White god

White god
Titre original:White god
Réalisateur:Kornel Mundruczo
Sortie:Cinéma
Durée:121 minutes
Date:03 décembre 2014
Note:

A cause d’un déplacement professionnel de sa mère en Australie, l’adolescente Lili devra vivre pendant trois mois chez son père. Elle serait plus ravie de cet arrangement, si elle sentait que son chien, le bâtard Hagen, y était le bienvenu. Or, à cause d’une lourde taxe qui pèse sur les chiens qui ne sont pas de race, le père aimerait bien s’en débarrasser tôt ou tard. Quand Lili est exclue de l’orchestre où elle joue la trompette, parce qu’elle a amené Hagen à une répétition, le chien est abandonné par son père au bord de la route. Sa jeune propriétaire jure de le retrouver. Mais les semaines passent sans qu’elle n’en ait de nouvelles.

Critique de Tootpadu

Brigitte Bardot n’approuverait pas ce film hongrois. Nous non plus, d’ailleurs, mais sans doute pas pour les mêmes raisons. Car la maltraitance des animaux y est abordée sur le ton d’une métaphore de plus en plus bancale, au fur et à mesure que les bêtes prennent le pouvoir. Alors que l’actualité fournit hélas une matière d’indignation abondante et sans cesse renouvelée contre les aberrations politiques en Hongrie – la dernière en date étant cette taxe insensée sur l’usage d’internet –, la façon très indirecte dont s’en préoccupe White god a sérieusement peiné à nous convaincre. Le mélange étrangement rigide des genres y tend à dérouter le récit. Ce dernier aurait au contraire eu besoin de s’affranchir des poncifs divers qui le plombent, afin d’aboutir à un regard neuf et vigoureux sur une société en crise. En fin de compte, le prologue est d’ores et déjà la première et seule partie prometteuse du film. Comme dans un rêve sombre d’anticipation, le personnage principal y parcourt une ville déserte sur son vélo, pour finir d’être pourchassé par une meute de chiens sauvages.

Cette vision apocalyptique ne trouvera malheureusement guère d’écho par la suite, puisque le réalisateur Kornel Mundruczo choisit très vite d’abandonner cet univers cher à Danny Boyle, au profit d’une approche plus en phase avec les aventures familiales et animalières de certaines productions Disney. En effet, le dilemme au cœur du scénario se réduit rapidement à une misérable peau de chagrin, consistant en la lutte assez molle de Lili pour retrouver son chien, pendant que celui-ci vit un enfer truffé de clichés sous la main de ses nouveaux propriétaires cruels. Toutefois, le pire est encore à venir, sous forme d’une riposte canine risiblement disproportionnée. Difficile à dire, en fait, ce qui nous exaspère le plus : quand les cinéastes tentent d’attribuer des traits humains aux animaux, au point de leur donner la parole par le subterfuge de la voix off, voire de les faire communiquer entre eux sur un mode bêtement calqué sur le nôtre, ou bien, comme dans le cas présent, lorsque une force mystérieuse anime leurs actions, qui rentrent néanmoins dans une logique complètement dépourvue de caractéristiques bestiales.

Quelques revirements abracadabrants au fil de la dernière partie de l’histoire ont fini par effacer le peu d’admiration qu’avait suscité chez nous l’exploit bluffant du dressage de centaines de chiens. Tandis que le cinéma hollywoodien aurait certainement fait appel à des magiciens d’effets spéciaux pour créer ces clebs enragés, le choix de tourner les attaques et les déplacements à l’ancienne, c’est-à-dire sans trucage apparent, apporte au moins un cachet technique à ce film, qui hésite sinon beaucoup trop sur sa raison d’être pour justifier un tel dévouement de la part des dresseurs et des acteurs à quatre pattes.

 

Vu le 17 novembre 2014, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: