Combattants (Les)

Combattants (Les)
Titre original:Combattants (Les)
Réalisateur:Thomas Cailley
Sortie:Cinéma
Durée:98 minutes
Date:20 août 2014
Note:

Après la mort de leur père, deux frères reprennent l’entreprise familiale de menuiserie. Pendant l’été, Arnaud, le cadet, s’était initialement engagé à participer aux chantiers en cours. Jusqu’au jour où il rencontre Madeleine à la plage, lors d’une séance d’auto-défense organisée par l’armée. Il remporte la victoire dans cette première confrontation. Mais quand il revoit cette fille un peu folle, au moment où il doit construire une cabane dans le jardin de ses parents, il décide de se projeter autrement dans l’avenir. Malgré les réserves de sa famille, il suit Madeleine dans un stage d’entraînement militaire.

Critique de Tootpadu

Dans ce premier film, on n’est pas tendre avec les animaux : un poisson y est passé au mixeur, un furet risque de se noyer dans la piscine, des poussins sont décongelés au micro-ondes et un renard est pris au piège avant d’être consommé. Et pourtant, Les Combattants dégage un charme irrésistible. Cette bouffée d’air fraîche résulte à la fois du je-m’en-foutisme propre à l’adolescence et d’une sensibilité accrue de la part du réalisateur Thomas Cailley, jamais prise en défaut lorsqu’il s’agit de ramener d’une main ferme les aberrations des personnages à une forme plus pragmatique de la réalité. Le scénario s’emploie ainsi avec une finesse appréciable à donner un second souffle au thème éculé de la perte de l’innocence à l’approche de l’âge adulte. Ici, ce passage douloureux célèbre la différence – aussi farfelue soit-elle – au lieu d’aspirer avant l’heure à la chape de plomb du conformisme, qui rattrapera bien assez tôt Arnaud et Madeleine.

Ce qui ne signifie nullement que ce couple mal assorti se nourrit en attendant d’un idéalisme naïf. Mieux vaut en effet être préparé à toutes les éventualités néfastes, qui peuplent désormais les projets d’avenir d’une jeunesse en proie au désespoir. Le fait d’appartenir à une unité d’élite de l’armée française ne relève plus de la fierté nationale, mais de la nécessité de connaître les astuces pour survivre quand l’apocalypse arrivera. Les perspectives professionnelles paraissent tout aussi bouchées dans un pays, où McDo est le plus grand employeur, juste avant cette nébuleuse militaire, qui bénéficie presque d’une publicité gratuite à travers la mise en avant de ses programmes de recrutement. A notre soulagement, l’attrait d’une vie en uniforme finit par être tourné en dérision, au plus tard lorsque des considérations romantiques prennent le dessus sur des jeux de reconnaissance territoriale bâclés. Mais là encore, le regain en autonomie et en liberté de penser et d’agir ne tarde pas à se transformer en une sorte de piège, dont les deux personnages principaux ne s’échappent in extremis que grâce à une intervention quasiment divine.

L’ingéniosité et la sincérité de la narration resteraient lettre morte, si elles n’étaient pas portées par l’interprétation remarquable de Adèle Haenel et, surtout, Kévin Azaïs. Alors que la première campe courageusement un garçon manqué quand même un peu illuminé, le premier sait nous subjuguer par sa candeur, dont le but ultime est l’amour d’une femme, qui a plein d’autres choses en tête avant de penser à l’attirance charnelle et sentimentale.

 

Vu le 28 août 2014, au Louxor, Salle 1

Note de Tootpadu: