Uncertain terms

Uncertain terms
Titre original:Uncertain terms
Réalisateur:Nathan Silver
Sortie:Cinéma
Durée:72 minutes
Date:00 2014
Note:

Robbie, un trentenaire en pleine crise conjugale, s’installe chez sa tante Carla à la campagne. Il effectuera des travaux de bricolage dans le foyer d’accueil pour adolescentes enceintes qu’elle y gère. Alors que sa femme Mona n’arrête pas de le harceler par téléphone, Robbie se sent de plus en plus proche de Nina, une des rares pensionnaires qui a un petit ami. Face à l’irresponsabilité de ce dernier, elle décide à son tour de se rapprocher de Robbie.

Critique de Tootpadu

Le début de la semaine, lorsque les festivaliers-vacanciers ont quitté les lieux, rime souvent à Deauville avec l’arrivée des films issus de la production américaine indépendante pure et dure. Comme celui-ci, le quatrième du réalisateur Nathan Silver qui se conforme un peu trop docilement à l’image que l’on se fait de ce cinéma marginal. Le sujet traité dans Uncertain terms ne manque ainsi pas d’intérêt. Mais le traitement formel est symptomatique d’un langage formel rudimentaire, qui peine à cacher les impératifs budgétaires draconiens avec lesquels ces films produits avec une somme d’argent dérisoire doivent généralement s’accommoder. A d’autres la logique bornée du tiroir-casse, car le talent de conter des histoires avec une caméra ne dépend pas systématiquement des sommes engagées. Mais dans le cas présent, les enjeux sont vraiment trop minimes pour qu’on s’y intéresse outre mesure.

Le seul aspect réussi du film est le cadre inhabituel de l’intrigue : un refuge pour jeunes filles tombées enceinte par inadvertance. Le point de vue est certes un peu embrouillé, puisque la narration devient vite infidèle à la fille dont nous accompagnons l’admission, ainsi qu’aux interventions à caractère maternel de Carla. Mais les confidences de ces filles mises à l’écart par leurs familles reflètent le malaise social que ce tabou provoque jusqu’à ce jour aux Etats-Unis. Aucune d’entre elles n’est une sainte, mais la situation fort compliquée dans laquelle leur grossesse les a précipitées est quelque peu éclairée par l’apparition timide et bienveillante de leur instinct de futures mères précoces. Si le récit avait davantage poursuivi cette vocation de pamphlet social en faveur des parias d’une société bien pensante qui prône une structure familiale atrocement anachronique, il nous aurait été plus facile de faire abstraction de sa facture modeste.

Hélas, la perspective principale du film est celle de Robbie, finalement le moins adulte des personnages, à l’exception de son cousin interprété par le réalisateur en personne. Le protagoniste ne sait pas sur quel pied danser face aux opportunités risquées qui se présentent à lui. Rien de préjudiciable à cet état de flottement, si ce n’est que Robbie se décide en fin de compte pour la voie la plus aberrante. C’est exactement cette décision, de tenter malgré tout sa chance avec Nina, qui manque cruellement de force de conviction. Pire encore, à partir de son aveu d’affection trop tardif pour renverser la tendance contraire à ses envies, le personnage affiche un comportement de plus en plus illogique, jusqu’à entraîner le film dans son ensemble dans sa perte. Une mise en scène plus affirmée aurait éventuellement pu s’y opposer, mais le style trop sage de Nathan Silver est une proie trop facile pour un tel égarement scénaristique.

 

Vu le 8 septembre 2014, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

En général pendant le festival du cinéma américain de Deauville nous avons rarement de mauvaises surprises. Pourtant, le quatrième film de Nathan Silver après The Blind (2009), Exit Elena (2012), Soft in the Head (2013) n’arrive pas à nous convaincre ni à nous captiver. Certes le cinéma underground américain n’est pas toujours facile d’accès et ce film concernant un foyer d’accueil pour adolescentes enceintes semble dénué de tout enjeu.
 
Nous sommes pourtant autant captivés par les productions hollywoodiennes que par le cinéma indépendant. Les deux doivent reposer sur d’excellents scénarios et témoigner d’un soin constant avec plus ou moins de budget. Le cinéma ne peut pourtant pas être limité à sa valeur commerciale et le cinéma indépendant continu à nous enthousiasmer. Ce film semble dépourvu de ressort et ne semble avoir comme volonté du réalisateur que de nous livrer un film prônant un style naturaliste. Certes, le réalisateur nous livre un film avec des comédiens non professionnels et tente de tirer le meilleur d’eux-même mais cela ne suffit pas à nous convaincre que cette forme de cinéma artisanal puisse réellement trouver sa place dans le paysage cinématographique.
 
Vu le 08 septembre 2014 au C.I.D., Deauville, en VO)

Note de Mulder: