Blouses blanches (Les)

Blouses blanches (Les)
Titre original:Blouses blanches (Les)
Réalisateur:Phil Karlson
Sortie:Cinéma
Durée:103 minutes
Date:09 janvier 1963
Note:

Le jeune Dr. David Coleman sent tout de suite qu’il n’est pas le bienvenu dans le service d’anatomie pathologique, où il est censé assister l’expérimenté Dr. Joseph Pearson. Ce dernier est las de devoir se battre contre l’administration hospitalière, afin d’obtenir les fonds nécessaires au bon fonctionnement de son département. Les renforts pourraient le soulager, si son nouveau collègue n’affichait pas si clairement ses ambitions et s’il ne cherchait pas à imposer ses méthodes de travail modernes. Les deux hommes s’affronteront notamment lors des tests à effectuer sur la femme enceinte du Dr. Alexander et au sujet de la thérapie adaptée pour combattre la maladie de l’élève infirmière Cathy, la copine du Dr. Coleman.

Critique de Tootpadu

Le monde médical fait depuis plus d’un demi-siècle les beaux jours des feuilletons à la télévision. Il y est souvent question d’un beau gosse, nouveau dans le service et un peu casse-gueule, qui réussit néanmoins à sauver ses patients et à faire chavirer le cœur des spectatrices, grâce à son professionnalisme à toute épreuve. Il est entouré en toute circonstance de collègues praticiens jaloux et d’infirmières serviles qui confèrent chaque semaine du piquant à des cas de figure dramatiques au schéma plutôt répétitif. Nous gaver devant le petit écran d’épisodes plus ou moins anciens d’« Urgences », « Grey’s Anatomy », « La Clinique de la Forêt-Noire » ou « Docteur Marcus Welby », cela nous permet indirectement de conjurer notre peur viscérale de l’hôpital, un lieu hanté par la souffrance, voire la mort, transformé comme par miracle en arrière-plan d’un mélodrame des plus divertissants. Curieusement, le cinéma rechigne à s’aventurer dans l’univers des bistouris et du bloc opératoire, sans doute aussi pour ne pas trop s’abaisser au niveau de la télévision, considérée historiquement comme une forme de fiction inférieure.

Ce film très solide signé Phil Karlson n’affiche point ce genre de snobisme. Il accepte au contraire pleinement la noblesse de pacotille qui va de pair avec chaque adaptation cinématographique d’un roman de Arthur Hailey. Les enjeux de l’intrigue se situent en effet exclusivement du côté des urgences médicales, tandis que la rivalité entre les générations de médecins se résume rapidement à une différence cordiale d’opinions. Une sagesse un brin affectée régit alors le comportement des personnages, dépeints d’une façon guère réaliste, mais pourtant crédibles dans leurs rôles respectifs de donneurs de leçons ou de réfractaires temporaires au bon sens et à une vision optimiste du progrès. La narration ne fait certes pas d’effort notable pour rendre la thématique morbide de l’anatomie pathologique plus accessible ou compréhensible, préférant s’engager corps et âme sur la voie mélodramatique de l’histoire. Cependant, elle ne met pas non plus ces hommes de science sur le piédestal du savoir infaillible, grâce à quelques revirements mineurs qui soulignent à quel point la médecine aux Etats-Unis au début des années 1960 était plus une question d’appréciation personnelle que de certitude empirique.

Enfin, la sobriété de la mise en scène évite adroitement tout débordement sentimental, un risque sérieux à courir dans pareil cas d’emphase édifiante. La partition musicale de Elmer Bernstein fait de même preuve d’une retenue appréciable, accompagnant délicatement l’exemplarité des Blouses blanches. Ces dernières sont interprétées avec une certaine pudeur – peut-être l’aspect le plus gentiment vieillot du film – par des comédiens éprouvés comme Frederic March et Aline MacMahon, ainsi que de jeunes talents à la suite de carrière plus ou moins heureuse comme Ben Gazzara, Ina Balin et George Segal.

 

Vu le 5 novembre 2014, à la Cinémathèque Française, Salle Georges Franju, en VO

Note de Tootpadu: