Une merveilleuse histoire du temps

Une merveilleuse histoire du temps
Titre original:Une merveilleuse histoire du temps
Réalisateur:James Marsh
Sortie:Cinéma
Durée:124 minutes
Date:21 janvier 2015
Note:

En 1963, le jeune étudiant Stephen Hawking prépare son doctorat en cosmologie à la prestigieuse université de Cambridge. Alors qu’il est encore à la recherche de son sujet de thèse, il fait la rencontre de Jane, une étudiante en lettres qui a des convictions plus religieuses que lui à l’égard de l’origine du monde. C’est néanmoins le coup de foudre entre eux. Leur amour sera mise à rude épreuve, lorsque Stephen apprend qu’il est atteint d’une maladie de dystrophie neuromusculaire et qu’il ne lui restera que deux ans à vivre.

Critique de Tootpadu

L’astrophysique est une science si abstraite, qu’il aura fallu quelqu’un comme Stephen Hawking pour la rendre accessible au plus grand nombre de personnes. Il est peu probable que le raisonnement sophistiqué de ses théories soit pleinement compréhensible pour le commun des mortels. Et pourtant, son parcours personnel, marqué par la maladie, l’a rendu intéressant aux yeux d’un public, qui préfère le combat courageux d’un homme aux étincelles de sa pensée hautement complexe. C’est précisément à ce type de spectateur, féru de mélodrame et circonspect envers l’effort intellectuel, que s’adresse Une merveilleuse histoire du temps, au titre français encore plus édifiant et moins théorique que l’original. Un formidable appât à récompenses, il ne vous apprendra pas grand-chose sur les rouages des maths de niveau supérieur, qui nous permettront peut-être un jour de mieux comprendre le pourquoi du comment de notre existence sur Terre, mais il évoque avec une certaine franchise émotionnelle le tracé d’une vie doublement impressionnante.

Surtout au début du film, la mise en scène de James Marsh se démarque par une vigueur qui ne laisse guère de place à l’attendrissement. Alors que la maladie de Charcot gangrène progressivement le corps de Hawking, cette épreuve dépourvue d’une issue heureuse le freine à peine dans son ascension professionnelle et privée. Le fil ténu entre le récit édifiant et l’hymne tendancieux à l’honneur de la résistance contre le handicap y est scrupuleusement respecté, aussi parce que cette incapacité physique ne semble jamais occuper le centre des préoccupations scénaristiques. Ces dernières visent davantage la belle histoire d’amour entre Hawking et sa femme, deux individus à la philosophie de vie diamétralement opposée, qui ont pourtant formé pendant longtemps un couple soudé. L’arrivée de l’infirmité a certes changé le déroulement de leur quotidien, mais en même temps, la dégénérescence physique n’y est à aucun moment le prétexte pour des jérémiades sans fin. Ainsi, chaque séquence maladroite de dégringolade en termes de perte d’autonomie, comme la tentative avortée de Hawking de remonter l’escalier par ses propres moyens sous les yeux de son jeune fils ou le montage parallèle plutôt lourd autour de la visite de l’opéra à Bordeaux, est contrebalancée par des moments d’une force de caractère exceptionnelle, le plus souvent initiés par Jane, telle la présentation du premier fauteuil roulant.

Car malgré l’interprétation appliquée de Eddie Redmayne dans le rôle de Stephen Hawking, c’est le point de vue de sa femme qui prévaut. Rien d’étonnant à cela, puisque le scénario est une adaptation de ses mémoires. Cette perspective féminine a cependant tendance à trop accentuer le côté mélodramatique de la vie du génie à la voix métallique du traducteur automatique. Les infidélités supposées ou assumées des uns et des autres y occupent par conséquent une place plus importante que les revirements spectaculaires au fil des travaux théoriques du scientifique. De même, l’aspect formel du film se complaît dans une esthétique soignée, qui témoigne certes du savoir-faire de l’équipe derrière la caméra – y compris la bande originale de Johann Johannsson qui singe avec un empressement exagéré le style de Alexandre Desplat –, mais qui prend à peine le temps de réellement rendre compte des aspects plus déplaisants de la vie avec une maladie, en aucun cas aussi bénigne et joyeuse que le récent phénomène du seau d’eau glacée le laissait supposer.

En somme, cette biographie filmique ne déroge à aucune règle du genre, en les énumérant sérieusement et avec une conviction pas sans mérite. Il lui manque par contre cette petite part de personnalité, artistique ou humaine, qui la distinguerait durablement des centaines d’autres histoires semblables d’abnégation et de victoire contre des obstacles en apparence infranchissables.

 

Vu le 1er décembre 2014, à la Salle Pathé François 1er, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Balrog

Le réalisateur britannique James Marsh compte pas moins de six films documentaires (dont « Le Funambule » en 2008 et « Le Projet Nim » en 2011) et cinq fictions (dont le film notable « Shadow Dancer » sorti en 2012 et récompensé par le « Hitchcock d’Or » et le « Prix du Public Studio Ciné Live » la même année). Le choix de James Marsh est plutôt surprenant. Le réalisateur britannique adapte les mémoires de Jane Hawking au lieu de se focaliser sur une fiction et de dresser un portrait sur Stephen Hawking et les "mystères de l'univers". Certes, le Professeur Hawking est l’un des plus brillants physiciens que le 20e siècle ait vu naître. Et, comprendre l’ensemble de ses théories sur l’univers serait un véritable challenge tant il est difficile pour le commun des mortels de comprendre l’étendue de ses réflexions. Mais la vulgarisation scientifique de son ouvrage « Une brève histoire du temps » a permis au public d’aborder la cosmologie de façon plus digeste.

Pour la première partie du film James Marsh dresse le portrait d’un jeune prodige universitaire. Le réalisateur se focalise sur un personnage intriguant, fasciné par la science et prêt à titiller les neurones frémissantes du spectateur. On découvre petit à petit les prémices des ses théories sur le commencement de l’univers et un besoin viscérale d’en savoir plus se fait vite ressentir. Les spectateurs haletants et curieux d’en apprendre d’avantage sur les travaux du professeur Hawking devront se contenter de quelques explications triées à la volée car l’histoire emprunte un tout autre chemin. C’est aussi le point de départ de sa maladie incurable : une dystrophie neuromusculaire qui l’affaiblit et le ronge progressivement. Bien qu’il soit au cœur de l’histoire, l’handicap sévère et disgracieux du professeur Hawking n’est pas une préoccupation majeure pour James Marsh.

Stephen Hawking est au centre de l’histoire tel un noyau atomique autour duquel sa femme (interprétée par la très prometteuse Felicity Jones) immortalise l’énergie incroyablement puissante que procure l’amour. Cette passion dévorante devient le vecteur principal de l’histoire et l’amour impose une image forte qui prédomine sur la maladie. L’amour n’a pas de frontière et à ce niveau du film, il est légitime d’accorder du crédit à cette directive artistique. James Marsh évite le politiquement correct et les mièvreries habituelles qui auraient pu s’ensuivre. On découvre le personnage de Stephen Hawking à travers le regard passionné de sa femme Jane Hawking. Le spectateur découvre le courage d’un homme qui s’est battu (et se bat encore aujourd’hui) avec une force incommensurable digne des lois physiques qui régissent notre existence terrestre.

James Marsh réussi quelques peu à rétablir l’idée un peu bancale du départ. Retenons l’interprétation extrêmement bien portée et assumée par l’acteur Eddie Redmayne (Elizabeth, l’âge d’or – 2007, Black Death – 2010) qui permet de dissoudre l’aspect un peu empathique qui se dégage du scénario. Il incarne sans compromis et de manière viscérale le personnage de Stephen Hawking avec une telle authenticité et un tel mimétisme que l’acteur mérite la plus haute considération et le respect du public. Et ce n’est pas voler, car l’acteur a travaillé en amont (perte de kilos, entraînements drastiques pour distordre son corps). Un véritable travail de composition qui a porté ses fruits car l’acteur a reçu le Golden Globes 2015 dans la catégorie « Meilleur acteur dans un film dramatique ».

Une merveilleuse histoire du temps manque de précisions et évince l’aspect scientifique du personnage. Certaines scènes un peu dithyrambiques manquent parfois de recul, mais on découvre un être humain confronté aux tumultes sentimentaux et physiques. La passion et le courage teinté d’une douce ironie remportent sur l’aspect mélodramatique parfois présent.

Vu dans les locaux d’Universal, le 13 janvier 2015, en VO

Note de Balrog:

Critique de Marty

Le 22 février 2015, la planète cinéma vibre avec les remises des Oscars, les plus prestigieuses statuettes remises par l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences aux acteurs, actrices, directeurs et autres membres des tournages des films ayant marqués l'année. Alors que les annonces d'Oscar fleurissent pour le film Birdman d'Alejandro González Iñárritu ; meilleur film, meilleur scénario, meilleur réalisateur, meilleure photographie ; on attend impatiemment celui de meilleur acteur. La caméra se spite pour dévoiler le visage crispé des cinq nommés Steve Carrel pour Foxcatcher, Bradley Cooper pour American Sniper, Benedict Cumberbatch pour Imitation Game, Michael Keaton pour Birdman et Eddie Redmayne pour Une merveilleuse histoire du temps. Alors que l'annonce se fait, Michael Keaton se lève tout joyeux avec son discours en mains, avant de prendre conscience qu'il n'est pas le gagnant (et de s'offrir une belle honte mondiale), puisque c'est le jeune acteur britannique, Eddie Redmayne, qui l'emporte, pour son interprétation d'un des plus grands Génies (avec le grand G !) de notre ère.

Stephen Hawking est un génie, cela ne fait aucun doute. Ses théories sur la relativité, les trous noirs, les trous de verres et son intelligence en font une des plus grandes références de l'Histoire à l'instar de Galilée ou Enstein. Un homme au destin brisé, né en 1942, à qui on annonce à l'âge de la vingtaine, qu'il est condamné à une maladie dégénérative, la dystrophie musculaire. Son espérance de vie est de deux ans... Nous sommes en 2015, et le génie est toujours là ! Il s'est battu pour devenir ce qu'il est, un astrophysicien de talent privé de ses membres, privé de sa voix mais pas privé de son incroyable cerveau. Le génie est l'une des attractions phares de la série Big Bang Theory où il fait de nombreuses apparitions distinguées.

Eddie Redmayne campe donc avec brio cet handicapé en ayant du apprendre la difficulté de vivre avec la dystrophie musculaire, la paralysie des membres et la perte de sa voix. Un combat pour un acteur que l'on avait vu dans Raisons d'état de Robert De Niro, dans Savage Grace avec Julianne Moore, Elizabeth avec Cate Blanchett, The Yellow Handkerchief avec Kristen Stewart (découvert à Deauville en 2008), Deux sœurs pour un roi avec Natalie Portman et Scarlett Johansson, sans oublier My Week with Marilyn avec Michelle Williams et Les Misérables avec Hugh Jackman, Russell Crowe et Anne Hathaway. Un de ces acteurs de l'ombre au talent monstre ; qui explose du jour au lendemain pour illuminer un film et devenir une référence ; et pour le coup, un Oscar tellement mérité !

L'histoire du film relate l'existence de l'astrophysicien et le réalisateur, James Marsh (Shadow Dancer avec Clive Owen et Gillian Anderson), a composé son casting pour être plus proche du passé d'Hawking, en tablant sur Felicity Jones (The Amazing Spider-Man: Le destin d'un héros), David Thewlis (Harry Potter), Emily Watson (Equilibrium), Simon McBurney (attendu dans Mission Impossible 5) et ... Frank Leboeuf ..., le footballeur français, champion du Monde 98. Un casting éclectique pour un film fort qui dévoile la vie d'un des plus grands génies de notre histoire et qui dévoile aussi l'atrocité d'une maladie, la dystrophie musculaire.

Eddie Redmayne et Une merveilleuse histoire du temps est un film à voir pour la culture et pour l'Histoire d'un très grand génie de notre ère. Les recherches d'Hawking ont marquées, marquent et marqueront les décennies à venir. Puisse son talent et son courage continuer à offrir un tel apport pour notre humanité. James Marsh réalise un film en guise d'hommage à l'Homme et son dévouement pour les sciences et son attachement à la vie. Un sacré coup de cœur et un sacré coup de chapeau à Eddie Redmayne pour son interprétation si proche de celle qu'on voit dans la série culte où Sheldon Cooper officie.

Vu le 4 avril, vol international United Airlines en version française

Note de Marty: