Tusk

Kevin Smith depuis Red State (2011) semble vouloir abandonner la réalisation de comédies américaines (Méprise multiple (1997), Clerks 2 (2006), Zack et Miri font un porno (2008)) pour aborder un cinéma plus sérieux et nettement plus pessimiste. Tusk témoigne une nouvelle fois de la volonté du réalisateur et scénariste de proposer un film horrifique et différent. La source du scénario remonte à l’épisode The walrus & The Carpenter de la série de podcast SModcast, créée par Kevin Smith et l’un de ses amis.

Dans ce film, un podcasteur américain cherchant un scoop décide de se rendre au Canada pour interviewer un jeune homme. Malheureusement, celui-ci est déjà mort quand ce podcasteur arrive. Pour pallier à cela, il décide alors de partir àla rencontre d’un tétraplégique reclus dans son immense propriété. Ce dernier se révèle être non seulement pas tétraplégique mais surtout un dangereux psychopathe cherchant à transformer ses victimes en morse. Cette histoire rappelle par certain côté le film The Human Centipede (2009) de Tom Six mais en appuyant plus sur la comédie que sur un aspect horrifique pur. Certes, nous sommes loin des comédies qui ont fait connaître le réalisateur Kevin Smith mais on reconnaît ici sa volonté de s’appuyer sur un casting intéressant (Justin Long, Haley Joel Osment, Genesis Rodriguez, Johnny Depp…). On reconnaîtra également dans le personnage interprété par Johnny Depp, le détective Guy LaPointe, toute l’excentricité des personnages créés par Kevin Smith (le rôle avait été proposé initialement à Quentin Tarantino) et surtout à quel point ce comédien peut s’avérer parfait pour personnifier des rôles loufoques.

Alors que le réalisateur Kevin Smith pourrait continuer à signer des comédies grand public, on sent que celui-ci semble nettement plus intéressé à réaliser des films expérimentaux. Red State en 2011 avait déjà témoigné de cette idée et Tusk l’enracine totalement. Faire un film sur un psychopathe transformant ses victimes en morse il fallait déjà l’oser mais réussir à capter l’attention de comédiens nettement plus attirés par un cinéma traditionnel, il fallait une certain audace. Kevin Smith réussit donc son pari et nous livre un film perturbant, bizarre et tellement grotesque qu’on ne peut que le soutenir. Certes, on ne perd pas l’espoir que ce brillant réalisateur reviendra un jour à nous proposer des comédies irrésistibles voire nous proposer son film de super-héros..

Vu le 23 novembre 2014 au Gaumont Opéra Capucines, Salle 01, en VO

Note de Mulder: