Exodus: Gods And Kings

Exodus: Gods And Kings
Titre original:Exodus: Gods And Kings
Réalisateur:Ridley Scott
Sortie:Cinéma
Durée:150 minutes
Date:24 décembre 2014
Note:

L’histoire d’un homme qui osa braver la puissance de tout un empire. Ridley Scott nous offre une nouvelle vision de l’histoire de Moïse, leader insoumis qui défia le pharaon Ramsès, entraînant 600 000 esclaves dans un périple grandiose pour fuir l’Egypte et échapper au terrible cycle des dix plaies.

Critique de Mulder

Rares sont les films récents s’imposant comme des modèles du genre qui  nous renvoyent à un âge d’or révolu du cinéma à grand spectacle. Après les dix commandements de Cecil B. DeMille  (1956), le film d’animation Le Prince d’Égypte de Steve Hickner, Simon Wells, Brenda Chapman (1998). Ridley Scott nous livre donc sa version de l’histoire de Moïse et de la chute du pharaon Ramsès. En cette fin d’année tourmentée, Exodus: Gods And Kings est donc un nouveau chef d’œuvre à porter à la longue filmographie du réalisateur et producteur Ridley Scott. 
 
Aussi à l’aise à mettre en scène des films de science-fiction (Alien, le huitième passager (1979), Blade Runner (1979), Prometheus (2012)), que des thrillers implacables (Black Rain (1989), American Gangster (2007)), c’est surtout dans les fresques spectaculaires que le génie visuel et son talent de conteur témoignent à quel point le metteur en scène Ridley Scott s’impose comme l’un des plus grands. Après Gladiator (2000) et plus récemment Robin des Bois (2010), Ridley Scott nous livre tout simplement un film au souffle épique mais surtout porté par un casting impressionnant.
 
Reposant sur un scénario écrit par Steven Zaillian (Mission : Impossible (1996) , American Gangster (2007), Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes (2011), Le Stratège (2011) et épaulé par trois autres scénaristes Adam Cooper, Bill Collage (Détour mortel (2003), Admis à tous prix (2006)), Jeffrey Caine (Goldeneye (1995), The Constant Gardener (2005)), le film revisite une histoire au fondement de notre société. Il ressort du scénario une volonté de faire un film réaliste et prônant plus une approche scientifiquement plausible que témoignant de l’existence d’un Dieu tout puissant. De ce fait, le réalisateur Ridley Scott fait de Exodus : Gods And Kings l’histoire d’un homme né esclave, ayant grandi dans le mensonge puis ayant retrouvé la foi pour mener un peuple d’esclaves en dehors des frontières de l’Egypte. Par cette approche le film nous rappelle la tragédie du général romain Maximus dans Gladiator. Les dix plaies de l’Egypte sont traitées de manière réaliste. De la même manière la traversée de la mer rouge est montrée de manière plausible (passage dans un delta du Nil)). Le personnage de Moise se voit donc défini comme un être tourmenté qui ayant subi un choc traumatisant se voit capable d’échanger avec un Dieu (définit ici comme un simple enfant).
 
Pour réussir un tel film, il fallait un comédien aussi à l’aise dans des scènes dramatiques que dans des scènes d’action, très nombreuses ici. Ridley Scott trouve ici dans le comédien Christian Bale l’interprète parfait pour donner une consistance à ce personnage biblique. Par sa filmographie parfaite, ce grand comédie a su interprèter  des rôles impressionnants (American Psycho (2000), The Machinist (2004), Bad times (2005), Fighter (2010)) et surtout par sa collaboration avec Christopher Nolan au travers quatre films s’imposer tout simplement comme l’un des plus grands comédiens britanniques actuels (Le Prestige (2006), trilogie Dark Knight (2005-2012)). Plus attiré par les rôles difficiles et tortueux, sa prestation dans Exodus: Gods And Kings est remarquable et impressionnante. Le casting relatif aux autres rôles permet de retrouver des comédiens appréciés et reconnus tels que sont Joel Edgerton, John Turturro, Aaron Paul, Sigorrney Weaver et Ben Kingsley
 
Ridley Scott avec Exodus: Gods And Kings ressuscite le Péplum et nous livre un film dépassant notre attente par sa portée universelle, son traitement parfaitement en phase avec la narration.  Une telle réussite est trop rare actuellement pour ne pas être soulignée et applaudie
 
Vu le 01 décembre 2014  au Club de l’Etoile , en VO et 3D

Note de Mulder:

Critique de Balrog

L’Exode : ce récit biblique est l’un des plus importants passages de l’histoire qui marquera à jamais la tradition du peuple hébreu. Ce récit fut adapté plusieurs fois au cinéma. On se souvient du film “Les 10 commandements” sorti sur les écrans en 1956 et réalisé par Cecile B. DeMille avec Charlton Heston dans le rôle de Moïse. Sous les caméras de Ridley Scott, l’Exode s’articule autour d’un axe majeur : la libération d’un peuple opprimé. Le réalisateur filme la fuite des hébreux avec une telle dynamique et une telle ampleur que l’action ne peut pas passer inaperçue. Les esclaves s'imposent en nombre. Le spectateur en découvre un peu plus à mesure que les minutes passent jusqu’au climax : la libération. Ils affluent en masse aux portes de la cité de Memphis pour fuir leur condition d’esclaves. Mais d’où sortent-ils ? C’est à se demander comment ils n’ont pas pris le dessus grâce à leur supériorité numérique. A ce propos, des recherches et des rapports historiques démontrent l’absence de preuves d’un exode d’esclaves d’une telle ampleur. Au mieux, les témoignages parlent de “petits” groupes d’esclaves ayant voyagé vers les terres de Canaan et à des périodes différentes, donc en nombre insuffisant à chaque fois pour permettre de laisser des traces dans l’histoire de l’Egypte au XIIIème siècle avant notre ère. D’autant plus que Canaan était à cette époque sous la souveraineté du pharaon d’Egypte. Il est dommage de constater que, depuis les premières versions cinématographiques, aucun réalisateur n’a eu l'audace de traiter le sujet avec plus de véracité historique. Ici, Ridley Scott propose un point de vue classique qui colle avec l'interprétation biblique - Celle qui a forgé notre connaissance de ce récit héroïque, néanmoins incertain.

Moïse interprété ici par Christian Bale apparaît sous les traits d’un bellâtre qui, avec force et bravoure, ne tarde pas à s’opposer au pharaon. Il n’est pas seulement la figure emblématique, le guide spirituel, le grand libérateur dont tout le monde parle, il est aussi un grand soldat rompu au combat et à l’art de la guerre. Pourquoi pas ! Il n’est pas consigné dans les écrits qu’un tel homme n’ai pas eu accès à un tel entraînement physique dont il tire les bénéfices. D'autant qu'à cette époque, les personnes de haut rang apprenaient le maniement des armes, les stratégies militaires en plus de la culture des peuples et de leurs histoires. Ridley Scott ne déroge pas aux réalités historiques concernant la supposée vie de Moïse à la cour du pharaon. Tous les éléments narratifs sont présents : son origine, ses relations avec les différents protagonistes, la "révélation" et sa mission. N'oublions pas que Moïse est porteur de la parole de Dieu. Et de ce côté-là, Christian Bale s'en tire avec les honneurs en endossant proprement son rôle. Il possède à la fois la force et la fragilité nécessaires pour jouer ce personnage biblique. Cet acteur a coutume d'incarner des personnes dont la présence forte et fragile à la fois ne manque pas de nous émouvoir et de nous alerter (American psycho - 2000, Equilibrium - 2002, The Machinist - 2004, The Dark Knight - 2008, Fighter - 2010...) Imaginez que Dieu vous parle un jour et vous charge d'une lourde tâche, comme libérer un peuple accablé par des années de servitudes. Il ne faut pas que des nerfs d'acier, mais aussi une grande force psychologique. Mais cette force n'est pas exempte de fébrilité, de doute, de questionnement de soi. Christian Bale présente toutes ces qualités à la fois. Moïse est un personnage à la fois déterminé et perturbé par les révélations du Seigneur.

Ridley Scott propose, dans cette version revisitée de l'Exode, une approche plus plausible des "interventions divines". La mère rouge qui se retire pour laisser passer le peuple conduit par Moïse s'apparente à un phénomène de marées ou encore la scène du décalogue (les 10 commandements) qui s'impose le plus simplement possible. En outre, l'apparition de Dieu en chair et en os renforce le caractère réel et existant d'une "puissance supérieure". Tous ces éléments participent à une narration plus empirique et Ridley Scott filme de manière habile tous ces évènements. L'occasion pour le réalisateur de capter l'esprit des spectateurs les plus dubitatifs et de permettre un double arbitrage. Il nous livre la possibilité de croire au destin hors du commun d'un homme et de son peuple touchés par la grâce du tout puissant ou bien d'un peuple poussé par la bravoure et l'esprit fertile d'un homme ordinaire.

Malgré une approche nouvelle, néanmoins, respectée du récit biblique, une interprétation sur mesure pour Christian Bale, une lecture à double sens et des effets spéciaux fascinants (sublimés par une 3D correcte), EXODUS : GODS AND KINGS ne parvient pas à couper le souffle par sa narration. Une ambiance perfectible plane sur ce film du début à la fin. Ridley Scott nous livre une construction un peu trop généraliste et le spectateur risque d'en vouloir plus. Les perspectives architecturales et les vastes étendues désertiques impressionnent mais la fascination pour le spectateur s'arrête là. Le film manque souvent de solides informations et d'échanges entre les personnages pour conserver une dynamique et une atmosphère haletante.

 

Vu le 08 décembre 2014 au MK2 Quai de Seine, en VO et 3D

Note de Balrog:

Critique de Marty

Âgé de 77 ans, le réalisateur Ridley Scott est un magicien dont on se délecte de visionner les longs métrages. Je garde en mémoire des films comme Alien, le huitième passager en 1979, Blade Runner en 1982, Black Rain en 1989, Thelma et Louise en 1991, 1492 : Christophe Colomb en 1992, Gladiator en 2000, La Chute du faucon noir en 2001 ou Robin des Bois en 2010 et Prometheus en 2012. Et ce n'est qu'une partie de sa filmo où je passe sur Mensonges d'Etat, American Gangster, Hannibal ou Les Associés qu'il était venu présenté à Deauville en 2003. Les acteurs se battent pour en être et comme bien souvent, le casting est aussi impressionnant qu'alléchant ! Pour cette année 2014, le réalisateur Britannique, s'attaque à la Légende de Moïse et Ramsès. Un pari osé dans lequel il recrute Christian Bale, Joel Edgerton, John Turturro, Aaron Paul, Sigourney Weaver et Ben Kingsley. 

Tourné au Mexique, le film évoque la rivalité entre Ramsès et Moïse durant l'époque de l'Ancien Testament. Il évoque aussi les dix plaies d'Egypte et l'écriture des tablettes comprenant les tables de loi (10 commandements) sur lesquelles Dieu a gravé le Décalogue remis à Moïse. L'aspect religieux est extrêmement présent et, à l'instar de Noé par exemple, il est virulemment critiqué par les différentes nations religieuses sur les tables de loi et les dix plaies d'Egypte. Pourtant, malgré les écrits ont formés la légende et celle-ci perdure depuis des siècles. La version évoquée là est contestable sous réserve que l'on soit croyant ou connaisseur de l'Ancien Testament et des mythes contés au fil du temps... Si on reste néophyte ou cinéphile, on apprécie le choix du casting et les applications des plaies d'Egypte dont les eaux du fleuve changées en sang, les sauterelles, les furoncles ou les morts des premiers nés par exemple. 

Certes, la légende veut que Moïse ouvrit la mer avec un bâton et non un glaive. Le mythe veut que Moïse ait reçu les instructions par l'intermédiaire de voix. Ici, Scott fait passer le message par la présence d'un enfant. Il s'attache principalement à offrir un décor égyptien aussi sublime que tentant. Il y présente la richesse des palais et la pauvreté dans laquelle les esclaves étaient confrontées pour construire les palaces de leur roi. Le film n'apporte qu'une espèce de mise à jour des effets spéciaux par rapport au film d'antan. Il modifie l'Histoire telle qu'elle a été contée depuis des siècles et offre à son casting, un film biblique à polémique. 

Côté casting, Christian Bale est, comme toujours, parfait dans son rôle. Humble, altruiste et sérieux, il offre une énième prestation excellente dans laquelle il joue un Moïse convaincant. L'acteur s'est préparé à être Moïse et a travaillé son personnage par rapport aux écrits d'antan. Quant à Joel Edgerton, l'acteur est méconnaissable dans son rôle de Ramsès. A l'instar de bons nombres de films, je comprends la réaction des acteurs métisses qui auraient pu prétendre à un rôle de ce type. Toutefois, il est, dans l'ensemble, parfait dans son rôle ; malgré un léger sur jeu. Ben Kingsley, un ancien Moïse dans le téléfilm de Roger Young avec Frank Langella et Christopher Lee, est toujours aussi bon dans les rôles de composition. Reste l'énigme Sigourney Weaver. Son rôle est anecdotique, elle marque surtout sa troisième participation au côté du réalisateur, après Alien et 1492. 

Exodus n'est pas le film de cette année à mes yeux. Il a d'excellents ingrédients mais la recette ne prend pas. Ridley Scott propose une vision de ce passage légendaire dans lequel l'ancien testament puise ces plus belles légendes. Je pense que, comme depuis quelques films, j'attends trop, des films de Ridley Scott... Je reste sous le charme d'Alien, de 1492, de la Chute du faucon noir ou de Gladiator ; et ceux-ci sont tellement supérieurs à celui-ci. Le temps des péplum me semble révolu et l'histoire de Ramsès et Moïse a déjà été adaptée à plusieurs reprises sans apporter un réel plus. Seule, ici, l'Histoire, semble avoir été l'enjeu du réalisateur. Il offre sa vision du mythe. A l'instar de Noé et films touchant à la religion, il subit les frondes et les interdictions de diffusion dans certains pays.

Vu le 26 décembre, au Pathé Conflans.

Note de Marty: