War story

War story
Titre original:War story
Réalisateur:Mark Jackson
Sortie:Cinéma
Durée:89 minutes
Date:00 2014
Note:

La photographe de guerre américaine Lee s’installe dans un hôtel en Italie, après que son partenaire Mark a été exécuté lors de leur dernier reportage. Elle essaye d’y faire son deuil, seule et coupée du monde. Quand elle recommence de prendre des photos près d’un camp de réfugiés, elle y aperçoit une jeune femme qui ressemble beaucoup à l’un de ses sujets en Libye. Elle la croise à nouveau à l’hôpital, où Lee s’était rendue pour faire soigner les séquelles des sévices subis pendant son dernier voyage. La photographe finit par devenir l’amie de Hafsia, une Tunisienne enceinte qui veut avorter le plus vite possible, avant de poursuivre son périple vers la France.

Critique de Tootpadu

Les films qui commencent avec un saut dans le vide courent toujours le risque de frustrer irrémédiablement le spectateur. Nos habitudes de réception des récits cinématographiques exigent pratiquement d’en savoir assez sur l’intrigue pendant les premières minutes de film pour établir une base d’identification minimale avec les personnages et une compréhension rudimentaire des enjeux qui les réunissent. Dans l’absence de ces informations vitales pour une structure narrative conventionnelle, la probabilité de décrocher est trop grande pour inverser la tendance, une fois que l’action à proprement parler commence. Le deuxième film du réalisateur Mark Jackson prend ce risque important. Les longues séquences pendant lesquelles nous sommes réduits à observer le personnage principal de War story se morfondre en silence dans sa douleur mettent ainsi à rude épreuve notre patience. En même temps, c’est une façon exigeante de faire le vide à la fois autour de Lee et autour de notre empressement de tout savoir tout de suite.

Cette cure d’austérité formelle a en effet pour bénéfice de nous rendre plus sensibles quant aux états d’âme de la photographe de guerre, qui trimbale avec elle des traumatismes jamais platement explicités. Les détails des événements tragiques qui l’ont incitée à se réfugier en quelque sorte en Italie ne comptent guère pour la suite de l’intrigue. Les fausses retrouvailles avec Hafsia changent la donne : elles lui confèrent une urgence pour la vie, qui remplace le regret morne de la mort. Bien sûr, une part de désespoir persiste dans la complicité entre les deux femmes, surtout à cause de l’avortement obtenu seulement dans l’illégalité. Et puis, Mark Jackson n’est nullement un colporteur de messages optimistes et édifiants. La relation d’entraide se rompt par conséquent aussi vite qu’elle s’était créée, dans un contexte international qui voit une migration inouïe des populations déplacées en raison d’une prolifération inquiétante de conflits armés.

La simplicité peu orthodoxe de la narration se retrouve du côté de l’interprétation. Ainsi, le choix des comédiens s’avère aussi curieux que concluant : Catherine Keener porte pour une fois un premier rôle tout en nuances intériorisées / Ben Kingsley a dû jouer assez de méchants caricaturaux dans des superproductions pour pouvoir se permettre de revenir enfin à l’expression la plus noble et sobre de son métier / notre Hafsia Herzi nationale gagne doucement en maturité. Grâce à l’intensité sourde des personnages et à une mise en scène qui garde une distance de pudeur notable à leur égard – jamais plus poignante que lors de ce long plan fixe dans le salon d’Albert, l’ancien collègue de Lee –, ce film nous donne in extremis raison d’avoir été patients à son égard. La récompense y arrive certes tardivement, mais c’est justement ce refus de céder aux ficelles de la manipulation sentimentale qui le rendent si beau et exigeant.

 

Vu le 12 septembre 2014, au Casino, Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

War Story est le premier film réalisé et co-scénarisé par Mark Jackson. Il s'attache à mettre en scène une photographe de guerre, Lee, qui après avoir été prise en otage en Lybie décide de s'isoler dans un hôtel en Sicile. Elle fait la rencontre dans la rue de Hafsia, une jeune immigrée tunisienne qui cherche à rejoindre la France. Lee va voir en elle le reflet d'une jeune lybienne qu'elle a rencontré avant d'être prise en otage. Elle va donc décider l'aider,

Le souci principal avec ce premier film est le manque d'ambition et l'impression que les deux scénaristes en voulant rendre hommage aux photographes de guerre n'ont pas réussi à rendre réellement  l'impression de souffrance  des grands reporters. Nous sommes donc très loin d'un Salvador de Oliver Stone non seulement du point de vue de la réalisation mais également d'une intrigue trop linéaire pour plaire,

On ne retiendra que la présence de la comédienne Catherine Keener dans le rôle principal et de Ben Kingsley dans un second rôle réussi mais trop court. Cela reste insuffisant pour un film de cinéma dont le prix d'une séance approche les quinze euros .

Vu le 08 septembre 2014 au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: