Des chevaux et des hommes

Des chevaux et des hommes
Titre original:Des chevaux et des hommes
Réalisateur:Benedikt Erlingsson
Sortie:Cinéma
Durée:81 minutes
Date:23 juillet 2014
Note:

Dans un village isolé en Islande, toute l’attention des habitants porte sur leurs chevaux. Le lien entre l’homme et l’animal y est même si étroit qu’il décide sur des choses aussi importantes que l’amour, la vie et la mort.

Critique de Tootpadu

Sans jamais y avoir mis les pieds, nous sommes fortement intrigués par l’Islande. Notre engouement ne se prolonge pas jusqu’aux chevaux, qui ne figurent point parmi nos bêtes préférées. Entre le pays tout au nord de l’Europe avec son paysage singulier et ses chevaux typiquement islandais s’opère pourtant dans ce premier film le genre de magie folklorique, qui nous incite à la jubilation. Toutes proportions géographiques et culturelles gardées, il plane un peu de l’humour caustique de Otar Iosseliani sur ce film ébouriffant, avec les poulaillers géorgiens qui sont remplacés ici par des enclos pour chevaux plus ou moins infranchissables. Car si les animaux prennent une place prépondérante ici, c’est avant tout pour mieux souligner l’imperfection de la nature humaine, accentuée encore par un dévouement excessif à la tradition équestre de l’île.

L’obsession du cheval y prend en effet des traits bizarres, dès la première séquence de Des chevaux et des hommes où l’un des personnages principaux s’apprête à rendre visite à sa voisine, sous l’œil méfiant des fermiers des environs, qui observent de loin cette sortie galante. Puis, l’absurdité est poussée dans ses derniers retranchements, parce que ce fait divers social tourne carrément au scandale, à cause des besoins naturels entre bêtes dont l’affiche du film tient malicieusement compte. Ce qui n’aurait pu être qu’un épisode passablement graveleux sans conséquences graves devient le point de départ d’un enchaînement de petits sketchs, plus étonnants les uns que les autres. On y meurt très facilement, mais en même temps le lien privilégié entre l’homme et le cheval nous réserve quelques situations merveilleusement cocasses.

D’une considérable aisance formelle, la mise en scène de Benedikt Erlingsson ne cherche cependant jamais à impressionner gratuitement le spectateur. La photographie splendide a beau profiter pleinement des paysages uniques de l’Islande et des gros plans des poils et des yeux des chevaux qui rythment d’une certaine façon le récit, le cœur du film reste cette étrange interaction entre l’élan de liberté des bêtes et ces hommes et ces femmes sous le joug de conventions sociales particulières, qui comprennent souvent une forte dose d’alcool. Or, l’état d’ébriété joyeuse que nous a inspiré ce film n’a nullement besoin d’être renforcé par la consommation de boissons plus ou moins suspectes. Il s’apprécie en toute simplicité, à l’image d’un film court et poignant, qui nous fait une fois de plus tomber amoureux de la nature drôlement sauvage de l’Islande et de ses habitants.

 

Vu le 1er juillet 2014, à la Salle Pathé Lincoln, en VO

Note de Tootpadu: