Men, Women & Children

Men, Women & Children
Titre original:Men, Women & Children
Réalisateur:Jason Reitman
Sortie:Cinéma
Durée:119 minutes
Date:10 décembre 2014
Note:

Men, Women & Children brosse le portrait de lycéens leurs rapports, leurs modes de communication, l’image qu’ils ont d’eux-mêmes et leur vie amoureuse. Le film aborde ainsi plusieurs enjeux sociétaux, comme la culture des jeux vidéo, l’anorexie, l’infidélité, la course à la célébrité et la prolifération de contenus illicites sur Internet. Tandis que les personnages s’engagent dans des trajectoires, dont l’issue est parfois heureuse et parfois tragique, il est désormais évident que personne ne peut rester insensible à ce bouleversement culturel qui déferle sur nos téléphones, nos tablettes et nos ordinateurs.

Critique de Mulder

“ I'm equally guilty of using technology - I Twitter, I text people, I chat. But I think there's something strangely insidious about it that it makes us think we're closer when in fact we're not seeing each other, we're not connecting. “ (Je suis également coupable du fait de me servir de la technologie – je twitte, j’envoie des sms, je discute en ligne. Mais je pense qu’il y a quelque chose d’insidieusement étrange à propos de cela c’est que la technologie nous fait croire que nous sommes proches mais en réalité, nous ne nous voyons pas, nous ne sommes pas connectés) - Jason Reitman

Jason Reitman est sûrement l’un des jeunes réalisateurs les plus surdoués de sa génération. Il aurait pu prendre le chemin de réalisateurs de comédies hollywoodiennes dont son nom le prédestinait mais au contraire, il préfère s’orienter vers un cinéma indépendant, un cinéma vérité propice à la réflexion. En seulement six films, il réussit à dresser un portrait criant de vérité de l’Amérique actuelle. Dès son premier film, l’excellent Thank you for smoking (2005), il nous présentait un lobbyiste voyageant à travers le pays pour defendre une société de tabac. Son second film Juno le consacrait en réalisateur incontournable et imposait aussi Ellen Page comme comédienne et Diablo Cody comme scénariste émérite. Les thèmes chers à ce réalisateur, le voyage, l’apprentissage de la vie, la famille et l’envers du décor américain étaient également présents dans les films In The Air (2009), Last days of Summer (2013) et dans son nouveau film. A bien regarder sa filmographie, on sent une réelle volonté du réalisateur et scénariste de mélanger des comédiens professionnels avec d’autres ayant une moins grande expérience. Dans Young Adult (2012), Charlize Theron donnait le change aussi bien avec Patrick Wilson que Collette Wolfe, Jill Eikenberry et Richard Bekins. Son nouveau film ne déroge pas à cette règle et donne ainsi aux comédiens confirmés des seconds rôles importants. Dans les rôles secondaires des parents, Jennifer Garner
(Patricia Beltmeyer) mère trop protectrice, Adam Sandler (Don Truby) père obsédé par les vidéos sur Youporn de l’‘ex-comédienne Tori Black, Judy Greer (Donna Clint) sont autant de parents perturbés que des parents n’arrivant plus à communiquer avec leurs enfants.

Faire un film sur les relations humaines entre parents, entre parents et leurs enfants et entre une jeunesse en perte de repères n’était pas chose facile. Pourtant une nouvelle fois, le co-réalisateur (avec Erin Cressida Wilson) et réalisateur réussissentt à relever le défi et nous livrent un film aussi simple que poignant. En voyant ce film on repense à l’excellent Magnolia de Paul Thomas Anderson, le film nous présente des destins tragiques, des douleurs morales, des rêves brisés. Le film aurait pu être lent et vidé de sens s’il avait été réalisé par un autre réalisateur. Le talent de conteur de Jason Reitman n’est plus à démontrer. Son film non seulement aborde les réseaux sociaux faisant intégralement partis de nos vies actuelles mais également traite de sujets familiaux (l’infidélité..). Le film met également l’accent sur ces périphériques modernes de communication (téléphone, tablettes, ordinateurs). Nous sommes donc comme le montre ce film plus enclin à communiquer sur ces réseaux sociaux que de manière réelle.

En passant après l’excellent film de Spike Jonze, Her, traitant de la relation d’un homme avec son téléphone (ayant la voix de Scarlett Johansson ), le réalisateur évite la redite et oriente son film vers une étude sociologique d’une société post 11 septembre. Ce que le film gagne en consistance, il le perd en originalité. En donnant un rôle sérieux à Adam Sandler il remporte notre adhésion complète et surtout montre que le cinéma indépendant est une terre fertile et de plus en plus usité par des comédiens en quête de rôles intéressants et originaux. Pour ces raisons, nous ne pouvons que vous encourager à découvrir le nouveau film de Jason Reitman.

Vu le 2 Décembre à la salle 5 MK2 Bibliothèque, en VO

Note de Mulder: