Grand Homme (Le)

Grand Homme (Le)
Titre original:Grand Homme (Le)
Réalisateur:Sarah Leonor
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:13 août 2014
Note:

Détachés en Afghanistan pour 6 mois, les légionnaires Markov et Hamilton sont pris en embuscade lors d’une expédition non autorisée par leur hiérarchie. Markov sauve Hamilton, grièvement blessé par des tirs rebelles, mais quitte la Légion sans les honneurs. De retour à Paris, Hamilton, convalescent, souhaite rester légionnaire, tandis que Markov, désormais civil et sans papiers, tente de s’en sortir avec son fils Khadji. Hamilton prête son identité civile à son ami tchétchène, pour qu’il puisse travailler légalement. Mais un jour, Markov disparaît, laissant Hamilton désorienté et Khadji seul au monde. 

Critique de Mulder

A Tobias,
 
L’un de mes meilleurs amis et avec lequel j’ai la chance de pouvoir travailler sur notre site avait fait pour valider sa maîtrise Etudes Cinématographiques et Audiovisuelles un mémoire sur la présentation de la légion étrangère au cinéma. On pourra ainsi citer notamment les films La Bandera (Julien Duvivier, (1935)), Fort Saganne (Alain Corneau, (1980)),  Les Morfalous (Henri Verneuil, (1984)) et Légionnaire (Peter MacDonald, (1999)). Pourtant le nouveau film co-scénarisé et réalisé par Sarah Leonor préfère montrer cette légion à travers la destinée de deux frères d’arme.  Michaël Hernandez dit Hamilton (Jérémie Renier) et  Surho Sugaipov dit Markov (Murad Masaev) sont deux légionnaires qui suite à une expédition non autorisée par la hiérarchie vont être pris en embuscade. Hamilton sera admis dans un hôpital parisien en convalescence tandis que Markov sera obligé de quitter la légion sans les honneurs et sans papier et retournera également sur Paris pour tenter de survivre avec son fils. 
 
Sarah Leonor fait partie de ces trop rares réalisateurs français capables de redonner une réelle consistance à notre cinéma hexagonale. Loin de vouloir faire un cinéma commercial vide de sens et d’ambition, elle préfère utiliser ses films comme moyen d’expression. Porté par l’interprétation une nouvelle fois parfaite de Jérémie Rénier  (Président (2005), Le gamin au vélo (2011), Cloclo (2012)) ..), ce film permet de traiter de différents thèmes importants comme les méfaits de la guerre, les sans-papiers et la précarité, l’amitié et surtout la fraternité et paternité. Tout en nuance et parfaitement maitrisé, Le grand homme est un film passionnant  ne cherchant pas à nous attendrir mais à livrer une histoire très réaliste et portant à la réflexion. 
 
La réalisatrice ne cherche pas forcément à nous présenter un mélodrame mais plutôt à donner aux spectateurs le même plaisir que ceux-ci trouvent à se plonger dans un roman. Les personnages sont ainsi parfaitement définis et présentent une véritable profondeur. En revenant à la source même du cinéma, c’est à dire divertir intelligemment  Sarah Leonor réussit également le pari de faire jouer des comédiens novices (Surho Sugaipov, Ramzan Idiev) face à un comédien caméléon, Jérémie Renier, capable de donner vie à une multitude de personnages. On comprend aisément que contrairement à la plupart des comédiens Jérémie Rénier cherche à travailler avec de véritables réalisateurs (Jean-Pierre et Luc Dardenne, Christophe Gans, Olivier Assayas, Florent Emilio Siri). Son choix d’avoir sélectionné ce film revient non seulement à la présence d’un excellent scénario mais également à une réalisatrice ne cherchant pas la facilité. 
 
On peut ainsi être attiré par des blockbusters américains ou des films d’auteur tant que l’œuvre proposée repose sur une excellente base (un scénario), un casting suffisamment abouti pour donner vie à des personnages et surtout transmettre un véritable message. Le grand homme est donc un de mes coups de cœur de cette année
 
Vu le 12 août 2014 au Gaumont Opéra Capucines, Salle 03 , en VO

Note de Mulder: