Nos pires voisins

Nos pires voisins
Titre original:Nos pires voisins
Réalisateur:Nicholas Stoller
Sortie:Cinéma
Durée:97 minutes
Date:06 août 2014
Note:

Mac et Kelly sont les heureux parents de la petite Stella. Une nouvelle vie commence pour eux, dans un pavillon qu’ils ont chèrement acquis dans un quartier résidentiel. Leur quiétude familiale ne dure pas longtemps, puisqu’une confrérie étudiante s’installe dans la maison d’à côté. Mac et Kelly n’y voient aucun mal, surtout parce qu’ils se sentent eux-mêmes encore très jeunes. Ils vont jusqu’à fraterniser avec Teddy, le président de l’association, et ses compères au fil d’une première soirée bien arrosée. Mais dès le lendemain, ils ont marre du vacarme incessant et appellent la police. Pour Teddy, cela équivaut à une déclaration de guerre de la part de ce couple, qui regrettera amèrement sa tranquillité d’avant.

Critique de Tootpadu

Qui aurait cru que nous allions succomber un jour à la vulgarité puérile qui est désormais le seul registre de la comédie américaine ? Alors qu’il aurait sans doute été plus raisonnable de nous montrer définitivement blasés face aux blagues scatologiques qui pullulent depuis une vingtaine d’années dans des centaines de films interchangeables, nous nous sommes contre toute attente bien amusés devant Nos pires voisins. Loin de nous l’idée d’y voir une révolution dans le traitement de l’immaturité galopante de la civilisation américaine. Il serait cependant justifié de considérer ce film comme l’une des premières tentatives réussies de créer quelque chose de moderne dans le domaine des comédies en apparence idiotes. Entre les deux extrêmes de la bêtise absolue assumée et le chatouillement hypocrite de la bienséance par le biais d’actes outranciers, le scénario choisit en effet une troisième voie qui s’avère gentiment gagnante.

Contrairement aux histoires qui dressent la respectabilité engoncée des adultes contre la liberté licencieuse et crade des adolescents, l’affrontement entre le jeune couple et ses voisins bruyants se passe à un niveau presque égalitaire. Tout comme les nouveaux parents ne sont pas encore prêts à renoncer complètement aux pratiques qui donnaient autrefois du piquant à leur complicité, sexuelle ou affective, les étudiants fêtards répondent à un code d’honneur qu’ils suivent peut-être avec plus de rigueur que Mac et Kelly le font avec l’éducation très approximative de leur fille. Autant écrire que la guéguerre que les voisins se livrent n’a pas lieu sur le terrain de la moralité. Bien au contraire, puisque les manœuvres de la part du couple pour discréditer la confrérie d’à côté se distinguent par une méchanceté infiniment plus tordue que l’hédonisme fièrement affiché de Teddy et ses comparses. Les apparences sont en effet trompeuses dans le contexte d’un conflit, qui aurait facilement pu reproduire le vieux schéma manichéen entre les bons défenseurs de la tranquillité d’un côté et les vilains trublions irresponsables de l’autre.

Difficile de prendre parti sur ce champ de bataille, qui ne perd pourtant jamais tout à fait de vue la respectabilité des personnages ou plutôt leurs failles attachantes. Ni Mac et Kelly avec leurs jeux érotiques maladroits, ni Teddy et son acolyte Pete et leur virilité ambiguë ne méritent ainsi qu’on s’en offusque outre mesure. Car après tout, ils participent collectivement à une aventure rocambolesque, qui ne fait curieusement pas l’impasse sur un certain réalisme. C’est cela que l’on pourrait appeler la modernité du propos, à la limite plus amusante et surprenante que tous les gags réunis. Dès lors, les camps archaïques et la répartition traditionnelle des rôles sont abolis, au profit de quelques intermèdes bizarrement homo-érotiques et surtout un regard irrévérencieux sur tout ce cirque, qui garantit un divertissement haut en couleur.

 

Vu le 1er juillet 2014, à la Salle Pathé François 1er, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Le réalisateur Nicholas Stoller s’est spécialisé depuis son premier film Sans Sarah rien ne va ! (2008) dans la comédie d’études de couples en difficultés. Après Jason Segel, Kristen Bell dans le film précité, Jason Segel, Emily Blunt dans 5 ans de Réflexion (2012), il s’attache cette fois à Seth Rogen, Rose Byrne. Ce couple de jeunes parents venant de réaliser leur rêve en achetant leur maison pour élever leur jeune enfant va se retrouver à subir les soirées mouvementées de leur voisin. Ceux-ci sont en effet une confrérie universitaire qui a fait de leur maison leur base. L’affrontement entre ces deux camps nous rappelle les nombreuses comédies réussies sur la même thématique. Les deux scénaristes Andrew J. Cohen et Brendan O’Brien dont c’est le premier travail en commun ne lésinent pas sur les idées pour rendre la vie impossible à ce jeune couple.

La manière de réaliser ce film tranche également avec la manière habituelle de nous présenter des comédies déjantées. Certes, Nos pires voisins est plutôt destiné à un public d’adultes ou de jeunes adultes car il ne recule devant rien et un véritable vent de liberté semble souffler sur cette histoire témoignant de la bêtise de la nature humaine. Alors qu’il aurait été simple pour le réaliser de transformer cette comédie en un thriller poignant, au contraire il trouve le juste ton pour toujours rester dans la catégorie de la comédie.

Il est indéniable que la réussite de ce film passe par le trio de comédiens qui sont la sublime Rose Byrne (Troie (2004), Sunshine (2007), 28 semaines plus tard (2007), Insidious (2010), X-Men: Le Commencement (2011), Les Stagiaires (2013).) et l’excellent Seth Rogan (40 ans, toujours puceau (2005), Délire Express (2008), C'est la fin (2013)…)et dans un contre-emploi, Zac Efron trouve ici l’un de ses meilleurs rôles.

Mes pires voisins est l’exemple parfait des comédies américaines que nous aimerions voir plus souvent dans nos salles. Parfait défouloir contre ses voisins manquant cruellement de respect envers leur voisinage, ce film s’impose comme la comédie de l’été avec l’incontournable 22 Jump street. Tant que des scénaristes continueront à nous proposer des scripts solides et de rivaliser en audace et originalité, les comédies américaines continueront à nous faire rire et à nous interpeller.

Vu le 29 août 2014 au Gaumont Disney Village, Salle 14, en VF

Note de Mulder: