Cold in july

Cold in july
Titre original:Cold in july
Réalisateur:Jim Mickle
Sortie:Cinéma
Durée:110 minutes
Date:31 décembre 2014
Note:

En 1989 au Texas, Dane surprend un inconnu chez lui en flagrant délit de cambriolage. Il le tue accidentellement, au grand soulagement de la police locale qui l’identifie comme Freddy Russel, un malfaiteur activement recherché. Alors que Dane ne tire aucun orgueil de son acte, il est presque célébré comme un héros dans son village. Il se résout à assister de loin à l’enterrement de Freddy, aussi pour voir si son père, tout juste sorti de prison, y fait une apparition. Le vieil homme y menace ouvertement Dane et sa famille, un harcèlement qui prend des traits de plus en plus extrêmes.

Critique de Tootpadu

La violence emprunte une spirale vertigineuse dans le quatrième film du réalisateur Jim Mickle. D’abord une anomalie accidentelle qui vient perturber la quiétude du foyer familial, elle s’affirme de plus en plus outrageusement au fur et à mesure que le protagoniste s’investit dans une croisade meurtrière qui n’est pas la sienne. Le premier coup de feu dans Juillet de sang part presque malgré lui, une erreur lourde de conséquences dont les traces déplaisantes sont effacées sans tarder par le biais d’une mobilisation totale des moyens d’harmonisation à la disposition du couple respectable. Quant au dernier, il achève un bain de sang qu’aucun coup de peinture et aucun rachat de canapé à motif floral ne pourra faire oublier. Cet engrenage implacable est au cœur d’un récit nullement avare en revirements surprenants.

Le fait que l’action se déroule à la fin des années 1980 pourrait d’abord laisser croire que l’on se trouve face à l’un de ces thrillers de vengeance à la mode à ce moment-là, où la normalité apparente du quotidien du protagoniste est durablement pervertie par l’intrusion d’un élément psychopathe. Jusqu’à un certain point, plus précisément jusqu’à ce que Dane séquestre le vieux Russel dans la cabane isolée de son père, tout contribue à créer cette illusion. Les impulsions viscérales de peur et de haine qui gouvernaient jusque là les actions de ces deux adversaires catégoriques passent alors par une cure de raisonnement implacable, une confrontation aux faits à l’issue de laquelle les cartes sont entièrement redistribuées. Les deux camps à première vue mutuellement exclusifs du bon – un trouillard promu malgré lui au rang de héros local – et du méchant – un ex-taulard au comportement clairement menaçant – s’engouffrent par la suite dans un curieux processus de métissage. Dès lors, plus rien ne sera comme avant, même si l’enquête commune improbable conserve une exigence morale aiguë.

La complexité narrative du récit s’accompagne d’une tension omniprésente. Bizarrement, cette dernière ne va guère crescendo, mais dessine une courbe en mouvement parallèle aux prises de position successives du protagoniste. Dane ne s’engage pas avec enthousiasme dans cette recherche de justice à l’écart des canaux officiels, mais il ressent vivement le besoin de clôturer cette affaire qui lui est tombé dessus tragiquement. Le contre-emploi des trois comédiens principaux, Michael C. Hall, Sam Shepard et Don Johnson, tous excellents, contribue à maintenir cette ambiguïté de l’engrenage violent. Celle-ci aurait pris sans doute un aspect plus outrancier, moins finement ciselé, chez un réalisateur au vocabulaire filmique moins subtil que Jim Mickle.

 

Vu le 7 septembre 2014, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu: