quelques infidélités près, ce problème médical grave fait l’effet d’une bombe. Sa mise en question existentielle se conjugue par contre sur le mode d’un grand laisser-aller. Dès lors, sa bande de potes, qui traverse, elle aussi, différentes crises affectives ou matérielles, ne sait plus trop à quoi s’en tenir avec Antoine. Les choses ne s’arrangent guère pendant les vacances d’été que les amis passent tous ensemble dans une villa luxueuse, où de vieilles rancunes et des reproches plus récents remontent à la surface.

Critique de Tootpadu

Le cinéma français et ses éternelles histoires de copains qui tournent en rond. Il doit exister un besoin collectif de la part du public français de se réconforter à travers des intrigues, dont l’objectif principal est de préserver le statu quo d’une bourgeoisie, en fin de compte inattaquable dans sa tour d’ivoire de petites misères nombrilistes. Face aux très rares réussites dans ce domaine cinématographique, que seul Claude Sautet a su maîtriser tant soit peu dans Vincent, François, Paul et les autres par exemple, nous nous retrouvons souvent avec des films affreusement insipides, comme celui-ci ou l’avant-dernière réalisation de Guillaume Canet, qui avait gravi des sommets encore plus vertigineux du box-office. Barbecue n’ira certes pas beaucoup plus loin que le million de spectateurs cumulé en deux semaines d’exploitation, à en juger par le privilège douteux d’avoir eu une salle de multiplexe pour nous tout seul, serait-ce à la première séance du dimanche matin. Mais rien que ce succès d’estime nous fait craindre que ce genre atrocement autosuffisant ait encore de beaux jours devant lui.

Le spleen du personnage principal, qui nous impose d’emblée sa philosophie de vie blasée par le biais d’une voix off aux constats empreints d’une sagesse factice, n’a guère d’emprise sur le cours du récit. Ses velléités de révolte contre un parcours déterminé d’avance tombent rapidement victime du ton lourdement consensuel, qui fait baigner la narration dans une indifférence ambiante. Au moins, cette dernière est en mesure de sauver le film des écarts tendancieux dont le réalisateur Eric Lavaine s’était déjà rendu coupable dans le passé. Ainsi, les blagues ne volent point plus haut ici que les coups bas sans gravité, puisqu’il ne faut surtout pas interroger sérieusement les bastions du style de vie très beauf que tous les personnages pratiquent sans réellement broncher. En dépit de quelques détours anodins, les fondements sociaux hypocrites – en tout cas tels qu’ils sont dépeints dans cet univers au conformisme nauséabond – de l’amitié et de la vie conjugale à longue haleine sortent vainqueurs d’une crise de la fin de la quarantaine nullement intrigante.

Nous serions plus sévères à l’égard de cette comédie laborieuse, si elle nous inspirait plus qu’une indifférence béante. L’absence totale de surprises du côté de l’interprétation, où chaque comédien campe exactement le genre de rôle pour lequel il est réputé, contribue encore à rendre ce film prévisible du début jusqu’à la fin. Si seulement le protagoniste avait connu un sort plus fatal ou s’il avait eu le culot d’envoyer valser tout ce beau monde figé dans son petit confort répétitif, il y aurait éventuellement eu matière à espérer que le cinéma français grand public montrait quelques derniers signes de vie. Puisqu’il n’en est hélas rien, nous sortons du film à l’image de ce pauvre Antoine : blasé de la tête jusqu’aux pieds !

 

Vu le 18 mai 2014, à l’UGC Ciné Cité La Défense, Salle 4

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

« Les devoirs de l'amitié, sont la confiance, la bienveillance et les conseils. »
Voltaire
 
Le cinéma français connaît depuis quelques années une crise persistante et semble vouloir suivre vaille que vaille le modèle américain en cherchant à appliquer des formule toutes faites. Malheureusement ce n’est pas en proposant un casting attractif qu’un film peut se faire valoir comme étant réussi. En découvrant le cinquième film du réalisateur et scénariste Eric Lavaine, il est impossible de ne pas se souvenir de l’un des rares films réussis de Jean-Marie Poiré Mes meilleurs copains (1988). Cette bande d’amis qui se réunit dans la région des Cévennes et qui est amené à se parler franchement suite à l’infarctus de l’un d’entre eux. Le réalisateur évite une mise en scène théâtrale mais le scénario qu’il co-signe avec son fidèle scénariste Héctor Cabello Reyes manque cruellement de profondeur, de clarté et de rebondissements pour réellement retenir notre attention.
 
Certes, la thématique de règlements de compte entre amis a pu donner naissance récemment à d’excellentes comédies (Le prénom (2012), Les Bronzés 1&2 (1978/1979), Le cœur des hommes (2003)). Celles-ci reposaient sur un excellent scénario et aussi sur un lien réel non seulement entre les comédiens et leurs personnages. Dans le cas de ce Babecue nous n’avons à aucun moment l’impression d’une réelle osmose entre les personnages et encore moins entre les comédiens. Alors que chacun des comédiens semblent se cantonner à des rôles habituels pour eux seuls Lambert Wilson et Sophie Duez réussissent à sauver par leur présence ce film du naufrage. Le comédien Lambert Wilson interprète donc ce personnage qui après un infarctus commence réellement à vouloir sortir de sa vie de compagnon infidèle et à régler certains comptes envers ses amis. De la même manière, ce personnage nous rappelle celui d’Antoine Méliot (incarné par Albert Dupontel) dans l’excellent film de Jean Becker Deux jours à tuer (2008)). Malheureusement le scénario n’est pas à la hauteur du talent de ce véritable homme-orchestre qu’est Lambert Wilson. Sophie Duez qui après le film de Michel Blanc Marche à l’ombre (1984) n’a jamais pu réitérer un tel succès dans sa carrière apporte une réelle fragilité à son personnage le rendant attachant et vulnérable. Ce rôle lui permet ainsi de revenir sur un grand écran et de révéler qu’avec le temps elle est devenue non seulement une comédienne accomplie mais n’a rien perdu de sa présence à l’écran. On passera sur la présence des comiques Franck Dubosc, Jérôme Commandeur, Florence Foresti guères convaincants voire vite énervants et sur les seconds rôles habituels du cinéma français Guillaume De Tonquédec, Lionel Abelanski pratiquement ici neutres voire transparents.
 
Enfin, certes le film se regarde mais ne restera pas comme l’un des films incontournables de ce premier semestre à l’année. Alors que certaines comédies françaises méritent réellement d’être félicitées comme Babysitting (2014) de Philippe Lacheau, Nicolas Benamou, ce film semble guère vouloir faire preuve de risque et à vouloir plaire à tous et choquer personne, il manque cruellement de piquant et de fougue. Malgré la chaleur et le beau temps qui reviennent on évitera donc de s’attarder autour de ce barbecue.
 
Vu le 07 juin  2014 au Gaumont Disney Village, Salle 12

Note de Mulder: