Gone girl

Gone girl
Titre original:Gone girl
Réalisateur:David Fincher
Sortie:Cinéma
Durée:149 minutes
Date:08 octobre 2014
Note:

Le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne ne trouve plus sa femme Amy quand il rentre chez lui. A cause de signes de lutte inquiétants, il prévient la police locale. Alors que celle-ci prend cette affaire très au sérieux, les parents de la disparue organisent sans tarder une recherche nationale pour retrouver Amy. Nick fait son devoir de mari pendant cette enquête fiévreuse, tout en affichant un certain détachement. Une attitude qui lui attirera les foudres des médias et les suspicions des forces de l’ordre. Il n’est pourtant pas le seul à cacher des éléments cruciaux dans cette disparition, qui met sur la place publique une vie conjugale loin d’être parfaite.

Critique de Tootpadu

Le nouveau film de David Fincher change si souvent de direction qu’on finit par ne plus trop savoir à quoi s’en tenir. Est-ce un thriller haletant au cours duquel la culpabilité de l’assassin présumé sera établie ? Ou bien s’agit-il d’un règlement de compte acerbe avec la version typiquement américaine de ces institutions universelles que sont le mariage et les médias ? Il y a en fait un peu de tout cela dans Gone girl, par le biais d’un dosage parfaitement équilibré, qui alterne, mélange et confronte ces enjeux disparates au sein d’un récit fascinant, quoique un peu trop calculateur. Après avoir atteint récemment les sommets de l’art cinématographique, David Fincher revient ici à un niveau plus solide et académique. Il se met au service d’une intrigue aux rebondissements cycliques, tout en restant sensible aux implications plus sournoises de ce crime tordu.

La première partie du film épouse étroitement le schéma du policier conté depuis le point de vue du méchant. Bien que les dispositifs de la narration nous obligent à nous identifier d’emblée au personnage principal, cette relation bascule de plus en plus du côté sombre de ce dernier. Sa part ténébreuse est encore accentuée par la voix d’outre-tombe de sa femme disparue, que l’on entend à travers les monologues issus de son journal intime, a priori le dernier vestige d’une vie de couple autrefois épanouie. Il faudra attendre environ une demi-heure avant que la fausse carapace de respectabilité que Nick affiche en toute circonstance vole en éclats. Mais les indices accablants se sont d’ores et déjà multipliés jusque là. Le ton du film baigne alors dans une ambiguïté joliment perverse, en attendant la rupture inévitable du contrat que nous avons dû conclure à contrecœur avec cet homme fourbe et pour le moins maladroit dans l’interprétation de son rôle de mari meurtri.

Et puis, les certitudes si soigneusement acquises s’effacent brutalement, lors de la première révélation tonitruante de l’intrigue. Le suspense est la première victime irrécupérable de cette redistribution des cartes, puisque les enjeux se sont déplacés sur le terrain malicieux du jeu du chat et de la souris. Notre nouveau référent est encore moins irréprochable, moralement parlant, que Nick. Et pourtant, la narration fort habile ne nous laisse pas d’autre choix que de défendre désormais sa cause, jusqu’à ce que la folie prenne le dessus dans un dénouement qui manque hélas de plus en plus de logique. Au fur et à mesure que la quête de la vérité perd de son importance – et avec elle les repères crédibles dans cette disparition mystérieuse –, l’absurdité de la situation tourne à la grandiloquence, certes assumée, mais aussi en rupture assez fâcheuse avec l’intensité sourde au début de ce film au souffle épique.

Plutôt que de suivre les changements de donne de plus en plus rocambolesques, nous préférons donc nous attarder sur les thèmes plus subtils que le scénario explore en filigrane. A commencer par le regard nullement complaisant sur la société américaine, peuplée de personnages tarés et opportunistes, qui représentent chacun à sa façon un pan d’une hiérarchie aux frontières imperméables. Que ce soit l’opposition entre la ville et la province ou celle encore plus mesquine entre les pauvres locataires d’un camping et les riches qui disposent d’une résidence secondaire équipée des moindres gadgets électroniques, le commentaire social s’avère difficile à ignorer dans le contexte de stéréotypes employés avec une telle insistance. Un constat semblable peut s’appliquer au niveau de l’image publique, véhiculée jusqu’à l’infini par les médias féroces, et les différents degrés de responsabilité qu’elle implique, quitte à devoir maintenir le simulacre d’un mariage aberrant par simple respect du devoir paternel.

 

Vu le 29 septembre 2014, au Publicis Cinémas, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

David Fincher est un orfèvre du septième art cherchant à chaque film à renouveler et dynamiter un genre qu’il s’est réapproprié : le thriller. En dix films exactement et un parcours sans faute, il a pu confirmer un talent immense détecté dès 1992 avec Alien 3 avant d’être consacré dès son second film comme un conteur extraordinaire avec Seven (1995) puis Fight club (1999) et surtout The social network (2010). Son nouveau film Gone girl est l’adaptation cinématographique du best-seller de Gillian Flynn Les apparences. Le scénario du film, chose rare, est signé par cet écrivain, qui en profite pour prolonger son livre par un autre acte. 
 
Ce film est construit tel une fresque en trois parties soit l’enquête, la découverte des faits réels et enfin la démonstration des éléments d’apparences trompeuses. On sent à chaque plan d’une beauté glaciale que le réalisateur aime démonter les valeurs d’une Amérique se voulant être exemplaire. De ce fait, aucun des personnages principaux n’est réellement innocent et le réalisateur en profite aisément pour démonter la puissance des médias de la télévision. On sent clairement que ce n’est pas l’enquête qui est l’attrait principal du réalisateur pour ce roman de Gillian Flynn mais la description d’un milieu huppé prêt à exploser. Pour ce fait, il s’appuie sur un casting parfait composé de Ben Affleck (Nick Dunne), Rosamund Pike (Amy Dunne),  Neil Patrick Harris (Desi Collings),  Tyler Perry (Tanner Bolt).  Mais c’est surtout la comédienne Rosamund Pike souvent habituée à des seconds rôles (Une éducation (2009), Johnny English, le retour (2011), Jack Reacher (2012)) qui s’avère être une révélation remarquable,une comédienne immense interprétant le nouveau visage de la femme fatale manipulatrice, prête à tout et véritable créature vengeresse.
 
Une nouvelle fois, David Fincher ne cherche pas la simplicité et le scénario sur lequel il repose son film tel un virtuose est l’un des plus audacieux découvert cette année. En signant un film digne d’un classique d’Alfred Hitchcock, le réalisateur nous met tout simplement face à un constat glacial d’une société qui a perdu ses racines et préfère se cantonner à un monde illusoire.  Gone Girl s’affirme donc à ce jour comme l’un des films les plus réussis de cette année. Il trouvera parfaitement sa place dans la vidéothèque, parfaite entre Zodiac et Fight Club.
 
Vu le 12 novembre 2014 au Gaumont Disney Village, Salle 15, en VF

Note de Mulder:

Critique de Marty

David Fincher est un des réalisateurs les plus prometteurs du cinéma américain. Ses thrillers sont connus et reconnus pour leur qualité, comme "Seven" ou "Zodiac", et les anciens se rappellent d'"Alien 3" ; dont la version longue offre une réelle évolution, quant à l'histoire qu'au personnage de Miss Ripley. Aujourd'hui, il marque son retour en fanfare avec "Gone Girl" dans lequel il oppose Ben Affleck suspecté du meurtre de sa femme, jouée par Rosamund Pike. 

Le film joue sur l'aspect suspense associé au grand plaisir intrusif des américains où les médias sont omniprésents. Le film est aussi, et surtout, un reflet de leur façon d'être au quotidien. Fincher joue sur le désir des américains de suivre, grâce aux médias, l'enquête, les recherches, les soutiens tout en n'hésitant pas à meurtrir d'autant plus les victimes collatérales. Dans le cadre de Gone Girl, on découvre donc Ben Affleck, professeur et propriétaire d'un bar, ancien écrivain, marié à Rosamund, femme aimante et écrivain talentueuse... C'est ce dernier mot, ou l'une des parties de ce mot, qui fait réagir le spectateur. 

En effet, Ben Affleck a trompé sa femme ; ce n'est ni le premier, ni le dernier ; et celle-ci a orchestré sa propre disparition pour détruire la vie de son mari infidèle. Une histoire, certes connue, mais proposée de telle façon qu'on accroche au film, à ses personnages et on découvre la terrible machination des femmes. On peut alors évoquer l'expression "Tenue par les couilles" sur le rôle de femme forte. 

Malgré un avis dans l'ensemble élogieux, le film traîne sur la longueur et offre un final quelque peu décevant. On comprend l'influence des médias dans les réseaux américains et celle de la Femme dans le couple présenté ici (et ailleurs). Elle y est machiavélique, violente, terrible et dangereuse. Un rôle sur mesure pour Pike, avec son visage d'ange, son corps de déesse et son regard endiablé. Elle ensorcelle Affleck sans qu'il ne soit capable de réagir puisque les médias l'ont pris en grippe... Même si le film n'est pas basé sur des faits réels, on peut facilement imaginé qu'il en est inspiré. 

L'amour rend aveugle...

Vu le 26 Octobre 2014, au Pathé Conflans, en VF

Note de Marty: